À l’occasion de la sortie DVD de La Bête immonde, nous avons rencontré le réalisateur Jann Halexander.
Jann Halexander est un indépendant en marge des circuits principaux du cinéma franco-français. Il a déjà réalisé des films essentiellement pour le marché dvd, écoulés à des milliers d’exemplaires dont J’Aimerais J’Aimerais (2007), Occident (2008) et Une dernière nuit au Mans (2010).
Bonjour Jann, comment vous est venue l’idée de réaliser La Bête immonde ?
Bonjour AfrokanLife ! Alors j’ai suffisamment parlé du métissage dans mes textes, chansons, pièces de théâtre, courts-métrages précédents, depuis 2003 et je ne voulais pas tourner la page, mais boucler la boucle. Passer à autre chose.
Je ne renie rien, au contraire, mais voilà, je crois que ce que j’avais à dire, personnellement sur le métissage, la condition métisse, et bien j’avais fait le tour. Je devais ‘en finir’ en tournant LA BÊTE IMMONDE. C’est un film d’apparence assez simple, pas très long, mais il brasse cette thématique-là, en plus d’autres thèmes : le sida, l’orientation sexuelle, le rapport enfants-parents. Le deuil.
Comment réussit-on à tourner un film fantastique avec un 6000euros de budget ?
Ai je vraiment eu le choix ? Je pars du principe que le cinéma au même titre que le roman ou la chanson appartient à tout le monde. Je n’attends pas de légitimité sur ce point. Donc on prend une caméra et on tourne. Après on voit. Je ne m’imagine pas courir pendant des années après les financiers, des institutions, faut quand même pas exagérer, je suis un grand garçon. À noter en plus que je ne me considère pas spécialement comme réalisateur. Disons plutôt créateur ou alors artiste, c’est global et plus juste, car je suis avant tout chanteur. Et une partie du public qui me suit est sensible aux films que je réalise. Ces films circulent en France, ailleurs, sont enregistrés à la BNF.
Le budget concret pour ce film-là c’était 6.000 euros, mais parce que nous avions, avec l’équipe, fait des économies partout où on pouvait, sinon on en aurait eu pour 40.000, 50.000 euros. J’ai pu compter sur des gens extraordinaires. C’est une belle expérience. Et une belle aventure. Mais, et là j’en parle de façon générale, il est temps que le ‘grand public’ cesse de s’autofreiner par rapport aux questions de budget. Un film de 200 millions d’euros de budget peut être exceptionnel. Il peut être nul. Un film dont la réalisation n’a coûté que 400 euros peut être une merveille. Il peut être nul aussi. Djin Carrénard après tout à fait un film qui tient la route, Donoma, avec 150 euros. Ce qui compte, c’est ce qu’on dit, les thèmes, la force des thèmes. Dans mon cas, même ceux qui ne supportent pas mon travail reconnaissent que mes choix thématiques -et les musiques- font la force de mes films.
Quelles anecdotes retenez-vous du tournage de la Bête immonde ?
À part des crises de fous rires pour détendre l’atmosphère, entre les prises, je n’ai pas vraiment d’anecdotes, mais plutôt le souvenir d’un tournage long, éprouvant étiré sur plusieurs mois. Des acteurs motivés et doués.
Je me souviens aussi d’une équipe travaillant pour France 3 venue filmer dans le cadre d’un documentaire, mes collègues et moi en train de tourner dans un appartement. Ils n’ont pas gardé les images au montage final. Enfin, tant pis.
Et maintenant, sur quels projets travaillez-vous ?
Je viens de finir l’écriture de romans, j’attends des réponses de maisons d’édition. Je chante le 14 décembre dans un lycée en région parisienne.
Et l’an prochain, je ‘fête’ mes 10 ans de ‘carrière’, un concert le 22 mars à l’Auguste Théâtre, à Paris, un beau théâtre de 100 places, suivi de concerts à Angers, Bordeaux, ailleurs…tout cela se met en place progressivement.
Dernière question, si vous tourniez un film en Afrique, il parlerait de quoi ?
Il y a beaucoup de mythes fascinants.Je dirais un sujet sur les mamiwatas. Ou la sorcellerie. Les hommes politiques qui font faire des sacrifices pour maintenir leur pouvoir.
Présenter une autre Afrique que celle encore trop souvent représentée dans les médias francophones. Même si les choses changent enfin. Filmer Libreville en long, en large. Ou alors filmer une comédie simple dans une station de ski en Afrique du Sud.
Merci Jann !
Merci la team AfrokanLife
Synopis de la Bête immonde,
Maggelburg, quelque part en Europe. Une jeune femme lesbienne issue de la petite bourgeoisie enquête sur la mort de son frère, dont le corps a été retrouvé à la lisière d’une forêt surnommée la forêt de Charniers.
Avec Ariane., MaïkDarah (la voix française de Whoopi Goldberg), Olivier Magdeleine, Marlène Pons, Mathilde de Sèvres, Karine Elwen, Gildas Jaffrenou, Marcel Déan, Dorian Isaac, Kevin Duplenne, Laurent Péan, Julien Macé, Bernard Froutin, JolyonDerfeuil. Le film fut diffusé dans plusieurs festivals et salles d’art et d’essai à Paris et en province de novembre 2010 à juin 2011.
Sortie DVD : 25/10/2012
Genre : fantastique
Site officiel : www.labeteimmonde.blogspot.fr