Après toute l’euphorie derrière ce film, notamment grâce à celle par qui le buzz arriva, Lupita Nyong’o, j’ai pris mon temps avant de regarder le film. Le but ici n’est pas de dire si le film est bon ou pas, mais plutôt les points que j’ai trouvé intéressants et ceux qui je pense auraient pu être mieux traités.
****SPOILER ALERT : L’ARTICLE SUIVANT RÉVÈLE DES PASSAGES DE L’INTRIGUE.****
Si vous avez encore besoin du Synopsis, 12 years a slave c’est l’histoire d’un homme noir libre Solomon Northup violoniste vivant dans l’État de New York avec sa femme et ses enfants. En 1841, il fait la rencontre de deux hommes blancs qui se présentent comme artistes à la tête d’un spectacle itinérant et à la recherche d’une personne avec certains talents pour intégrer le spectacle pour quelques dates. Ces hommes finiront par être les ravisseurs de Solomon, qui le vendront comme esclave sans qu’il ne puisse dire adieu à sa famille. Le reste du film est donc le récit de ce qui se passe durant ses 12 années.
1841, date de l’enlèvement de Solomon. Date marquante. Pourquoi ? Parce que 1841, c’est seulement 173 ans derrière nous. Certes 173 ans ce n’est pas l’année dernière, mais vu l’histoire du monde, 173 ans ce n’est pas grand-chose. Mais il faut aussi comprendre par là qu’il y a encore 173 ans, des hommes et des femmes étaient encore réduits en esclavage de manière massive comme du vulgaire bétail. Quand on lit l’histoire et le concept de l’esclavage dans les livres ça nous semble si lointain, car, que de chemins parcourus par l’Homme noir. Même si tous les problèmes ne sont pas encore résolus, bien évidemment.
Donc en 1841, Solomon est enlevé pour être réduit en esclavage. Mais avant ça, Solomon est libre ; bah oui forcément, c’est logique. Ce que j’aurais aimé de la part du réalisateur c’est nous expliquer un peu plus en profondeur, pourquoi dans le même pays, certains Noirs sont libres et peuvent être propriétaires de leur maison et pourquoi d’autres sont esclaves et ne sont que les propriétés de leurs maîtres. Oui, si on connaît un peu l’histoire des Afro-Américains on sait pourquoi, mais je trouve que quand on aborde un sujet tel, il peut être intéressant de rappeler quelques faits historiques surtout quand on sait qu’on va toucher un large public, ce n’est jamais mal d’apporter un peu de culture à tous. Puis un Noir à cette époque qui joue du violon quand beaucoup sont encore analphabètes, ça aurait été intéressant de savoir dans quelles conditions il a appris à jouer de cet instrument.
Concernant ses ravisseurs, on ne sait pas pourquoi c’est lui qu’ils ont choisi d’enlever parmi tous les noirs de la ville. On voit qu’il est présenté à eux par un monsieur qui connaît ses talents de violoniste. On peut donc de se demander si c’est par jalousie qu’il est enlevé ou juste un mauvais coup du destin. À la suite à cette disparition quelle est la réaction des membres de sa famille et des dernières personnes à l’avoir vu ? Comment est gérée cette disparition ? Est-ce que ce monsieur qui l’a vu en dernier le signal ou s’en fout et se dit « c’est juste un Noir qui disparaît, qui va s’en soucier » ? Après on peut se dire que si le réalisateur n’en parle pas c’est sans doute parce ce qu’il n’avait pas plus d’informations.
Pendant qu’il est conditionné à oublier son statut d’homme libre, il fait la rencontre d’une mère et de ses deux enfants, dont une fille métisse. Au moment de la vente des esclaves, on voit comment les vendeurs n’hésitaient pas à séparer les familles s’ils estimaient que ça pouvait rapporter plus d’argent. La théorie du pourquoi vendre en gros, si c’est plus rentable de vendre en détail ? On voit que la valeur de l’enfant métissé est plus forte que celle des autres Noirs. On attend même qu’elle grandisse comme une bête de concours pour la vendre au prix fort. Comme quoi déjà à l’époque, la peau métissée avait « sa valeur », ce qui peut donner un début de réponse au pourquoi certains recherchent le métissage à la torche sans pouvoir l’expliquer.
Autre évènement marquant, quand Solomon est vendu. Il travaille dans les champs et un jour, sur la route avec les autres esclaves, ils rencontrent des « Amérindiens ». Il est intéressant de voir la réaction de deux peuples opprimés par les Blancs quand ils se rencontrent. Puis dans le même temps, ça rappelle que les Noirs n’étaient pas les seuls persécutés aux États-Unis à cette époque.
Quand on a connu la liberté, il est difficile de toujours accepter d’être oppressé sans rien dire, même si à chaque opposition on risque sa vie, mais sur ce point je trouve que Solomon est très « chanceux ». Certains se retrouvaient avec un membre en moins en étant moins rebelles.
Crédit photos : 12 years a slaveAvec ses multiples déboires, Solomon finit par être « refourgué » chez un autre maître beaucoup plus dur. La première scène se passe devant la maison du nouveau maître, c’est le jour du sermon donné par le maître. Précédemment dans le film on avait vu la présence de la religion, et là on voit comment cette dernière est utilisée pour garder les esclaves sous contrôle. On profite du fait que l’esclave ne sache pas lire pour lui dire que s’il est dans cette condition, c’est la volonté de Dieu et il n’est pas bon de se rebeller sinon on devra subir une punition divine. On retrouve une scène similaire dans le film « case départ » et ça montre une des raisons pour lesquels il n’était pas bon pour un esclave de savoir lire ou écrire ou de le montrer.
C’est ainsi, sur les terres de ce nouveau maître que Solomon, avec pour nom d’esclave « Platt », fera la rencontre de « Patsey » interprété par Lupita Nyongo’o. N’ayant pas lu le livre je ne sais pas si ce personnage y figure. En tout cas, Patsey dans le film est une jeune esclave ramasseuse de coton. Quand on demande aux autres esclaves de ramasser 90 kg de coton s’ils ne veulent pas être fouettés, elle en ramasse plus de 220 kg.
Personnellement, je n’ai pas trouvé l’interprétation de Lupita si grandiose au point d’obtenir un oscar pour un second rôle. C’est surtout ce que son personnage représente qui est fort. Mais la question est : doit-on récompenser une actrice pour son interprétation ou ce que représente son personnage en lui-même, indépendamment de l’interprétation ?
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