Identité Noire et spiritualité universelle. Par ASSOUKA.
Il devenu commun, pour une partie de l’élite intellectuelle du monde Noir, d’exhorter au retour à une religion Négro-Africaine authentique. Cet activisme médiatique n’est pas sans questionner la majorité d’entre nous qui sommes considéré comme perdus de par nos choix de vie et surtout de par notre engagement religieux. Bien sûr la référence élogieuse de cette renaissance du monde Noir reste l’Égypte antique et ses références. Cette civilisation semble nourrir tous les espoirs de cette intelligentsia face au rejet du modèle occidental et l’avancée du désert que représente l’acculturation de l’élite Noire. Revenir à cet idéal Négro-Égyptien est équivalent à demander à une bonne partie des francophones de se remettre au gout du latin et d’en faire à nouveau une langue vivante. Ce après toutes les mutations, adaptations et évolutions subies par les peuples concernés au cours de leur histoire.
Le défis auquel nous presse, ceux qui sont communément appelés afro-centristes, mais avec le plus souvent un fond péjoratif, est d’abandonner notre culte de Dieu par des religions exogènes qualifiées de “révélées” à celui d’un Dieu et d’ancêtres plus compatible avec nos réalités tribales. Ceci rejoint presque mon opinion passée partagée dans mon article “Pour une restauration du modèle spirituel noir” qui était un rappel de notre spécificité et un encouragement à garder et transmettre un héritage authentique qui nous caractérise. Mais Il s’agissait plutôt là d’insister sur l’identité, sur l’identité Noire. Celle qui permet d’évoluer dans le monde avec une fierté basée sur des hauts faits historiques des membres de notre communauté ou sur les symboles tangibles de notre civilisation faite de diversité de peuples africains ou Kamit (incluant les diasporas). Le tout dans la plus grande légitimité. C’est cette identité noire et fière qui nous fait épouser d’autres spiritualités dans une adhésion qui est portée par l’universalité des Messages. C’est cette identité noire capable d’absorber, par la richesse de sa pensée intrinsèque, d’autres concepts issus d’un prosélytisme religieux inhérents à divers peuples, espaces ou époques. Enfin c’est cette identité Noire, faite de tempérance et d’abnégation, qui feront dominer l’expression de la haine face à la violence d’un juif d’Israël contre un venant d’Éthiopie, la condescendance d’un chrétien d’Europe face à un coreligionnaire venant d’Afrique subsaharienne ou encore dans le regard raciste d’un vendeur de Kebab du moyen orient ou du Maghreb contre son frère en religion Noir ne portant pas d’attribut visible de son Islam. Tristes réalités qui font notre quotidien hélas.
Nous avons besoin de paix pour bâtir économiquement notre chère Afrique et le combat que nous projetons contre les autres est celui qui subsiste en nous après des années d’interaction avec les autres. Pourquoi alors jeter le trouble sur le métissage de nos croyances et dénoncer le plagiat de notre source lorsque, certes, nous avons eu la responsabilité d’être à l’origine de tout? Il relève d’une forme de malhonnêteté intellectuelle de pointer du doigt les incohérences des références religieuses des autres pour justifier sa suprématie en compensation d’un sentiment de victime. Cette dernière s’est manifestée dans des conditions bien précises. La plupart des initiés et théosophes toutes religions confondues conviendront qu’il y a une constance dans le Message de Dieu faite d’élection, de révélation, de rappel en cas de transgression etc. les supports de ce Message sont souvent allégorique et font intervenir des tableaux initiatiques, des archétypes que chaque peuple reçoit de façon adapté par la voix du messager qui lui est envoyé mais que tout grand initié et connaissant d’ailleurs peut comprendre en s’élevant spirituellement. Il n’y pas rétrojection mais participation à la même trame rituelle qui s’adapte au contemporain. On communique donc tous à la même Source: Dieu. Et la religion dite Négro-Africaine n’échappe pas aux caractéristiques d’être un monothéisme révélé (sous une forme intuitive, analogique, ou directe) à des êtres accomplis qualifiés de dieux, d’immortels et non un simple jeu de réflexion ou d’essai erreurs. Je prends pour exemple la révélation sur la Création de l’Univers faite à l’ancêtre Oyono Ada Ngone par Êyô dans le Mvett des Fangs du Gabon. Les Fangs sont des descendants des Négro-Égyptiens qui ont migrés.
La reddition et la restauration des faits historiques et le respect du continu de ces révélations parait plus important qu’un classement entre spiritualités. Sachant que les uns privilégie l’immanence de Dieu et les autres sa transcendance. Par ailleurs, le culte est toujours rendu à Dieu seul en marge de la simple mémoire des ancêtres – à travers l’héritage socioculturel et à titre de vestiges et de source de fierté. Leur aide n’est pas tant le fait de demandes que de leur devoir fidèle de solidarité avec les vivants qui ne s’estompe pas après le passage dans l’au-delà. Ainsi la libation devrait être un acte simple et symbolique de mémoire et non une forme de prière. Rien à voir avec l’offrande faite sur un autel d’une hypostase de Dieu qui a pour but de mettre en marche la force vitale universelle particulièrement maîtrisé par l’Homme Noir.
Nous devons donc guérir de cette crise d’authenticité, nous grandir dans notre identité pour absorber la richesse culturelle qui s’offre à nous avec la mondialisation, pour ne pas nous perdre (Mt 5 :13) et continuer de bâtir une Afrique riche et prospère, berceau de toutes les “humanités”.
« La spiritualité est l’essence qui lie les Hommes à Dieu et la raison d’être de sa Tradition. Elle ne saurait se pervertir dans l’action malsaine d’un esprit s’opposant à l’évolution naturelle de la Création »
ASSOUKA est le Mystère du double de l’Auteur. Il est le personnage d’une série de textes qui permettent de suivre et de comprendre une formidable aventure spirituelle dont l’accomplissement permettra à un Peuple de faire résonner le Cri de la Calebasse…
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