La Diaspora du continent noir dans son ensemble a su franchir les frontières de régions reculées du monde poussée par l’établissement de relations commerciales ou simplement par la valorisation de sa force d’action dans la connaissance ou la main d’œuvre.
L’intégration de ce Peuple en exil a été facilitée par des valeurs d’abnégation, d’accommodation, de modération et de tolérance qui lui a permis rester en marge de la plupart des pièges du rejet par les terres d’accueil. D’aucun diraient « qu’il est comme la mauvaise herbe et qu’il pousse partout » mais je ne renchérirais pas là dessus car comme je dis « à force d’être négatif on développe des clichés ». Je continuerai plutôt à plaidoyer pour son « union dans la diversité » (fédération) qui est l’image pilote et outre-mer qui préfigure le panafricanisme tant souhaité. Doit-on pour autant voir dans cette grande Diaspora une réelle communauté? Dans l’apparence je dirais oui mais dans les faits je suis porté à croire qu’elle agit plutôt comme une ôtée de son esprit.
Il est fréquent de ne pas voir émerger de barrières majeures entre les membres de cette Diaspora lors d’évènements corporatifs qui vont jusqu’à rassembler les immigrants, toutes générations confondues, et des membres des nations issus des exodes forcés du passé. On a plus des raisons de croire que cette classe de citoyens reçus partage le même quotidien fait des stigmates de l’uniforme naturel noir, cette peau (d’origine unique) qui devient un critère discriminatoire dans les Cités industrialisés. En outre La plus grande proximité entre les membres en exil est aussi marquée par des écarts de revenus réduits. Il faut en effet un minimum de ressources tant financières que familiales pour pouvoir quitter le continent et vivre dans des Cités industrialisées où des aides sociales existent. Là où le bat blesse ce sont les individualités et le déni de son « Africanité » (Lifestyle) qui naissent de la réussite du parcours d’immigration.
Rien que le fait d’avoir un statut officiel sur la terre d’accueil est déjà une réussite en marge même de l’essor social. La mise en contact avec d’autres Diaspora issues d’autres cultures nous font voir de façon criante les efforts à fournir pour bâtir une communauté forte dont on tient compte dans les décisions sociopolitiques et économiques. Je ne cacherai pas ma vision et mon espoir de voir notre Diaspora se fédérer (et non s’unir) autour d’une identité ethnique et d’un développement économique basé sur la spiritualité (qui est notre socle commun) et l’entrepreneuriat informel ou ethnique (qui une force que nous devons revaloriser). Il me vient deux images en appui de cette vision que je partage avec vous.
Lors d’un stage dans un pays d’Afrique, il y a longtemps, je pouvais observer la secrétaire lire la bible en attendant que le chef de service lui donne une autre tâche à réaliser, voir le préposé à la garde des véhicules des employés venir dans un coin de l’établissement faire certaines de ces 5 prières quotidiennes et un des responsables revenir fatigué d’un week-end de danse traditionnelles le tout dans la plus grande harmonie : la spiritualité. Autre exemple, une mère de famille qui a un emploi de fonctionnaire mais développe un commerce (« un étalage » comme on dit) devant la maison familiale pour vendre toutes sortes de produits nécessaires à la vie des familles du quartier : l’entrepreneuriat informel.
La vie en Cité doit-elle nous affranchir de cette richesse intime au Peuple noir et aux autres de « sang noir »? Je ne pense pas et c’est ce qui me fait lever chaque matin avec la même foi. Ce n’est donc qu’une question de réconciliation avec un héritage et de réaffirmation d’une attitude simple.
Par où commencer alors? « On battit un communauté sur des actes simples dans le quotidien et non sur des pactes ambitieux avec l’avenir ». Il est souhaitable de sortir des « non » confortables aux occasions qui nous font sortir de notre voile d’immigrants qui cache qu’il peine dans son coin mais qui s’affiche à son avantage dans les grands rendez-vous. Qui n’est pas aux prises avec une dette, des choix angoissants pour couvrir les charges familiales, un sentiment de solitude ou de la sollicitude? La solidarité est une forme de proximité qui a besoin d’une simple honnêteté et de mutuelle compréhension (comprendre c’est déjà aimer dit-on). Au sein de la grande Diaspora certaines nationalités attachées à leurs traditions, cultures ou religions font montre d’une meilleure cohésion. Vivre la Diaspora est un mode de vie à part entière (un Peuple, une Terre, une Ère non circonscrits) à assumer. Je ne peux parler que de ce que j’observe et exhorter dans le sens du changement :
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Oser accepter d’aider un ami à déménager même si personne n’est venu au sien; il faut bien briser la glace un jour. Ce n’est pas tout le monde qui a une famille soudée autour ni les moyens de se payer les services de déménageurs.
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Ne pas avoir peur de partager son idée d’affaires avec des pairs; j’ai rarement vu un vol d’idée mais je sais qu’on sort le plus souvent enrichi d’un échange avec un autre entrepreneur qui voit les choses différemment.
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Appuyer les candidatures de stages ou d’emploi d’un membre de la communauté qui a du talent sans avoir peur du qu’en dira-t-on. Les rêves brisés sont autant de destin qui ne feront pas l’histoire même de façon infime. La communauté a besoin d’émulation!!!
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Consommer des produits d’artisans de la communauté. Vous pouvez commander avant de passer si le service est si lent. Troquer de temps à autre vos céréales matinales pour la bouillie de mais ou de tapioca; Vous ne représentez certainement qu’un faible pourcentage de la clientèle de la multinationale mais toute la raison d’être de l’artisan ethnique.
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Quand commencer? Vous avez déjà commencé rassurez-vous et je vous remercie d’avoir lu cet article jusqu’au bout. La prochaine étape est de ne pas se laisser glisser dans le refus facile d’agir qui nous fige dans l’individualité et ce déni de « l’africanité » par lequel d’autres communautés nous identifient et que nous endossons trop souvent. La correction est possible : l’Afrique est une terre de paix et de richesse tant intérieure qu’extérieur minée par de nombreuses disparités entretenues ou non. Nous portons nos valeurs avec nous en tant qu’ambassadeurs de ce continent dans les grandes Cités industrialisées. Ainsi donc pensez-vous vivre la Diaspora comme une ôtée de son esprit ou avec un esprit de communauté?
A vous de choisir…
« N’ayons pas peur du changement; c’est la preuve que nous existons »
Arnaud Segla M. Sc., M. Sc. A., CAPM. Consultant en gestion de projets et ingénierie d’affaires spécialisé dans l’entrepreneuriat ethnique. J’organise et anime des activités professionnelles et accompagne plusieurs entrepreneurs dans l’atteinte des objectifs de leur projet d’affaires.
www.kalam.ca