Afro Inspiration : Carole Diop, directrice de publication de Afrikadaa

Depuis 2010, l’équipe de la directrice de publication Carole Diop nous partage le meilleur du continent et de sa diaspora grĂące Ă  AFRIKADAA.

AFRIKADAA fait la promotion d’une Afrique Moderne, Urbaine et Visionnaire, en prĂ©sentant les initiatives en matiĂšre d’Art, d’Architecture et de Design. AprĂšs vous avoir prĂ©sentĂ© le premier magazine intitulĂ© ‘Birth’ nous sommes allĂ©s Ă  la rencontre de Carole.

Salut, est-ce que tu vas bien?

Oui, je vais trĂšs bien merci (rires) !

FĂ©licitations pour votre magazine et le site en gĂ©nĂ©ral, nous trouvons que c’est une super belle initiative. On va tenter d’en savoir plus sur toi ! Alors, comment te dĂ©crirais-tu dans la vie de tous les jours ? Qu’est-ce qui t’a poussĂ©e Ă  faire tout ça ?

Merci, c’est toujours compliquĂ© de se dĂ©crire. Je suis architecte et c’est dans mon parcours d’étudiante que je me suis rendu compte qu’en France le terme « art africain» est souvent associĂ© aux termes ethnographique, primitif, artisanal ou encore traditionnel
 Peu de place est faite pour la crĂ©ation afro contemporaine. C’est pareil pour l’architecture et pour le design. Et je me suis dit qu’il serait pertinent qu’une publication ou un mĂ©dia mette en valeur les « productions noires contemporaines » – soit les productions issues d’Afrique et des diasporas.

Ce n’est pas difficile de faire la distinction entre le contemporain et le traditionnel ?

Non pas du tout, l’art traditionnel ou ethnographique, Ă  mon sens, ce sont des objets artisanaux, des outils, ou des objets usuels reprĂ©sentatifs de la culture des peuples qui les ont fabriquĂ©s. La crĂ©ation contemporaine est faite par des artistes qui nous sont contemporains et qui, bien qu’influencĂ©s par leur culture, font de l’art contemporain.


Photos du Magazine Afrikadaa “Birth”

Tu mentionnes les origines. Peux t’on dire qu’Afrikadaa est communautariste ?

Nous voulons mettre en avant des artistes africains et de la diaspora au sens large du terme. Un photographe comme Phillipe Sibelly, qui a une expo itinĂ©rante “The other Africa”, n’est ni africain, ni noir, mais son travail exceptionnel a fait l’objet d’un focus sur notre site. Pour moi des gens comme celui-lĂ  font partie de la diaspora. Afrikadaa n’est donc pas complĂštement communautaire, on reste ouvert ! Il n’empĂȘche que j’estime qu’il n’y a pas assez de place pour les artistes noirs en France. On espĂšre Ă  l’avenir ne plus avoir recours Ă  du communautarisme et qu’un artiste qu’il soit africain, asiatique ou autre soit reconnu, car il a du talent. Pour Ă©liminer les clichĂ©s et arriver Ă  cela, il faut leur donner une place quitte Ă  ĂȘtre qualifiĂ© de communautaire.

La demande pour un mĂ©dia d’arts Afro est-elle prĂ©sente?

Pour en avoir discutĂ© avec les artistes que l’on a rencontrĂ©s, ils sont unanimes pour dire qu’un mĂ©dia comme le notre manquait ! La Revue noire n’est mĂȘme plus publiĂ©e aujourd’hui. Il n’y’a donc rien dans le monde francophone. Les publications anglophones sont moins rares, mais peu accessibles aux francophones : barriĂšre de la langue oblige. Je citerai une superbe revue sud-africaine Chimurenga, mais ils ont vision plus anglophone que panafricaine. Certes, ils parlent d’artistes ghanĂ©ens, nigĂ©rians
 Avec Afrikadaa nous avons souhaitĂ© une revue panafricaine pour que tout le monde s’y retrouve. D’ailleurs c’est pour cela qu’elle est bilingue.


Photos du Magazine Afrikadaa “Birth”

À propos de la revue, la mise en page est trĂšs sobre, on s’y sent bien. On a remarquĂ© qu’il y avait aucune publicitĂ© ?

Nous venons de dĂ©marrer donc nous n’avons pas d’annonceurs. Nous sommes devenu une association rĂ©cemment. Tout ce qui s’est fait dans le passĂ© c’est essentiellement la volontĂ© de quelques personnes Pascale Obolo (rĂ©dactrice en chef), Shari Hammond (rĂ©dactrice en chef adjointe), Prisca Monnier pour le graphisme en collaboration avec Jay one Ramier et bien sur tous nos contributeurs que je tiens Ă  remercier ici. Nous n’avions aucuns moyens, nous l’avons fait nous-mĂȘmes. Nous souhaitons maintenant Ă©largir la fonction d’Afrikadaa. En plus de la revue, l’association va servir Ă  assurer la promotion des artistes non occidentaux par le biais de l’organisation d’évĂ©nements, de confĂ©rences, de colloques, etc.

Quel a été le déclic pour la création?

Il faut savoir que le blog a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en dĂ©cembre 2010 et que je l’ai tenu toute seule jusqu’à octobre dernier. L’idĂ©e m’est venue suite Ă  un stage Ă  Londres chez David Adjaye, j’ai eu l’occasion d’aller voir l’exposition “Urban Africa” et j’ai suivi la prĂ©paration de l’ouvrage “Adjaye Africa Architecture”. Nous Ă©tions loin de ce que l’on peut voir dans les mĂ©dias, l’Afrique exotique, grande Ă©tendue de terres sauvages ou encore l’Afrique misĂ©rabiliste avec les guerres et les famines. Il ne s’agit pas de nier ces rĂ©alitĂ©s, car ce sont des aspects de l’Afrique – pas uniquement de l’Afrique d’ailleurs des guerres et de la misĂšre, il y en a partout ! – mais il n’y a pas que cela. Il existe des mĂ©dias pour montrer ces aspects-lĂ  donc j’ai choisi de montrer autre chose. En juin 2011, j’ai rencontrĂ© Pascale et comme nous partagions des objectifs communs nous avons voulu collaborer pour crĂ©er la revue. (rires)


Shari Hammond


Pascale Obolo

Un magazine papier dans un monde qui est de plus en plus numérique. Une bonne idée?

Bien entendu ! Nous attendons de voir comment les publications numĂ©riques seront reçues. Nous envisageons deux publications par an. Des revues consĂ©quentes qui reprendraient une partie des articles numĂ©riques et bien plus. Ce seront des numĂ©ros trĂšs spĂ©ciaux les numĂ©ros papiers. Tous nos articles ont des thĂ©matiques. Par exemple, le premier s’appelle “Birth” et tous nos articles ont un lien avec le mot naissance. Le deuxiĂšme numĂ©ro sera “Black Renaissance” nous tenterons de’apporter une dĂ©finition Ă  ce terme et nous nous intĂ©resserons au mouvement auquel il est associĂ©. Parle -t’on de “Black Renaissance” ou de “Post-Black art” ?

Vous pensez aussi à faire des interviews vidéos ?

L’idĂ©e ce serait plus d’avoir des podcasts qu’ils soient audio ou vidĂ©o pour augmenter l’interactivitĂ© du site. L’on sait qu’une interview papier et audio ne produisent pas le mĂȘme ressenti. Cela permet d’élargir l’audience dans un futur proche.

En parlant de futur, comment soutenir votre initiative?

Pour l’instant le magazine est gratuit. Le but est de faire dĂ©couvrir aux internautes tous les artistes dont on a parlĂ© dans la revue, d’informer d’éduquer. Mais vous pouvez nous soutenir en faisant des dons Ă  l’association pour soutenir nos projets et nous aider a rĂ©aliser les publications papier, des informations seront bientĂŽt disponibles sur le site.

Afrikadaa Carole Diop
Photos du Magazine Afrikadaa “Birth”

Maintenant, 3 questions pour mieux te connaĂźtre :

1- Quel est ton plat favori ?
Je suis une vraie gourmande qui mange de tout je n’ai pas de plat favori. J’aime autant les sushis que le thiebou djeun ou la cuisine du BĂ©nin (pays d’origine de ma mĂšre).

2- Y’a t’il des pays en Afrique que tu n’as pas visitĂ© et que tu aimerais allĂ© voir ?
L’ÉrythrĂ©e et le Kenya, Madagascar, Zanzibar, j’aimerais dĂ©couvrir l’Est du continent que je ne connais pas du tout.

3- Cite-nous les 3 objets dont tu ne pourrais pas te passer ?
Mon ordinateur (rires), mon téléphone et un crayon pour dessiner.

Au nom de toute l’équipe, je te remercie pour cette entrevue ! Et fĂ©licitations pour ce que vous faites.

Tout le plaisir est pour moi, je trouve votre site trĂšs riche, on y apprend beaucoup ! D’ailleurs on recherche des collaborateurs Ă  l’étranger alors si vous ĂȘtes intĂ©ressĂ©, contactez-nous.

Carole Diop

Pour plus d’informations :
Le site : http://www.afrikadaa.com/
Sur Facebook : http://facebook.com/Afrikadaapage
Sur Twitter : http://twitter.com/AFRIKADAA/

Photo de Carole Diop (en couverture et dans l’article) par Mario Epanya