Afro Inspiration – Lassana Toure, auteur du livre TOTEMS

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Le premier tome parle de l’histoire de Bezia, qui dans une quête de justice par la vengeance, apprend qu’il peut être aussi humain qu’animal. Peux-tu nous en dire plus ?

Totems est l’histoire de Bezia, un jeune homme issu d’une famille sur laquelle plane un lourd secret. Bezia ne vivait qu’avec sa grand-mère, et ne connaissait que très peu de choses sur ses parents. Sa vie bascule quand un jour il découvre le corps de sa grand-mère assassinée sauvagement. Depuis, d’étranges phénomènes se produisent. Ce qui au premier abord ressemblait à l’œuvre d’un animal paraît désormais organisé, motivé. Ceci rajouta la thèse d’une implication humaine, à moins que ce ne soit l’œuvre d’un homme-animal. Dans cette quête du meurtrier de sa grand-mère, Bezia découvre l’existence d’un don maudit/béni selon les circonstances et fait la connaissance de l’animal qui est en lui (dans tous les sens du terme).

Devoir faire un court résumé nous pousse souvent à ne pas dire l’essentiel. Sans faire de spoiler pour les futurs lecteurs, l’histoire de Bezia n’est pas qu’une histoire de vengeance, elle met en lumière ce que l’homme a de mieux à offrir (amour, amitié, culture, ambition, tolérance, force) et ce dont il doit avoir honte (haine, meurtre, guerre, trahison…). Aucun résumé que je vous donnerai ne saurait rendre justice à une histoire remplie avec autant de valeurs et de rebondissements. Un bon auteur qui répond au nom de Christian Jannone en a fait une analyse assez intéressante que je vous invite à découvrir sur son blog « Barzanaum à Agartha city 2 ». Vous trouverez un extrait du livre sur mon site internet www.lassanatoure.com

Les histoires de vengeance, de métamorphose ont bercé beaucoup d’enfants en Afrique et continuent d’alimenter les faits divers. Qui est-ce qui a motivé l’histoire de Bezia ?

Comme tous ces enfants en Afrique, j’ai été bercé par ces histoires de vengeance et de métamorphose. Des histoires comme Batman, superman, Hulk, Flash, Iron man continuent encore à me faire rêver. Beaucoup de gens se demandent pourquoi n’existe-t-il pas de super héros noirs, d’autres s’amusent à déguiser des noirs avec les costumes de ces héros. Moi je ne dissocie pas un homme de son origine ni de sa culture, j’estime que l’Afrique mérite ses super héros et c’est ce que je lui offre à travers cette histoire.

Amazon Create-Space est ton éditeur, est-ce difficile de trouver une maison d’édition ?

Je ne connais pas vraiment les difficultés de la recherche de maisons d’éditions, dans la mesure où presque toutes les maisons d’édition à qui j’ai envoyé mon manuscrit étaient prêtes à le publier.

Cependant nous vivons dans un monde où beaucoup de décisions sont d’abord motivées par le gain d’argent. Les sociologues arrivent à prévoir les réactions de masse, car les hommes sont conditionnés de nos jours à réagir de la même manière, nous avons été formatés pour ça. De ce fait, les maisons d’édition savent à l’avance quels genres d’histoires sont susceptibles d’intéresser le public. C’est dans cette optique que beaucoup d’entre elles m’ont proposé de reformater mon histoire afin de la rendre plus commerciale.

Tout le plaisir que l’on retire de l’écriture est justement le fait de créer un produit fini à partir d’une simple idée. Cette idée est tout ce qu’il y a de plus originale, car elle provient d’une partie de nous qui nous dépasse nous-mêmes. Accepter leur modification impliquait pour moi de renoncer à tout ce pour quoi j’ai passé des nuits blanches (offrir à mes lecteurs ma vision dans sa forme la plus brute).

Dans un second temps, les maisons d’édition jugent une histoire d’assez bien ou pas, je suis contre ce jugement, car j’estime que toute histoire mérite sa publication si elle permet ne serait-ce qu’à une seule personne de ressentir du plaisir à la lire.

Mon service d’édition me donnait la liberté de faire ce que je voulais de mon histoire et voici pourquoi c’est lui que j’ai choisi. Une grande maison d’édition m’aurait assuré un plus grand nombre de lecteurs, mais elle allait retirer à tout jamais à mon histoire son authenticité.


Quel regard portes-tu sur la littérature malienne ?

« En Afrique, chaque fois qu’un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Cette citation de l’écrivain malien Amadou Ampâté Bâ a fait le tour du monde. La profondeur de ce message m’inspire de l’admiration, c’est d’ailleurs pourquoi je me base sur elle pour dire que l’absence d’écriture prive l’Afrique et l’humanité de la connaissance de ces vieux qu’on enterre avec leurs savoirs. Je respecte ces écrivains qui se démarquent de la majorité en laissant un héritage d’abord à notre continent puis au reste du monde. Les écrivains maliens les plus illustres (je cite Massa Makan Diabaté, Aouta Keita, Amadou Ampâté Bâ …) expriment à travers leurs textes des valeurs et une chaleur propres à notre continent, ce qui me donne forcément un bon regard sur la littérature malienne !

Comment comptes-tu encourager les jeunes écrivains comme toi ?

Je ne m’adresse pas qu’aux jeunes écrivains, je m’adresse à tous les jeunes qui ont une passion, un rêve qui leur semble trop grand. Dîtes-vous que :
— personne ne sait de quoi demain est fait,
— Chacun de nous est destiné à accomplir quelque chose sur cette terre, mais ce sont uniquement ceux qui feront l’effort d’entreprendre qui auront le plus de chance de réaliser leurs rêves.

Je vous encourage à agir, à construire au fur et à mesure et ne jamais vous arrêter avant d’avoir ce qui vous revient de droit, c’est cela qui donne tout son sens à la vie. 

Écrire est difficile, surmonter la difficulté est synonyme de grandeur. J’encourage tous les jeunes écrivains comme moi à aller au bout de leurs idées. Vos mots seront source d’inspiration pour de nombreuses personnes.

Dis-nous quelque chose sur le Mali que beaucoup de gens ignorent ?

Il existe une célèbre expression partout dans le monde « aller jusqu’à Tombouctou », elle est souvent utilisée pour décrire un endroit éloigné. Pour ceux qui ne le savent pas, c’est au Mali qu’est située la ville de Tombouctou.

Si je dis afro inspiration tu réponds ?

Quelque chose qui doit avoir une incidence sur le monde entier, ne serait-ce que pour faire honneur à ceux, qui au fil des siècles ont donné leurs vies pour que nous ayons notre mot à dire, et ainsi matérialiser cette inspiration.

Un dernier mot pour Afrokanlife ?

Je tiens juste à dire qu’Afrokanlife est une très bonne initiative, car beaucoup de médias ne montreront de l’Afrique que ses côtés faibles. Afrokanlife fait de la lumière sur ce que nous avons de mieux à offrir, sur des personnes et actes qui font la fierté de notre continent souvent jugé en deçà de sa juste valeur.

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