Afro Inspiration : Solange Droual co-fondactrice de Afrik1fluences

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Solange Droual

Après notre rencontre avec Hakim Djelouat, commentateur lors du CHAN 2014, les équipes d’Africa Top Sports sont parties à la rencontre de Solange Droual, journaliste franco-togolaise, passionnée par l’Afrique. Nous avons entre autres évoqué les Jeux de Sotchi et les chances des nations africaines de briller lors de la prochaine Coupe du Monde.

Solange Droual Afrik1fluences

Présente-toi à nos lecteurs (nom, parcours, ville de résidence) ?

Bonjour, je suis Solange Droual, une journaliste franco-togolaise qui vit à Paris. Après des études de droit et de journalisme, j’ai commencé une carrière de journaliste sportive sur la chaine Eurosport et sur le site Afrik-Foot.com. Je travaille également pour la presse écrite pour des médias tels que Amina Magazine, La Dépêche du Midi ou L’Écho Républicain. En ce moment avec deux confrères journalistes, nous travaillons sur un nouveau web-média qui se nomme Afrik1fluences spécialisé dans la culture afro-caribéenne. Le site sera en ligne dans les jours à venir. À côté de cela, j’ai quelques projets dans l’audiovisuel. J’ai pour ambition de faire de l’antenne. L’animation et la présentation télé sont des domaines qui m’ont toujours attiré.

Dis-nous quelque chose sur ta ville d’origine que nos lecteurs ignorent surement?

Je suis née à Atakpamé au Togo, dans la région des plateaux. C’est une région montagneuse. Atakpamé est une très belle ville en forme de cuvette, entourée de forêts. De ce fait, elle a longtemps eu le rôle de cité refuge lors des différents conflits. Mais ce qui fait la notoriété de ma ville natale ce sont les danses tchébé sur échasses. C’est une des danses les plus célèbres du Togo et les plus impressionnantes d’Afrique. Les danseurs sont sur des échasses allant de 2 à 4 mètres de haut. J’en suis très fière.

D’où vient ta passion pour le sport ?

Ma passion pour le sport vient de mon père, qui est un ancien coureur cycliste. Je suis tombée dedans quand j’étais toute petite. J’ai commencé par le patin à roulette, puis la natation, la gymnastique où j’ai excellé pendant dix ans en participant à de nombreux championnats de France. Mais c’est surtout l’athlétisme que je pratiquais en parallèle qui a changé ma vie. Très tôt, je me suis démarquée dans diverses disciplines comme le sprint, les haies et le saut en longueur. L’athlétisme était devenu plus qu’une passion, c’était un art de vivre. J’ai donc fait dix ans de compétitions en collectionnant de nombreux titres départementaux, régionaux, nationaux FFA mais aussi des sélections en équipe de France UGSEL où j’ai remporté en 2003 les jeux de la FISEC au saut en longueur.

Actualité oblige, les Jeux d’hiver de Sotchi te passionnent ?

Pour être franche, je ne suis pas une passionnée des sports d’hiver mais Jeux Olympiques obligent je m’y suis intéressée et je ne regrette absolument pas. Peu importe les disciplines ce que je retiens c’est l’amour des athlètes pour le sport. Les frissons, les larmes, la déception, la joie tout y est et c’est ce qui est magique avec le sport. J’aime particulièrement le patinage artistique. Durant ces jeux, j’ai découvert Julia Lipnitskaia, une petite russe de 15 ans qui m’a impressionnée. Mais c’est surtout le Français Martin Fourcade qui m’a fait vibrer avec ses trois médailles au biathlon dont deux en or.

De par tes origines, tu as certainement suivi la participation de la togolaise Mathilde Amivi Petit Jean à ces jeux. Qu’en as-tu pensé ? Quel impact une telle participation a t elle pour un pays comme le Togo ?

Bien évidemment que j’ai suivi son parcours. Au premier abord j’ai été surprise car je ne la connaissais pas avant sa qualification aux Jeux, mais je trouve cela génial de voir des Africains participer à des Jeux Olympiques d’hiver. On est plus habitués à voir des Africains sur les pistes d’athlétisme lors des Jeux Olympiques d’été. C’est une bonne chose si ça peut faire évoluer les mentalités. D’autant plus qu’il n’y a rien de caricatural puisque Mathilde Amivi Petit Jean s’entraîne dans les Alpes Françaises. J’aurai trouvé cela bizarre si elle venait tout droit de la région des plateaux togolaise (le seul endroit où il y a des montagnes) (rire).

Plusieurs médias ont titré que c’était les Jeux de l’homophobie. Ces jeux en plus des coming-out du footballeur allemand Thomas Hitzlsperger et du footballeur US Michael Sam ont (re)lancé les débats sur l’homosexualité dans le sport. En Afrique, c’est un sujet très sensible. Penses-tu que les sportifs africains peuvent jouer un rôle dans l’évolution des mentalités concernant l’homosexualité sur notre continent?

L’Afrique n’est pas un exemple en matière de tolérance en ce qui concerne l’homosexualité. Ça reste encore et trop souvent un sujet tabou. Avant que les sportifs africains endossent un rôle sur l’évolution des mentalités, il faudrait d’abord que les dirigeants africains montrent l’exemple et arrête de considérer l’homosexualité comme une maladie. Je pense qu’on est encore loin du compte mais je garde espoir car l’Afrique c’est le continent du futur!

Pour en finir avec Sotchi, la skieuse libanaise Jackie Chamoun a fait l’actualité à cause d’une vidéo tournée il y a trois ans durant le making-of d’un shooting photo. Sur la vidéo diffusée à son insu, on la voit quasi nue. Cette affaire a divisé son pays. Les politiques s’en sont pris à la jeune femme. Nombre de libanais se sont levés pour soutenir leur compatriote.  Quelle portée cette affaire peut avoir sur l’image et la promotion de la femme dans des pays dits conservateurs comme le Liban?

J’ai vu ce making-of et en tant que femme africaine et occidentale cela ne m’a absolument pas choqué. C’était même plutôt agréable à regarder. Il n’y avait aucune perversité dans cette vidéo volée. Je peux cependant comprendre l’indignation de certains politiques Libanais concernant cette affaire car on le sait tous que malgré le côté libéral du Liban il en reste pour le moins un pays très conservateur. Ce que je dénonce en revanche c’est le lynchage médiatique qu’elle a subi. Ils en ont fait un bouc émissaire.

Solange Droual AfrikInfluences

Revenons à l’aspect sportif, dans un peu plus de 4 mois, les regards du monde entier seront tournés vers la Coupe du Monde. Qu’est ce que cette compétition représente pour toi ?

Le Coupe du monde est pour moi l’une des plus belles compétitions sportives tous sports confondus. J’aime l’énergie et l’engouement qu’elle provoque.

Quelles nations africaines (Algérie, Cameroun, Cote d’Ivoire, Ghana, Nigéria) peuvent porter haut les couleurs du continent ? Un pronostic sur l’équipe qui ira le plus loin ? Quel stade de la compétition ?

Si on se base sur la dernière Coupe du Monde et la dernière CAN, je vois bien le Ghana réitérer l’exploit des quarts de finale. C’est une équipe solide qui est en constante progression. Lors de la CAN 2013, on a vu des Black Stars en deçà de leur niveau. Ce qui s’est expliqué par l’absence des cadres de l’équipe. Je pense aux frères Ayew par exemple mais si l’équipe est au complet pour la Coupe du Monde au Brésil, elle risque de faire mal. Il y a aussi le Nigéria qui revient en force et qui prend sa revanche après de longues années sur le banc de touche. Quand à la Côte d’Ivoire j’ai des doutes. Malgré une équipe impressionnante sur le papier, ils ne répondent pas souvent présents lors des grands rendez-vous. Quand au Cameroun et à l’Algérie, je les sens encore fragile et en dessous du lot pour s’imposer au Brésil mas rien n’est joué !

Nos stars brillent à l’étranger mais nos championnats locaux peinent souvent à se développer. Que penses-tu de l’évolution du sport en Afrique ? Comment développer le sport sur notre continent ?

Ça c’est une question très difficile. L’équipe du Togo a une très belle équipe de foot, je dirai  même que c’est la plus performante qu’on ait jamais eu et pourtant les problèmes persistent au niveau de la fédération togolaise de foot. Des problèmes financiers et d’organisation ternissent notre image à l’étranger (l’attaque du Cabinda, la retraite de notre star Emmanuel Adebayor et j’en passe…). Le problème au Togo c’est que le football n’est pas professionnel. Pour qu’il se développe, il faut que la fédération mette les moyens qu’il faut. Nous avons des talents qui ne demandent qu’à être repéré. Il faut que l’Afrique en général prenne conscience de son potentiel. Mais je suis sûre qu’on est sur la bonne voie. Prenons l’exemple du Maghreb ou même du Cameroun qui ont des bons clubs professionnels.

Que prévois-tu pour les prochains mois ?

Boulot, boulot et boulot ! J’espère faire de belles rencontres qui pourront accélérer ma carrière de jeune journaliste.

Quels sont tes projets en dehors du journalisme ?

En dehors du journalisme, je suis très active. J’œuvre à mon niveau au rayonnement de l’Afrique en France en organisant régulièrement des évènements culturels par le biais de mon auto-entreprise Com’Ange (défilés de mode créateurs Africains, soirées, show case …). Et à côté de cela, je travaille en collaboration avec un chef cuisinier togolais, qui est au passage un ami d’enfance sur l’ouverture d’un restaurant gastronomique togolais à Paris. Nous sommes actuellement à la recherche d’investisseurs. J’en profite donc pour passer le message 😉

Quelques questions courtes pour mieux te connaitre :

3 objets dont tu ne peux pas te passer?

Mon téléphone portable, mon sac à main, mes cartes de visite.

Quels sont tes sportifs préférés ?

Marie José Pérec est l’athlète qui m’a donné envie de faire de l’athlétisme. Je l’admire pour son palmarès. En athlétisme toujours, j’aime aussi beaucoup la classe et la foulée d’Allyson Félix (100m et 200m), le mental de Christophe Lemaître (100m et 200m), la détermination de Renaud Lavillenie (recordman du monde de perche) et j’en passe. En football le sportif qui me fait rêver c’est Cavani (attaquant du PSG) et bien évidemment notre champion Emmanuel Adebayor qui fait une très belle deuxième partie de saison à Tottenham.

L’événement sportif qui t’as le plus marqué?

Les championnats du monde d’athlétisme en 2003 à Paris. J’étais dans les tribunes. J’ai assisté aux sacres d’Eunice Barber en longueur et du relais français du 4X100 mètres féminin. C’était magique. J’en ai encore des frissons.

Quel pays africain aimerais-tu visiter ?

L’Afrique centrale en général. Je ne connais pas du tout ce coin. Le Cameroun et le Gabon sont deux pays qui m’intriguent.

Le petit mot de la fin pour les lecteurs d’Africa Top Sports ?

Je souhaite bonne chance à la rédaction d’Africa Top Sports, dans l’espoir que le site se développe encore et encore…c’est ensemble que nous avancerons. Vive le sport et vive l’Afrique !

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