Afro Inspiration : Wadji Boukari, Fondatrice de Now Playing Magazine

3500

Nous sommes allés à la rencontre de Wadji Boukari, une travailleuse passionnée qui nous ouvre les portes de son univers.  Découvrez le Diasportrait de Wadji la fondatrice de Now Playing Magazine.

Bonjour Wadji, peux-tu te présenter pour nos lecteurs ?

Bonjour,  je m’appelle Wadji, plus tout jeune mais pas encore trentenaire. J’ai fondé le webzine Now Playing Magazine. Je suis née à Lomé et j’ai majoritairement grandi à Abidjan. J’ai un master en Médias et communication et un en langues étrangères appliquées.

Tu es la fondatrice de Now Playing Mag, qu’est-ce que c’est au juste ?

Now Playing Mag est un webzine et un magazine numérique autour de la musique. On y retrouve des interviews, des chroniques mais surtout des découvertes et coups de cœur aussi bien rap, que rock ou encore Jazz et musiques du monde.

Now Playing Mag

Comment en as-tu eu l’idée ?

J’aime la musique, plus précisément presque toutes les musiques. Avant, j’avais un blog uniquement orienté Soul et je me suis rendue compte que d’une part, dans la vie ou sur les réseaux sociaux, je ne parlais pas que de Soul mais aussi que de manière générale dans le paysage médias en ligne en France, il m’était difficile de trouver un média qui réunissent tous les genres qui m’intéressent ou du moins une très grande partie de ces genres. J’ai donc décidé de réunir quelques personnes avec des affinités musicales variées pour créer une plateforme qui servirait de carrefour entre toutes les musiques.

Qu’est ce qui fait la spécifité de NPM ?

La spécificité de Now Playing est la diversité des genres et artistes qu’on y retrouve. De Sidi Touré à Alice Russell, Gilles Peterson, Corneille, Emeli Sandé, Dom Kennedy,  Foster The People,  Bachar Mar Khalife, Miguel ou Disclosure, nous les avons tous rencontré. NPM se veut comme une plateforme où tout amateur de musique avec un grand M se retrouve. Je ne crois pas ou du moins n’espère pas qu’une personne ne puisse écouter qu’un seul genre de musique sans s’intéresser à ce qui se passe juste à côté. Si c’est le cas, c’est dommage. Tout ne plait pas à tout le monde mais il y a assez de diversité pour pouvoir s’intéresser et apprécier d’autres genres.

Décris-nous basiquement une journée dans la peau de Wadji.

Je dirais que les jours se suivent, ne se ressemblent pas et semblent plus courts à chaque fois. En dehors de NPM, j’ai un « vrai » travail en tant que Community manager et RP. Mais je tiens aussi un blog et j’ai d’autres activités. Du coup, ça demande des journées un peu particulières. Généralement, c’est un réveil entre 7h et 7h30. Ensuite je passe en revue toutes mes différentes adresses mails au cas où une urgence se serait présentée. Je vérifie qu’il n’y a aucun souci technique sur le site de NPM. Je vérifie les différents réseaux  sociaux dont je m’occupe. Puis direction le boulot où de 9h à 19 h en moyenne, je jongle entre activités professionnelles, NPM et toutes mes autres activités. Ça peut être suivi ou entrecoupés d’interviews, de concerts, de rendez-vous pros, de conférences de presse. En résumé, je crois qu’une vraie journée « active » chez Wadji commence à 7 heures et se termine entre 2 et 3 heures du matin. Cela demande de l’organisation, de la patience, une vie sociale un peu plus réduite et du Guronsan.

 Wadji Photo

Comment se porte le magazine aujourd’hui ? Et surtout comment vois-tu son évolution dans les prochaines années (3-5 ans) ?

Je dirais que le magazine se porte bien. Certains projets sont en cours, de beaux partenariats se profilent. J’avais besoin de développer certains pôles, certains genres et c’est en train de prendre forme. J’ai beaucoup d’affection, de respect mais aussi de reconnaissance pour l’équipe de passionnés qui m’accompagne et sans qui beaucoup de choses n’auraient pas été possibles. L’ambition première que j’ai pour le magazine est qu’il devienne une plateforme incontournable, un réflexe pour les curieux en quête de découvertes sonores de presque tous les bords. Aussi, on me pose souvent la question d’une évolution vers le format papier. Le sujet a été abordé et est toujours en réflexion. On verra ce que l’avenir nous réserve.

Est-ce que tu as eu à faire face à des difficultés dans le cadre de tes activités ? Si oui lesquelles ?

Plusieurs difficultés se sont posées et se posent toujours. Tout d’abord, il y a le fait de mener de front plusieurs activités. Les journées ne font malheureusement pas encore 36 heures et il faut très souvent se résoudre à abandonner une idée ou un projet par manque de temps ou de disponibilité. Ensuite, par rapport à NPM, j’ai souvent dû faire face à des personnes pour qui un media web n’a pas d’importance. Même si cela change heureusement, jusqu’à il n’y a pas longtemps, lorsque l’on répondait « non, nous ne sommes pas un magazine papier mais numérique », on pouvait s’attendre à ne plus avoir de réponses de notre interlocuteur ou du moins une réponse négative. J’ai plein d’anecdotes plus ou moins sympathiques autour de cela d’ailleurs. La difficulté est d’arriver à se faire voir comme un média sérieux avec une équipe d’une vingtaine de personnes sérieuses et passionnées. L’inconvénient du web est que les acteurs se multiplient, il faut apporter quelque chose de différent. Qualitativement. Une plus-value. C’est un travail constant. Et c’est le jeu. On accepte de jouer, on revoit son mode de fonctionnement, on s’adapte. Après la mise en ligne de notre dernier numéro, nous avons fait une pause, recentrer la ligne éditoriale, repenser le modèle et retravailler quelques points pour le retour très prochain d’une nouvelle formule toujours numérique et toujours gratuite. C’est aussi cela l’avantage des difficultés, ça permet d’évoluer.

On peut dire que tu as fait de ta passion un métier alors ? Ou devrais-je dire de tes passions des métiers ?

On peut dire ça en effet. Même si je fais très attention à ce que cela reste des passions avant tout. Ma plus grande crainte à ce sujet est que le côté « métier » prenne le pas sur la passion. Que cela devienne mécanique ou pour l’appât du gain, de la reconnaissance ou des clics. Ma première passion, c’est la musique. J’aime la partager, j’aime en parler. Que ce soit de Kool A, un chanteur Franco Rwandais qui vit à Bordeaux ou du dernier clip de Drake. Du coup, je ne le vois pas vraiment comme un métier, plus comme une passion ou plutôt comme un bébé que je chéris. J’ai aussi la chance de travailler dans un milieu qui me passionne : la gastronomie. En fait, je crois que j’ai besoin de passion pour me lancer dans un projet.

Wadji-Menu Now PLaying Mag

Tu es connue pour être quelqu’un d’engagée et émotionnelle. Est-ce ce qui t’a poussé à faire du bénévolat ?

Moi, émotionnelle ? Non, c’est un euphémisme. En effet, je pense qu’il y a peu de personnes qui pleurent autant que moi. Plus sérieusement, c’est drôle, peu de gens savent pour l’aspect bénévolat. Je fais du bénévolat à la Croix Rouge Française. J’aide sur la communication, les réseaux sociaux mais je participe aussi à la quête et aux maraudes. Une maraude, c’est le passage de la Croix-Rouge dans les endroits, les rues où vivent les personnes défavorisées majoritairement les sans-abris pour leur porter assistance ou du moins du réconfort.  Je ne sais pas trop comment répondre à cette question en fait. Je pense que oui. Je ne sais pas. En fait, je n’y ai pas vraiment réfléchi avant de le faire. Je ne pense pas faire quelque chose d’exceptionnel mais je sais que rien ne fait autant de bien qu’une main tendue à une personne désespérée ou dans le besoin. C’est ce que j’essaie de faire à mon niveau.

Et si nous te disions que tu inspires beaucoup de jeunes de par ta disponibilité, ta culture et la passion et l’engagement que tu as pour ton travail ?

D’abord, je rougirais. Non, je suis noire, je deviendrais violette. Ensuite. Et bien ensuite, je ne sais pas quoi dire, je ne le savais pas, ça me touche beaucoup. Vraiment beaucoup. On en revient au côté émotionnelle haha. J’ai un peu de mal à me voir comme quelqu’un qui inspire, je ne fais juste que ce je sais faire. Si c’est le cas, je m’en réjouis.

Supposons qu’un jeune te sollicite pour des conseils en management, que lui répondrais-tu ?

Je ne pourrais me fonder que sur ma propre expérience. Je dirais en tout premier, être passionné. Car quand les obstacles s’accumuleront, la seule chose qui te fera te lever de ton lit et repartir au front, c’est la passion. Il faut aussi savoir bien s’entourer. Rien ne vaut une vraie équipe soudée et comme dit le dicton « Seul on avance plus vite, ensemble nous avançons plus loin ». Ensuite, savoir se remettre en question. Enfin, je dirais, un rêve est un rêve, une projection parfaite et utopique de ce que l’on souhaite obtenir. La réalité est tout autre. Il ne faut pas avoir peur de modifier ce rêve et de l’adapter à la réalité.

Parlons du courrier des lecteurs, ils peuvent nous faire sourire, pleurer,  et nous énerver souvent. Alors, te souviens-tu d’un message qui t’aurait fait :

  •  Rire à n’en plus finir : Hum, ce n’est pas vraiment un courrier des lecteurs, c’était la candidature d’un rédacteur qui fait désormais partie de l’équipe, Kévin. Rien qu’en y repensant, j’en rigole encore. Un vrai showman.
  • Verser une larme : Il y’avait cette jeune fille, Laure, qui a gagné via Now Playing un concours pour suivre son chanteur préféré Gaël Faure aux Francofolies pendant 2 jours. A son retour des Francos, elle m’a envoyé un mail de remerciement. Je crois que c’est le mail le plus touchant, sincère et empli de bonheur que j’ai reçu. Cela fait 4 mois mais jusqu’à présent, quand je suis à ça de la remise en question, je le relis.
  • Halluciner quant à l’objet du message : Là, comme ça je ne vois pas. Mais dès qu’il y’en a un, je vous avertis.
  • Sortir de tes gongs : Les mails des fans hardcore plein d’insultes parce que la critique parue sur le dernier album de leur idole ne leur a pas plu.

Si tu devais mourir demain et laisser un mot pour la jeunesse, quel en serait la teneur ?

Ne pas réussir ne veut pas dire avoir échoué. Cesser d’essayer, oui !

Maintenant 

  • Le truc qui ne te quitte jamais : mon téléphone
  • Le livre qui t’a le plus marqué : Veronika décide de mourir de Paulo Coelho.
  • Le caractère que tu ne supportes pas chez une personne : l’hypocrisie
  • Le pays africain que tu souhaiterais visiter : Ouh la, j’ai déjà bien roulé ma bosse en Afrique. Je ne connais pas du tout l’Afrique de l’est, je ferais bien au tour au Kenya ou en Tanzanie.
  • L’artiste africain que tu aimerais voir en concert : Je vais en donner plusieurs. D’Banj ou Davido. Sinon pour les rendez-vous manqués et pour lesquels je m’en veux tellement Angélique Kidjo ou Seun Kuti.

Pour finir, si je te dis Afro inspiration tu me réponds… ?

Je ne sais vraiment pas donner une réponse simple. Je dirais mon père. Oui, il n’est pas connu mais je lui dois tout. Ouvert d’esprit, jamais à court d’inspirations, toujours passionné et plein de projets. Mais j’ai aussi envie de dire Paola, Laura (Lire l’article Laura Eboa Songue et Paola Audrey Ndengue invitées de Alain Foka ) et Patrick, les fondateurs de Fashizblack. Pour avoir travaillé avec eux, ils sont une vraie source d’inspiration.

 


Pour aller plus loin :

Site web : http://www.nowplaying-mag.com/

Twitter : https://twitter.com/Wadjilicious

About : http://about.me/wadji