Comment tester l’expérience de l’heure de bonheur ? Par Eyala Musango

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image black woman happy bonheur

Je vais parler de ce que j’ai appelé une heure de Bonheur. Bon mais en anglais ça sonne mieux: « An hour of happiness ».

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Je pense que je ne dirai jamais à mes enfants que le bonheur se trouve dans la durée, ou dans le futur. Parce que finalement la vie n’est pas partitionnée en moments ou en instants, c’est un gros tout. Le temps est une invention humaine, tout comme le sectionnement de l’espace. Ce sont des subterfuges mis au point pour pouvoir appréhender des notions que finalement, nous avons du mal à comprendre. De toute façon, quelle que soit la projection, quel que soit la préparation ou le manque de préparation, aucun de nous n’a le contrôle sur rien de ce qui va se passer durant la seconde, la minute ou l’heure qui suit.

Est-ce que je suis en train de dire que nous sommes inexorablement conduits par un destin sur lequel nous n’avons aucun contrôle… peut-être. Ou pas exactement, je suis en train de réfléchir au moment où j’écris. Je pense que ce que je suis en train de dire c’est que le bonheur ce n’est pas d’attendre le rendez-vous galant de mercredi soir, un appel ou un message. Ce n’est pas le diplôme qu’on aura eu dans quelques années. Je ne sais pas encore ce que c’est non plus, mais je pense être convaincue que le bonheur ne se trouve pas dans la projection. Je ne me projette plus, je ne fais plus vraiment de projets. Je me contente d’essayer de vivre chaque seconde, chaque minute en étant heureuse. En ne culpabilisant pas parce que je devrais être en train de travailler sur un projet que je dois remettre bientôt.

Je vais maintenant vivre avec vous l’expérience consciente de l’heure de bonheur. Il est 19h44. Je prends deux gorgées d’eau, je les savoure. Chacune à son tour. Pendant que j’avale celle-ci, je pense déjà à la prochaine, parce que c’est tellement agréable que j’en veux encore. Je le dis souvent, mais c’est assez contradictoire, ce besoin de toujours reproduire les choses qui nous donnent du bonheur comme si c’était possible. Ce qui est passé est déjà passé, et honnêtement il n’y aucun moyen de le reproduire. En considérant la vie comme un long fil dans lequel se suivent chronologiquement des choses et d’autres, il n’y a pas vraiment de moyen de remettre ensemble toutes les conditions, la même heure et le même état d’esprit, la même respiration ou le même regard, la même position des étoiles et tous les autres paramètres spatio-temporels, proches ou non pour reproduire ce qui a été vécu. Il est donc vain, non seulement de regretter les choses, mais également de vouloir les revivre ou les faire perdurer. Mais il semble impossible d’apprécier une chose pendant qu’elle est sous nos yeux, un moment pendant qu’il est en train de produire. Comme si le regard que l’on avait dessus était conditionné par son caractère antérieur, et que la beauté venait du fait que l’instant était déjà perdu. Comme si le vivre et l’observer à la fois n’était pas possible, on n’aime ce qu’on aime que par comparaison avec ce que l’on vit, aime ou voit maintenant qui est moins bien que ce qui a déjà été vécu, aimé ou vu, et le rend donc meilleur.

Il est 19h51. Je me demande si je suis en train d’apprécier le fait d’écrire ce texte ou de me projeter au moment où des gens le liront et me feront probablement des compliments sur le recul que je sais prendre ou les analyses singulières que je fais de moi-même et des situations quand je joue à la philosophe du dimanche. Honnêtement je ne sais pas. Je ne saurai dire si je suis en train de me projeter… Je repense à la semaine dernière, j’écrivais un texte qui s’est effacé et que je trouvais pourtant (presque) parfait. Je voyais déjà la pluie de compliments qui allait suivre et qui allait venir flatter mon égo qui ne semble pas se rassasier de ce genre de reconnaissance. Je devrais peut-être m’interdire de poster ce texte, ce n’est pas comme si il détient une vérité qui servira au monde ou un conseil qui influencera positivement une génération.

Je devrais parler de la remise en question peut-être. Ou de compliments tiens. Je disais récemment à une amie que je ne veux plus recevoir de compliments et que je ne compte plus en faire, et je vais vous expliquer pourquoi. Les compliments donnent une fausse appréciation des personnes selon moi. Le fait se faire entendre dire que l’on est beau, ou que son texte est bien écrit pour parler de moi par exemple, laisse penser que c’est cette reconnaissance qui donne de la valeur à ce que l’on fait. Comme si sans ça, il n’y avait pas de valeur propre à la chose appréciée. Comme si on avait besoin d’une note à tout prix pour valider ce qui est. Quel besoin y a-t-il finalement à donner un jugement de valeur sur les choses? Elles sont ce qu’elles sont, et honnêtement, le fait de dire à une personne qu’elle fait bien ne fait que nourrir son égo. Maintenant dire ce qui est mal peut être fait dans le but de corriger, mais là encore, il s’agit d’appréciations subjectives. Tout est une question de référentiel et peut être remis en question pour autant que l’on change un seul infime paramètre. J’ai fini par accepter le fait que j’aime parler, pour le plaisir de parler. Parce qu’aligner des mots en soi est un plaisir. Il est 20 h, je pense que je viens de vivre 15 minutes de bonheur, qui sont en train d’être perturbées par le besoin égotique de poster un article pour me faire jeter des fleurs? Ne le faites pas. Essayez simplement l’expérience de l’heure de bonheur et donnez-moi votre avis. Ça marche pour vous?


Cet article a été rédigé par Eyala Musango 

Bio de Eyala : * Chocolate Dream * I am that I am & I can be no one else. I am too many things to define, here are my thoughts, my moments & my philosophy. Let’s converse.