Plus de 850 villes du Brésil célèbrent le 20 novembre avec diverses manifestations culturelles la «Journée de la Conscience noire».
Le but ? Tenter de mettre fin au préjugé racial dans ce pays où les afro-descendants sont la majorité, mais se trouvent toujours en bas de l’échelle sociale.
«Combien de collègues noirs avez-vous au bureau, combien en voyez-vous dans la queue du restaurant ou du cinéma que vous fréquentez ? Maintenant demandez-vous combien vous en connaissez qui sont employés aux tâches domestiques?», demande mardi la ministre de la Culture, Marta Suplicy, dans un article publié dans le quotidien Folha de Sao Paulo où elle défend les actions affirmatives.
Cent vingt-quatre ans après l’abolition de l’esclavage (1888), le Brésil commémore la mémoire de «Zumbi dos Palmares», le dernier chef d’une république d’esclaves fugitifs. Tué le 20 novembre 1695 par les grands propriétaires terriens d’Alagoas (nord-est), il est devenu le symbole de la résistance contre l’esclavage.
Mme Suplicy a annoncé mardi des actions favorisant la participation des artistes et des producteurs noirs.
Au Brésil, 194 millions d’habitants, 52% de la population est noire ou métisse et parmi les 10% de Brésiliens les plus pauvres, 74% sont noirs ou métis.
Les mouvements afro-brésiliens reconnaissent «quelques progrès en 500 ans» comme la loi des quotas pour les noirs et indiens dans les universités publiques, promulguée fin août – après 13 ans de débats – par la présidente du Brésil Dilma Rousseff, mais affirment qu’il reste beaucoup à faire.
«Malheureusement, il y a encore 91% de la population noire qui n’a pas réussi à entrer à l’université et à peine 5,3% d’afro-descendants occupent des postes de direction dans les 500 plus grandes entreprises du pays. C’est un scandale», a déclaré à l’AFP David Raimundo Santos, un religieux franciscain qui dirige l’ONG Educafro. Celle-ci lutte pour faciliter l’accès des noirs et des indiens au marché du travail.
Il se félicite néanmoins que dans tout le Brésil «3000 événements sont organisés dans le pays mardi à la mémoire de Zumbi et plus de 10 000 en novembre, un record».
«Cela prouve que le pays change, et qu’on va vers une nouvelle conscience d’être brésilien», a-t-il ajouté.
En octobre, Joaquim Barbosa, 58 ans, est devenu le premier président noir de la Cour suprême. Ce fait historique «confirme une tendance au changement», selon les analystes.
– AP –