DOUALA, Cameroun | Acheter des bâtons de manioc par la vitre du minibus, se perdre sur une piste de terre rouge, rester muet devant des hectares de forêt primaire, découvrir le goût du singe, partir en pirogue…
Un jour, deux semaines, trois mois après mon retour du Cameroun, les images défilent encore. Il suffit qu’on me demande: «Et alors, ce voyage?» pour que le film redémarre. Devant moi repassent les taxis-brousse, les toits pointus des villages bamilékés, les eaux brunes de la rivière Nkam et la fumée des petits stands où l’on vend le poisson braisé à la tombée de la nuit.
Cliché, mon cinéma? Pas tant que ça, puisque le Cameroun se décrit lui-même comme «l’Afrique en miniature». Avec ses savanes au nord, ses forêts vierges au sud, ses montagnes à l’ouest et ses plages le long du golfe de Guinée, le pays abrite de nombreux paysages typiques du continent africain. Culturellement, il est encore plus multiple puisque ses 20 millions d’habitants font partie de plus de 250 ethnies différentes, sont chrétiens, animistes ou musulmans, et parlent 200 dialectes, en plus des deux langues officielles, le français et l’anglais.
Le Cameroun, pourtant, n’est encore qu’une esquisse sur la mappemonde touristique. La plupart des visiteurs étrangers qui mettent les pieds dans ce pays d’Afrique centrale le font d’abord par affaires. Leur nombre est en augmentation selon l’Organisation mondiale du tourisme (817 000 en 2012, selon des données provisoires, contre 604 00 en 2011 et 573 000 en 2010), mais on est encore loin de voir passer des hordes de vacanciers sur les routes du pays.
C’est particulièrement vrai si on pense aux régions de l’ouest et du sud du Cameroun. Car si le nord offre des safaris animaliers, notamment dans le parc de Waza, le reste du pays est encore peu développé pour le tourisme international. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a rien à faire ou à voir. Les plus aventuriers y seront accueillis à bras ouverts et vivront des expériences mémorables, authentiques, au cœur d’une nature éblouissante.
Découvrir un monde de traditions à la chefferie de Bafut (Nord-Ouest)
Au Cameroun, plusieurs territoires sont encore sous l’autorité de chefs de village. Près de Bamenda, la chefferie de Bafut est l’une de celles qui ouvrent ses portes aux visiteurs. Et c’est Rose, l’une des nombreuses épouses du dirigeant bafut actuel, qui nous y a guidés par un matin pluvieux. Dans l’enceinte de la chefferie se trouvent un palais, deux quartiers de femmes, des maisons en briques de terre cuite, les loges de sociétés secrètes, et, surtout, un sanctuaire au toit de paille destiné au culte des ancêtres.
Pour comprendre un peu l’univers et les règles anciennes qui guident la vie du royaume, les visiteurs sont invités au musée royal. Là, on en apprend sur la lignée du roi (ou fon), qui remonte au 16e siècle, sur les guerres d’autrefois et sur les changements amenés par les colonisateurs allemands au 20e siècle.
En se promenant sur le site, si ce n’est pas jour de fête, on aperçoit les reines, les princes et les princesses vaquer à des tâches quotidiennes bien terre à terre, et la forêt sacrée qui se perd dans les collines.
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Crédits photos PHOTO AGENCE QMI, SARAH BERGERON-OUELLET