Le football est à la fois le lieu, la cristallisation de la passion sportive et le témoin des imaginaires identitaires. C’est aussi un domaine intéressant et pertinent pour raconter la question migratoire comme le fait Foot et immigration, 100 ans d’histoire commune par Eric Cantona.
Des années 1930 à nos jours, le football, avec notamment la composition de l’équipe de France, est le reflet de la pluralité de la population française. Raymond Kopa, Michel Platini, Zinedine Zidane, Basile Boli… ces quatre footballeurs permettent à eux seuls d’illustrer les quatre grandes vagues d’immigration qu’a connues la France.
Tous fils d’immigrés polonais, italiens, algériens ou maliens. Dans ce documentaire, Éric Cantona, lui-même petit-fils d’immigrés espagnols et italiens, rend hommage à ces footballeurs qui ont contribué à écrire les plus belles pages de l’histoire du football français.
Ces grandes figures du ballon rond témoignent de leurs premières parties de foot dans les cités ouvrières polonaises de Lorraine ou maghrébines des quartiers nord de Marseille ; de la fierté des pères ; de leur double culture ou de l’injonction de chanter La Marseillaise comme brevet de francité. “Personne ne la chantait à l’époque”, témoigne Platini. On retiendra également le récit touchant du père de Zidane.
Dommage que Cantona n’ait pas nourri son documentaire d’analyses sociologiques, politiques ou historiques pour servir le propos du film qui rappelle cette vérité absolue. Le football (et le sport en général) reste l’un des seuls terrains de justice sociale où les compétences sont récompensées, peu importent la couleur et l’origine.