Afro Inspiration : Mata Gabin, artiste et comédienne

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mata la mytho chez les fous

Une serial menteuse, décline sa vie haute en couleur, entre embûches et malices. Mata Gabin nous plonge dans l’univers de Mata La Mytho.

Comment est né cet amour pour les mots et la scène ?

J’ai toujours aimé lire, des romans, des pièces, des biographies, et enfant j’aimais en Côte d’Ivoire les émissions de Léonard Grougouet et les films de Henri Duparc, je suis tombée dingue du jeu et des rôles de Naky Sy Savane.

De temps en temps après l’école j’allais voir des répétitions de comédiens à la cité des arts, tout cela m’attirait beaucoup. J’adorais cette façon qu’avait les acteurs de donné du sens au mots qui pour moi à l’école était ennuyeux mais qui sur une scène prenaient de l’épaisseur.

J’ai toujours parlé français et je suis tombé amoureuse de cette langue à travers les grands auteurs mais aussi j’ai aimé le Nouchi langage inventé par les gens de la rue, un mélange entre le français classique et des raccourcis ou des pirouettes de langage…

Les mots pour la scène ne sont pas dit de la même façon que dans la vie, et les maux de la vie sont porté au nues sur scène pour pointer du doigts les défaut des êtres humains et allez tous mieux…

J’ai toujours pensé que la scène était le meilleur moyen pour moi de dire que j’aime, ou que je déteste, enfin le meilleur moyen d’expression dont je pouvais disposer.

Pourquoi intitulé votre spectacle Mata La Myhto ?

Ce spectacle a eu plusieurs titres, et celui-ci est le définitif. Mata la mytho parce que c’est une façon pour moi de garder une distance, le spectateur décide ce qu’il veut croire vrai et ce qu’il pense être de l’invention.

Je ne veux pas heurter les gens. Je veux juste leur raconter le parcours atypique qu’est le mien et que nous partagions ensemble un moment de plaisir.

Alors comme j’aime la vérité on s’est dit avec mon metteur en scène que ce dernier titre suggéré par Franck Verrachia notre distributeur de DVD était un bon titre.

Il est efficace, on se demande si je mens ou si je dit vrai, il pose des questions sans donner de leçons, en gros il me correspond.

Dans la vie, êtes-vous aussi déjanté que le personnage que vous incarnez dans votre spectacle ?

Oui et non. Cela dépend des moments ou des situations. Mais c’est vrai que je suis plus exubérante que timide, plus rentre dedans que victime, et plus gueularde que chuchoteuse. Mais bon je suis une peu skyzo comme tous les artistes non ?

Comment s’est passé la collaboration avec Jean-Christophe Siriac ?

Je lui disais ce dont je voulais parler, je lui racontais ma vraie vie, et lui trouvais comment en faire un spectacle. Il a eu l’idée de cette sorte d’enquête qui remonte dans le temps et l’idée de l’effeuillage pour signifier que je me dévoile.

Il a eu toutes les idées de mises en scène et je suis ravie de travailler avec lui parce que l’on s’entend bien et il me comprend, la preuve, le public croit souvent que c’est moi qui ai écrit la pièce. Ce qui veut dire que les mots choisis vont bien dans ma bouche.

Comment lutter contre le fléau de l’excision ?

C’est très dur de lutter contre ce fléau parce qu’il s’inscrit pour certaines personnes dans une tradition. Alors comme je ne participe pas à des tables rondes sur la question, ce genre de moment est trop scolaire pour mon coté déjantée, je me suis dis que je pouvais mettre à profit mon expérience personnelle.

J’ai échappé à ce fléau grâce à ma grand mère et ma mère et donc, je veux leur rendre hommage et les remercier à travers cette pièce.

Lutter contre quelque chose c’est aussi dire que cette chose existe et pointer les souffrances qu’elle cause. J’aimerais avoir aussi des actions plus ciblées. Avoir un public plus concerné par ce fléau, pouvoir avec l’humour soulever ce voile de pudeur et de tabou; et entamer le dialogue pour que cette pratique disparaisse à tout jamais.

1. Un endroit favori ?

  • En Corse “Miomo et Casabianca” mes villages d’enfance.
  • En Martinique ” Le Lamentin Roche Carré” le berceau de la famille Gabin
  • En Côte d’Ivoire “La canne à sucre” la boite de nuit de mes parents corse.

2. Une musique favorite ?

  • En Corse “Bédi Dume” chanson sur la fête de village
  • En Martinique “La biguine”
  • En Côte d’Ivoire “Aïcha Koné, Ernesto Djédjé, Nayanka Bell”

3. Ton plat favori ?

  • En Corse “Fiadoné” Gateau au Brouichiou
  • En Martinique “Planteur coco” caresse antillaise
  • En Côte d’Ivoire “Foutou sauce graine” Mon royaume pour une sauce graine

4. Ton mot favori ?

  • En Corse “Ayo” ce qui veut dire s’il te plait.
  • En Martinique “Bonda mamaou” insulte suprême sur la mère.
  • En Côte d’Ivoire “Ya pa drap” ce qui veut dire y’a pas de problèmes.

5. Une source d’inspiration à nous partager ?

  • En Corse, je suis toujours très touchée par la fierté corse, même si ce sentiment n’est pas toujours bien perçu. J’aime beaucoup le sentiment de fierté légitime de ce qu’on fait, de qui on est, d’ou l’on vient, et le côté solidaire du clan famillial.
  • Par la Martinique, je suis inspiré par la détente et la façon de ne pas se stresser pour tout et pour rien. La philosophie de vie de partage et de recul sur les choses, rien n’est fait dans l’urgence et ce n’est pas forcément négatif.
  • De la Côte d’Ivoire, j’aime l’ingéniosité qui ressort du manque de moyen, j’ai vu des enfants se construire des jouets magnifique avec les moyens du bords et ça ce sont des leçons de vie.

Nous remercions Mata Gabin de nous avoir accordé cette entrevue.

Mata la Mytho Chez les Fous – 52, rue de la Tour d’Auvergne 75009 Paris
Tous les Samedi et Dimanche à 18h30 – Réservations : www.fnac.com
Contact Presse : Blanche KAZI – Courriel : kaybeproductions@laposte.net – Tél : 06.74.81.44.74