Si une image vaut mille mots, les peintures de Ludovic Pozzo valent mille poèmes. Rencontre avec ce touche-à-tout artistique originaire des Antilles.
Bonjour Ludovic, présentez-vous en quelques mots ?
Je m’appelle Ludovic Pozzo je suis un artiste peintre autodidacte et infographiste. Je suis originaire de la Guadeloupe et de la Martinique et je vis dans le Nord de la France.
Vous avez touché à la bande-dessinée, l’illustration ou encore la photographie d’où vient cette passion pour l’image ?
Cette passion pour le dessin existe depuis toujours. Enfant, je corrigeais dans ma tête les défauts esthétiques que je rencontrais un peu partout et à l’école je me suis aperçu très tôt que je n’avais pas mal de facilité à représenter les choses. Ça suscitait l’admiration de mes camarades ou ça les amusait, alors j’ai continué ! Au début c’était un passe-temps qui s’est transformé plus tard en vocation.
Que retirez-vous de votre passage à l’école des Arts Graphiques ?
C’était des années exceptionnelles, j’y ai appris un tas de choses, je regrette de ne pas avoir continué plus loin. Au niveau graphique j’ai appris à assouplir mon trait qui était à l’époque trop rigide et géométrique (génération manga!) La reproduction d’un sujet à l’identique était le défi que j’adorais relever pendant les examens ! Mais c’est surtout l’histoire de l’Art qui m’a marqué. On apprend grossièrement l’étude de tous les styles picturaux, les symboles et l’évolution de l’Art à travers les époques. Je pense que c’est indispensable pour comprendre l’Art.
Vous utilisez à la peinture acrylique et à l’huile, quelles sont les particularités de ces techniques ?
Tout est une question d’aise. Certains préfèrent l’acrylique car elle se dilue à l’eau, sèche vite et permet de travailler rapidement, pour les débutants c’est l’idéal. D’autres préfèrent la peinture à l’huile car elle plus est tendre au niveau de la texture et offre un très grand panel d’effets. On la dilue à l’essence de térébenthine et on peut la mélanger à des liants, siccatifs, huile de lin etc.
L’avantage de la peinture à l’huile est qu’on peut pousser très loin la transparence et la profondeur des couleurs. Elle prend quelques jours pour sécher ce qui permet de retoucher facilement en cours de route, mais elle est complexe car il faut savoir «doser» ses mélanges pour des effets précis. Par exemple il y a des temps de séchage à respecter pour superposer les glacis ( fine couche transparente). Peindre à l’huile c’est comme faire de la cuisine.
Pourquoi avoir choisi «la vie antillaise» comme thématique principale ?
La vie antillaise c’est ma culture et naturellement l’inspiration coule de source. Je puise l’inspiration un peu partout. Mon tableau « Un ami trouvé sur le chemin de Cohoba» est comme un hommage à toutes les tribus des Indiens arawaks et tainos qui peuplaient autrefois la Caraïbe. J’aime en général les cultures que l’on considérait du temps de l’époque coloniale comme «différente». L’identité créole est troublante car elle est faite de métissage et de cultures opposées.
Mon tableau «La Mulâtresse au Diamant« a été conçu dans cet état d’esprit. Est-ce qu’une jeune mulâtresse de Saint-Pierre devait porter un collier de perles blanches ou de perles d’or ? J’aime assez intégrer une histoire à mes tableaux et je suis Pablo Picasso qui disait :
« La peinture n’est pas faite pour décorer les appartements, c’est un instrument de guerre, offensif et défensif, contre l’ennemi. »
À quel endroit des Antilles avez-vous puisé votre plus grande inspiration ?
En Guadeloupe précisément en Grande-Terre car il y a des campagnes immenses. Je me souviens quand j’étais enfant, derrière chez ma grand-mère il y avait un grand jardin qui ressemblait plutôt à un parc et qu’on appelait «Bananier».Pour y entrer, il fallait franchir une petite palissade de feuilles de tôles situées au fond du jardin. On adorait aller y jouer avec les cousins il n’ y avait personne! Que des larges champs de cannes à sucre, des bananiers, des petits lacs, des arbres, des moulins abandonnés, des grands chemins blancs caillouteux, des boeufs et des cabris.. bref! Des animaux un peu partout. C’était paradisiaque. C’était comme un autre monde pour moi, je me la jouais Tom Sawyer !
Quels sont les artistes antillais qui vous ont influencés ?
Dans le domaine de la peinture, j’aime beaucoup le toiles de Lyonel Laurencea, mais je ne peux pas parler d’influence mais plutôt d’inspiration. C’est surtout la musique antillaise qui m’inspire. J’aime tous les chanteurs des années 80 qui ont marqué l’age d’Or du Zouk. Jocelyne Béroard du mythique groupe Kassav a une voix qui m’emporte . C’est par exemple de sa chanson intitulée « milans » que m’est venu le titre pour le tableau « Preneuses de milans gênées par un tambouyè». Prendre un milan en créole signifie aller commérer. Dans ce tableau l’une des deux femmes est gênée par ce tambour symbolique (qui peut émettre plusieurs sons différents).
Que pouvez-vous nous dire quelque chose sur la Guadeloupe ou la Martinique que beaucoup de gens ignorent ?
La Guadeloupe et la Martinique sont surnommées « les îles soeurs» mais elles ont leur caractéristiques uniques. Ce sont des départements français qui se situent non pas à côté de l’Afrique mais en Amérique centrale ! Connaître ça c’est la base mais c’est déjà pas mal ( rires) ! Pour le reste, je vous invite à y passer vos vacances, loin des clichés et de ce qui se raconte, ce sont des îles magnifiques et les gens y sont chaleureux.
Si vous pouviez être exposé dans toutes les galleries du monde ce serait laquelle et pourquoi ?
Je n’ai aucune préférence pour ce qui est des galeries et je ne cours pas non plus après les galeristes. Les amateurs d’Art adorent entendre qu’un artiste expose dans une «célèbre galerie de New-York» ça sonne toujours bien à l’oreille. La seule chose que j’aimerais pour mes tableaux, c’est un endroit épuré et paisible, des grands murs blancs avec un bon éclairage et un parquet sympa. Si je trouve un endroit pareil dans n’importe quelle ville je prends !
Où pouvons nous voir et acheter vos oeuvres ?
Toutes mes créations sont exposées sur ma fanpage Facebook qui s’intitule « Art Pozzo». Elle est accessible à tous. Actuellement je prépare toujours ma première grande exposition, mon soucis est de trouver un endroit . (Je gère tout tout seul, voilà pourquoi je prends autant de temps !) Pour 2013 j’aimerais exposer aux Antilles j’éspère pouvoir rendre cela possible. Pour acheter mes oeuvres il suffit de me contacter par email à cette adresse : peinture.pozzo@yahoo.fr
Un dernier message pour les lecteurs d’AfrokanLife ?
Merci à vous pour l’interview, j’ai passé un bon moment en votre compagnie… Mes pinceaux commencent à sécher il faut que je m’y remette alors je vous dis à bientôt à l’une de mes expos !
Lien : www.facebook.com/Ludopozzo
Contact : peinture.pozzo@yahoo.fr