Le symbole est fort. En chantant Amazing Grace, vendredi 26 juin, le président américain a adressé un symbole fort aux milliers de personnes rassemblées à Charleston (Etats-Unis). Le président américain a rendu hommage vendredi à Charleston aux neuf victimes de la fusillade raciste survenue la semaine dernière. Il a dénoncé le “chaos” provoqué par les armes.
Devant plusieurs milliers de personnes rassemblées au coeur de cette petite ville de Caroline du Sud, le premier président noir de l’histoire des Etats-Unis a salué la mémoire du pasteur noir Clementa Pinckney, “un homme de Dieu, un homme qui croyait à des jours meilleurs”. “Aveuglé par la haine, le tueur présumé ne pouvait pas voir la grâce qui entourait le révérend Pickney”, a-t-il notamment lancé au sujet de Dylann Roof, partisan de la suprématie blanche, rappelant que le pasteur, qu’il avait déjà rencontré, était un “homme bon”.
Mettant en garde son pays contre la tentation de se laisser de nouveau “glisser dans un silence confortable” après la fusillade dans laquelle neuf noirs ont péri sous les balles du jeune partisan de la suprématie blanche, le président américain a invité ses concitoyens à ne pas éluder “les vérités qui dérangent”. Lundi au cours d’une interview à la radio, il avait prononcé pour la première fois le mot “nigger” (nègre, en français), véritable tabou dans son pays, héritage de la période esclavagiste et de la ségrégation raciale.
Le Président a également dénoncé le «chaos» créé par les armes à feu aux Etats-Unis. «Nous avons été aveugles face au chaos unique que la violence des armes à feu inflige à ce pays», a-t-il assuré, en évoquant plusieurs fusillades, dont celle dans une école à Newtown en 2012. Barack Obama, qui n’a jamais réussi, en dépit de plusieurs tentatives, à faire bouger les lignes sur ce sujet, a appelé son pays à engager une véritable réflexion sur ce thème.
“Quelles que soient les solutions, elles seront forcément incomplètes. Mais ce serait trahir tout ce pour quoi se battait le révérend Pinckney si nous glissions à nouveau dans le silence”. Le président américain a par ailleurs évoqué la “douleur” causée par le drapeau confédéré, symbole pour de nombreux Américains du passé raciste des Etats-Unis, et a jugé qu’elle avait trop longtemps été ignorée.
“Trop longtemps, nous avons ignoré le poids des injustices du passé”, a martelé Barack Obama au coeur de cette petite ville de Caroline du Sud, où neuf personnes ont été abattues par un jeune partisan de la suprématie blanche.
Barack Obama a également appelé l’Amérique à la lucidité, sur le racisme comme sur les armes à feu, dans un discours passionné qu’il a conclu en entonnant le chant chrétien Amazing Grace, repris avec ferveur par les participants. Le chant « Amazing Grace » est un chant écrit au XVIIIe siècle par un négrier repenti, John Newton, converti au christianisme, et devenu partisan de l’abolition de l’esclavage.
“May God continue to shed His grace on the United States of America." —@POTUS http://t.co/14Z3HnNi8v
— The White House (@WhiteHouse) 26 Juin 2015
D’abord seul à chanter à la tribune, le président américain a été rejoint par les ministres du culte qui se trouvaient derrière lui puis un organiste s’est mis à l’accompagner, suivis de milliers de personnes assistant à la cérémonie.
Dog, POTUS just went to E Flat like he was collabing w Stevie & Jam/Lewis (for those unaware E flat is THE blackest blues note ever)
— Questlove Gomez (@questlove) 26 Juin 2015