De l’audace à soutenir nos entrepreneurs ! Par Arnaud Segla
L’histoire du Marché fait apparaitre des cycles de mondialisation et de protectionnisme qui sont des adaptations des politiques économiques aux forces et intérêts mis en jeu dans le développement d’une suprématie ou d’un affranchissement. Malgré l’action des mouvements altermondialistes, le libre-échange et la généralisation de la concurrence semblent être des notions admises par les états et les individus. Il n’en demeure pas moins que le monde des affaires Noir par son commerce informel et son entrepreneuriat ne crée pas suffisamment une dynamique permettant de parler d’un modèle viable et durable de culture économique à l’instar de ceux inspirés du capitalisme, du communisme ou de l’économie responsable. Les économies Noires se contentent, le plus souvent, de faire figure de bon élève pour mériter une gratification par des aides contribuant à l’esprit d’endettement et de dépendance. Pourtant, les exemples de réussites personnelles ne manquent pas sur le continent et dans les lieux d’établissement de sa diaspora. De plus, l’histoire et les traditions, tel le Mvett au Gabon, recèlent de connaissances appliquées par les rois et les peuples en leur temps et qui se perdent dans l’évaporation de la mémoire orale collective à mesure que le Peuple Noir est disséminé loin des sources de référence pour les besoins de « l’asservissement choisi ».
Il serait difficile, mais pas inutile, de se réapproprier tout ce bagage de savoir pour espérer une résurgence d’une culture d’affaire efficace dans le contexte économique dans lequel se trouve plongé une civilisation assise sur un gisement précieux et qui dépend de tiers pour apprendre à creuser, avoir des pelles, transporter, fixer les prix de ventes… Dans une démarche pragmatique, l’effort d’adaptation à l’environnement critique du moment impose d’oser se lancer à l’eau pour définir de nouvelles Attitudes (et non des stratégies qui restent à l’état de théories) pour faire face avec le peu d’héritage culturel qui demeure mais avec l’imposante force d’abnégation au travail du géant Africain lié à sa foi naturelle. C’est sans doute lorsque cette foi a été mise à mal par le choc de civilisation lors de son déclin qu’il a commencé faire l’objet d’une traite aux multiples saisons et goûts divers. Cet effort à consentir, donc, est un travail sur soi. Un engagement à sortir d’un conditionnement et d’une logique de simple consommation qui limite le rayonnement social à la sécurité financière par un poste qui n’est jamais remis en cause notamment dans un profil administratif. La communauté Noire toute entière a besoin de se régénérer et d’évoluer avec des idées nouvelles et d’autres compétences que celles auxquelles elle est cantonnée. Le terrain devrait donc être rendu plus propice aux entrepreneurs et professionnel de cette génération pour s’exprimer selon leur visions et créativité et non pas de se plier au paradigme classique qui veut que le projet d’affaires réponde au besoin du client. Ici nous exhortons la communauté de clients à soutenir les entrepreneurs pour que leur structure puisse durer, être transmise et constituer ainsi un patrimoine collectif. Beaucoup de ces fiers soldats de nos économies ne cacheront pas non plus leur désir de réinvestir les gains issus de leur réussite dans des projets de soutien aux communautés (construction d’écoles, don de matériels de santé, transfert technologique…). Ainsi celui qui a été soutenu par la communauté finit par soutenir la communauté dans un cercle vertueux profitable à tous. Chaque entreprise est une graine (un investissement) pour la récolte du champ commun. Alors par où commencer?
Changer d’Attitude tout simplement.
S’interdire la complaisance, les abus, l’impunité, la corruption, le laisser aller… S’enjoindre la solidarité, le micro investissement, l’exigence de qualité dans les produits et services, l’achat privilégié auprès de nos entrepreneurs…
Pas besoin d’attendre que le voisin commence avec nous ou qu’il y ait une multitude qui s’y engage. C’est une question de conviction personnelle et d’audace. Et l’Afrique et sa diaspora a besoin de ce nouveau modèle « d’Homme Attitude ».
Dans le cadre des activités de veille informationnelle de mon entreprise THE WISEMEN COUNCIL (www.thewisemencouncil.com), j’ai pris connaissance par exemple d’un programme de partenariat entre des hommes d’affaires de Chine et ceux de certains pays d’Afrique afin de permettre à ces derniers de revendre des produits issus de ce marché. Cela permet de donner une opportunité à des jeunes entrepreneurs de se lancer en affaires (en inondant hélas les marchés locaux de produits importés!!!). L’initiative peut être attrayante à court terme mais quel en serait l’impact sur une nouvelle dépendance économique à moyen et long terme? Nous restons convaincus que la différence peut être faite à un niveau endogène (incluant les diasporas) pour garantir l’émergence d’une économie africaine polyvalente s’affirmant sur l’échiquier mondial.
Le Québec peut être une toute nouvelle alternative au rapport économico-culturels, traditionnellement forts et hérités de la colonisation (non moins célèbre Françafrique) mettant en relation deux régions sans passé mutuel de dominant dominé et faisant face toutes les deux à ce défis d’affirmation et d’émergence. Cette coopération économique impliquerait des leviers importants dans la création de richesse et de valeur pour ces communautés s’engageant sur une nouvelle voie d’échange qui respecte la personne humaine et son droit à la félicité dans le cadre de civilisations et de peuples honorables.
« Le Tigre et Dragon ne devraient pas trouver légitime de venir chasser les proies du Lion sur sa propre terre»
Cet article a été rédigé par Arnaud Segla du site Entrepreneurethnik
Bio de Arnaud : Arnaud Segla M. Sc., M. Sc. A., CAPM, consultant en gestion de projets et ingénierie d’affaires spécialisé dans l’entrepreneuriat ethnique partage avec nous ses conseils professionnelles. Il organise et anime des activités professionnelles et accompagne plusieurs entrepreneurs dans l’atteinte des objectifs de leur projet d’affaires.
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