Afro Inspiration : Stephie-Rose Nyot fondatrice ‘Je parle le Bassa 2.0’

5824
Stephie - Rose Nyot

Stephie-Rose Nyot est une jeune Camerounaise vivant à Montréal au Canada. Elle est la promotrice de la page facebook “Je parle le Bassa 2.0”. Elle nous en dit plus sur ce projet et ses motivations.

Bonjour Stephie-Rose , peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Bonjour, mon nom est Stéphie-Rose Nyot, j’ai 25 ans. Je suis française d’origine camerounaise et je finis actuellement une maîtrise en communication et développement éducationnel à Montréal, Canada.

Partant du nom de ta page on en déduit que tu es Camerounaise, quels rapports entretiens-tu avec ce pays ?

Le rapport que j’ai avec le Cameroun est assez étroit. Étroit dans la mesure où physiquement, je n’ai pas eu l’occasion d’y aller très souvent. Cependant à travers mes parents, mon entourage et mes recherches personnelles la culture camerounaise est omniprésente dans ma vie.

Qu’est ce qui t’a inspiré à créer cette page facebook « Je parle le Bassa 2.0 » ?

Pourquoi la création de la page Facebook, Je parle le bassa 2.0, eh bien tout simplement car ayant quitté le cocon familial, lieu privé où ma famille s’exprimait en bassa, je me suis rendue compte de manière déplorable et stressante que je perdais cet héritage, cette marque identitaire importante. Par la suite, je fis quelques recherches en ligne mais je n’y trouvais pas mon compte. Étant familière avec les réseaux sociaux, étudiant et travaillant dans la communication j’imaginais l’idée de donner des cours de bassa en ligne grâce à la multitude de possibilités qu’offre la nouvelle génération d’internet, le web 2.0.

Quelle est pour toi l’importance de la langue chez les Camerounais et plus généralement les Africains ?

Sans vouloir entrer dans le tribalisme, j’estime que la langue véhicule un fort caractère identitaire nécessaire à la survie et à la beauté que représente la diversité culturelle dans un monde plongeant dans une homogénéisation globale. L’essentiel  est  de préserver l’originel et l’acquis tout en s’insérant avec tout ce bagage dans un environnement globalisé, car d’après moi, l’existence de nos jours exige cette interculturalité.

Bassa
Bassa

D’ailleurs dit-on langue, patois, dialecte ou langue maternelle ?

Les termes patois, dialectes sont selon moi des synonymes plus ou moins teintés négativement.  Je pense que le patois est une langue qui se parle dans un espace restreint de type village par un nombre réduit de personnes. Le terme de dialecte, selon moi, est un terme assez péjoratif s’apparentant à un langage parlé par des «indigènes» si indigènes il y a, favorisant une certaine aliénation en faveur de langues considérées par certains comme «supérieures». Quant à la langue maternelle, elle représente simplement la langue de base des individus, un repère linguistique.  D’après moi, toutes les langues se valent qu’elles soient maternelles ou non.

Quels sont les blocages que tu connais dans la réalisation de ton projet ?

La page, Je parle le bassa 2.0, est un projet mis en ligne il y a quelques mois. Je pense parfois manquer de temps dans la réalisation des audio en rapport avec les demandes des utilisateurs. Je manque également de lexique bassa, c’est pourquoi je travaille à distance avec mes parents que vous pouvez entendre dans les audio, sans eux mon projet n’aurait pu être réalisable. Au niveau des utilisateurs, je déplore parfois le peu d’interventions, ou  l’apport des gens qui connaissent la langue Bassa  et le sentiment de peur ou de mal faire domine ceux qui découvrent et veulent apprendre. Il y a manifestement un cap psychologique à franchir pour certains et  de la pédagogie à améliorer de notre part.

Image Stephie Rose Nyot - Je parle le Bassa
Stephie Rose Nyot

Comment fait-on pour préserver sa culture tout en embrassant la globalisation de notre ère ?

Afin de préserver sa culture, il est nécessaire de rester en contact avec ceux qui savent, d’être curieux, de s’informer, de faire des recherches et de participer à tout type d’évènements relatifs à notre soif de préservation et de savoir.

Quelles solutions préconises-tu aux problématiques que tu soulèves ?

Organisations d’ateliers linguistiques comme il en existe parfois, rencontres, partage des connaissances. Partage de la page Bassa 😉 permettant de faire prendre conscience aux gens et favoriser d’autres initiatives et sur du long terme un regroupement général.

Si je te dis afro-inspiration tu me réponds ?

Je ne sais pas trop ce que cela sous-entend l’afro-inspiration, peut-être il existe des groupes véhiculant cette manière de penser. Cependant dans mon cas, étant africaine et réfléchissant j’imagine que j’ai une afro-inspiration (sourire).

Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Je tiens à remercier les personnes qui nous suivent et à encourager d’autres personnes à nous rejoindre. Le fait d’apprendre sa langue d’origine, maternelle ou nationale n’est pas une forme de tribalisme ou de révolte mais plutôt une prise de conscience, une authentification de l’individu, de ce fait il est primordial de garder cette partie en nous. Que ce soit, des langues africaines, le français, le chinois, ou autres langues.

Pour plus d’informations

Facebook: https://www.facebook.com/bassa2.0?fref=ts

Youtube: https://www.youtube.com/channel/UCfwIjbs5F_B2s37HVxJum4w