Afro Inspiration : Florent Vilmart de I Can Go Without

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Rencontre avec Florent Vilmart en marge du lancement officiel de l’application « I Can Go Without » au bar Le Cin5 : Le Paris de Montréal.



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Bonjour Florent, peux-tu te présenter rapidement pour nos lecteurs ?

Je suis d’origine française, et il y’a 5 années, je suis arrivé à Montréal. J’ai fait des études d’ingénierie dans le sud de la France dans une jolie petite ville qui s’appelle Alès pas très loin du bord de la mer. J’ai fait ma majeure en génie des systèmes d’information plus orienté entreprise ce qu’on appelle les T.I avec une mineure en création d’entreprises (business). À la suite de mes études, j’arrive à Montréal, en tant que jeune développeur complètement perdu dans la grande ville. Premier boulot. Ensuite un autre dans une startup dans laquelle je reste 3 ans. J’ai ensuite rencontré l’équipe d’I can go without. C’était les balbutiements du projet et il y’a eu un super bon fit entre eux et moi-même. On s’est rencontrés en sortie de boite de nuit (rires).

Dans le milieu de l’aide humanitaire, il existe beaucoup d’associations qui ont déjà leur mécanisme. D’où vient l’idée d’une application mobile pour récolter de l’argent ?

Cela part d’une idée toute bête. C’était la crise en Haïti à cette période-là. Paul et Scott se rencontraient autour d’un petit déjeuner et ils se disaient qu’ils aimeraient bien donner leur petit déjeuner à quelqu’un d’autre qui en aurait vraiment besoin. L’idée est partie de là  : de se dire que je peux aider mon prochain juste en me passant d’une chose relativement simple. Un café au Starbucks le matin, un lunch le midi plutôt que l’acheter au restaurant. Et c’est comme cela qu’est venue l’idée de mettre en relation un utilisateur qui a un certain niveau de vie et une personne dans le besoin.

Je me passe d’un café très bien, mais comment cela va bénéficier à quelqu’un ?

C’est pour cela que c’est devenu une application mobile. Notre rôle est de faire le lien. Le café il reste chez Starbucks, l’argent est dans ta poche. L’idée c’est de faire des partenariats avec des associations qui font vraiment la différence. Nous allons les choisir, les rencontrer et on va leur proposer une nouvelle façon de lever de l’argent pour des projets qu’elles supportent pour des causes auxquelles elles croient. Nous allons montrer les projets qu’un café peut faire et aussi combien de vies est-ce que ce café peut impacter. De façon très simple, tu peux te passer de ton café le matin et de ton lunch le midi. Une fois que tu as un certain montant de promesse de dons, on te propose de payer. L’intérêt de notre plateforme par rapport à une autre plateforme est que si le matin tu as entendu de la malaria et souhaite faire quelque chose au sujet de la malaria et que le lendemain ce sont les petits déjeuners du Canada qui t’intéresse, car les enfants défavorisés de ton quartier n’ont pas un bon petit déjeuner, tu vas pouvoir avec ton 20 dollars épargné le séparer en plusieurs organisations différentes. 

Au sujet des organisations avec lesquelles vous avez choisi de travailler avec CARE, Oxfam… Pourquoi travailler avec des si grandes organisations qui selon moi n’ont pas besoin de vous pour lever des fonds et pas plutôt des petites organisations ?

En fait nous faisons les deux. Notre stratégie d’approche du marché du don est que soit tu fais un don, car tu crois en une cause et, peu importe l’organisation, tu veux résoudre un grand problème. Ou alors tu fais un don parce que la cause est locale et les gens qui agissent pour la cause sont locaux. C’est pour cela que l’on va travailler aussi bien avec des grands noms comme Oxfam, mais aussi avec Moisson Montréal qui est une organisation ultra locale avec une toute petite base de donneurs.  L’idée est que l’on veut donner du choix à nos utilisateurs dans la façon dont ils donnent, peut-être leur faire découvrir d’autres organisations, de nouveaux intérêts. Nous souhaitons mettre les deux types d’organisations sur le même plan. Pour nous, ce n’est pas parce que tu t’appelles Oxfam que tu as plus de visibilité dans notre application.  Nous avons tous les niveaux de partenariats possibles.

Votre réseau de partenaires comprend combien de membres ?

Nous avons une dizaine de partenariats signés. On a un gros partenaire avec la Fondation du cancer du sein qui a son mois de conscientisation en octobre. Eux ont bénéficié d’un petit truc spécial dans l’application qui est à découvrir depuis le 1er octobre. Ils sont plus mis en avant que les autres, car nous avons décidé de marquer le coup, car c’est le mois du ruban rose.  C’est important de donner le choix. On veut casser le modèle qui consiste à se faire accrocher par quelqu’un dans la rue et puis au bout de 10 fois, tu en as marre, tu finis par donner tes informations et puis finalement ils te prennent 20 dollars par mois sans que tu saches où va ton argent. Quand tu veux annuler, tu te sens mal, car tu te dis que ce n’est que 20 dollars. Tu n’es ni conscientisé ni engagé. Nous ne voulons pas que tout le monde devienne des militants, mais il faut changer ce rapport.

Ce qui est intéressant au sujet de votre application, on sent la volonté d’une application conviviale et amusante. 

C’est vraiment ça ! Personnellement, je n’aime pas voir des gens exposés en Somalie qui meurent de faim. Je n’aime pas cette approche du don caritatif qui met la pression sur les donateurs « si tu ne fais rien, il va mourir ». Cela ne conscientise pas les gens. Cela les fait sentir responsable des malheurs qui se passent ailleurs dans le monde. Ce n’est pas du tout le message que nous souhaitons donner. Le message que l’on veut transmettre c’est qu’un tout petit changement dans ta vie pourra avoir un impact énorme ailleurs. On ne veut pas que tu te sentes mal. On ne veut pas que tu te sentes mal pour faire du bien. On veut que tu sentes bien quand tu fais du bien. On veut que tu réduises un peu ta consommation et que tu sois conscient de ce qui se passe autour de toi afin de te donner le choix d’agir et surtout que tu te sentes bien.

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Je me questionne sur la gamification. Est-ce que les gens se rendent compte qu’ils posent un geste pour « sauver le monde » ? 

Quand tu utilises l’application, tu restes très connecté à la cause. Si l’on reprend l’exemple du café, tu vas voir les causes qu’un café peut supporter et l’impact qu’il a sur une personne. Par exemple ton café pourrait donner de l’eau à un enfant pendant une semaine. On ne te déconnecte pas de la réalité, on veut juste te la montrer sur un filtre qui est plus brillant que le filtre qu’utilise beaucoup d’organisation. Nous souhaitons mettre l’emphase sur l’impact sur la personne dans le besoin.

L’application va être disponible où exactement ?

Pour l’instant c’est juste sur iPhone. On veut que ce soit fun et que les gens aient du choix. On veut une expérience exceptionnelle dans ta dynamique de don. Nous avons choisi iPhone dans un premier temps, car on peut véritablement faire une expérience magnifique pour nos utilisateurs. Une fois cela atteint, on s’étendra à d’autres plateformes. Pour l’instant, on veut s’assurer que l’on utilise au mieux nos ressources à l’intérieur d’I can go without pour délivrer la meilleure expérience possible.

L’application I can go without coutera combien ?

Elle est gratuite.

Vous êtes combien dans l’équipe I can go without ?

Nous sommes 5. Il y’a les trois membres fondateurs Paul (CEO), Scott (Business Development) et moi-même (développeur).  On a Josh le designer, artiste, animateur vidéo, homme à tout faire. Et Jihanne qui s’occupe de toutes nos communications social média et tout ce qui est fun autour de notre produit. Une petite équipe qui roule bien et qui est vraiment multidisciplinaire. Nous travaillons tous dans la même direction pour une expérience exceptionnelle auprès de l’utilisateur. 

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L’application est sortie quand ?

I can go without est disponible depuis le mois de juillet 2013. 

Comment allez-vous mesurer le succès de votre application ?

Pour l’instant, on essaie d’avoir le plus de feedback possible. Pour moi le succès important ce n’est pas nécessairement que tout le monde aille nous donner de l’argent, mais que les gens se conscientisent autour de cela.  Je m’attends à ce qu’ils donnent 100 dollars par mois. On va mesurer le succès à la façon dont les gens interagissent. Est-ce qu’ils aiment ce qu’on leur propose ? Ensuite, on reste une compagnie, on va trouver les moyens de créer des revenus. 

Autre chose qui a retenu mon attention dans l’application I can go without c’est aussi la commission très faible que vous prenez sur les dons.

En effet par rapport aux autres acteurs du marché, on prend 5.9 % des dons délivrés à l’organisation. On a choisi ce modèle-là, car il est simple et flexible. C’est une barrière à l’entrée très faible pour les organisations qui n’ont pas de barrières à l’entrée tant qu’on ne leur donne pas d’argent. Et puis c’est quand même en dessous des coûts d’acquisition normaux des dons.  Cela peut monter de 15 à 30 %. Donc quand tu sais que sur l’argent que les organisations lèvent 1/3 a servi à lever cet argent, tu t’interroges. Donc nous voulons proposer une façon efficace de lever l’argent. Dans mon monde idéal, 100 % des dons iront aux organisations
À nous de trouver d’autres modèles de revenus en tant que compagnie. Alors je te dirais qu’un facteur de succès serait la capacité de baisser le pourcentage que l’on prend sur chaque don.

Quels sont les autres défis que vous avez comme organisation ?

On a un agenda qui est pas mal chargé avec le ruban rose par exemple. On est en train d’acquérir des partenariats sur l’Amérique au complet. On va essayer d’en acquérir dans des grands pôles comme Vancouver, Toronto, New York, San Francisco, Boston pour continuer notre vision d’avoir du contenu national, international et aussi des organisations locales. Nos défis vont être sur notre croissance. On ne veut pas s’acoquiner avec une seule organisation qui nous couvre à l’international. On rêve d’aller en Europe où l’on se retrouverait avec une vingtaine de pays. Nous voulons être un peu partout dans le monde là où les gens ont le pouvoir de faire du bien. C’est l’un des grands défis que l’on doit surmonter.

Quels seraient tes conseils pour un jeune développeur ?

Comme Steve Jobs disait « Stay hungry, Stay Foolish ». En bon français, restez curieux et croquez ce que vous pouvez croquer. C’est vous qui faites vos opportunités. N’attendez pas que l’on vous tende la main. Vous avez la possibilité et le talent. Saisissez les opportunités ou créez-les. C’est comme ça que j’ai fait depuis que je suis sorti de l’école et que j’ai essayé d’avancer sur des projets qui me plaisent. Ma mère m’a dit lorsque j’étais adolescent que dans la vie je ne pourrais pas toujours faire ce que je veux. J’ai mis un point d’honneur à ne pas suivre ce conseil (rires). Pour les jeunes, ils doivent savoir qu’il y a des règles établies, mais elles sont là pour être cassées.

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3 questions pour mieux te connaitre. Quel est ton site préféré ?

good.iz une platform qui parle des bonnes initiatives.

Un pays en Afrique que tu n’as pas visité et que tu souhaiterais visiter ?

Ce n’est pas un pays, mais je souhaiterais faire le Maghreb. 

3 objets fétiches ?

Mon chapeau. Mon clip à cartes. Mon stylo. 

Un mot pour les lecteurs ?

Je vais rebondir sur ce que je te disais. Que tu sois développeur ou autre, il faut t’entourer de bonnes opportunités. Ne jamais l’oublier. Si tu ne vois pas ces opportunités, c’est peut-être que tu ne veux pas les voir. Les opportunités sont là, elles te tendent la main. I can go without s’en est une. J’apprends énormément sur le côté humain et professionnel. Et cela a commencé en sortie de boite de nuit à 3 heures du matin (rires).

Et si je te dis Afro Inspiration, tu réponds quoi ?

Les festivals de reggae quand j’avais 17 ans. (rires)