Joey Saputo a exprimé dans les derniers jours et à plusieurs reprises dans les dernières années son mécontentement face aux foules qui se présentent au Stade Saputo ainsi qu’au Big O. On a également souvent entendu de la bouche du président qu’il y avait un manque de buzz autour de l’Impact. Qu’on soit en accord ou non avec un des piliers du foot au Québec sur sa façon de faire pour démontrer son mécontentement, il faut lui concéder qu’à certains moments, il avait raison. A-t-il par contre raison d’être déçu par les foules qui viennent voir le « Bleu Blanc Noir » ? Il faut mettre en lumière que l’assistance au match d’ouverture est passée de 55k en 2012 et 37k en 2013 à 27k en 2016. Voici une analyse chiffrée de la situation d’#IMFC.
Tout d’abord, il est important de connaître le marché dans lequel l’équipe de la métropole évolue, soit celui de la MLS. Il faut savoir que la moyenne de partisans assistant aux rencontres de la Major League Soccer a grandement progressée, depuis 15 ans. Le circuit Garber a vu son assistance moyenne augmenter de 65 %, entre 2000 et 2015, se chiffrant maintenant comme une des ligues les plus populaires du monde. La MLS se hisse désormais tout juste derrière la Serie A (22k) et la Ligue 1 (22k) avec 21 500 spectateurs en moyenne par rencontre, malgré le fait que le niveau du jeu est, sans se mentir, beaucoup plus bas que deux des cinq meilleures ligues du monde. En tête de peloton se retrouve La Liga Mex (25k), la Liga BBVA (27k), la EPL (36k) et la Bundesliga avec 45 000 spectateurs en moyenne, sur l’ensemble de l’année 2015.
Du côté de l’équipe montréalaise, il faut statuer que le Stade Saputo possède une capacité de 20 341 sièges avec la configuration qui est en opération depuis son entrée en MLS. La moyenne de partisans depuis le grand saut dans la première division nord-américaine était de 22 772 (110 %), 20 602 (101 %), 17 421 (86%) et 17 750 (87%) en 2015. Y a-t-il ici un lien avec la performance de l’équipe? Bien sûr que oui. La première année fait évidement fausser les résultats avec des matchs où Beckham était en ville au Stade Olympique. De plus, le fait que se soit la première année en MLS a changé la donne pour la moyenne qui se devait d’être plus élevée, en raison de l’engouement pour un nouveau produit. L’année 2013 fut la meilleure saison de l’Impact, et ce fut aussi une saison où l’équipe de Joey Saputo s’est rendue en série, ce qui a bien évidemment permis d’obtenir de très bons chiffres à la billetterie. Les chiffres d’assistance étaient au rendez-vous, alors que le Stade Saputo était une forteresse et l’Impact n’y perdait plus.
L’épopée de Frank Klopas a grandement nuit à l’affluence de la foule. Avec une saison très difficile avec 6 victoires sur 17 matchs à domicile, cela a fait en sorte que les tourniquets ont été franchis à moins de reprises que la saison précédente où Marco Di Vaio marquait à presque tous les matchs à domicile. Après en 2015, il est normal qu’on ait eu un engouement moindre pour l’Impact, étant donné que le début de saison fut plus que catastrophique sous l’ère Klopas. On a même affiché des foules de 13 000 spectateurs à plusieurs reprises, 12 000 et même 10 000 personnes. Dès que l’équipe a repris le chemin de la victoire suite à l’arrivée de Mauro Biello et de Didier Drogba, le Stade Saputo fut rempli dans son entièreté. Montréal est-elle une ville de sports ou une ville de gagnants ? Poser la question c’est y répondre. Il n’y a que pour les Canadiens que les gens assistent aux rencontres, peu importe les résultats sportifs.
Si on compare les chiffres de l’Impact de Montréal face à la ligue, on se rend compte que la régression au niveau de l’assistance au Stade Saputo n’est pas due à un engouement moindre pour la ligue. Si on regarde la moyenne depuis 2012, on observe une progression marquée. Pour 2012, la moyenne s’affichait à 18 807, puis à 18 608 pour 2013, soit une baisse de 1%. Il est à noter que les chiffres furent faussés par Chivas USA qui faisait baisser la moyenne avec ses 8000 partisans en moyenne. De 2013 à 2014 l’augmentation s’était chiffrée à 3%, alors que la moyenne avait atteint la barre des 19 000 spectateurs par match. Encore une fois, Chivas USA changeait la donne avec une moyenne de 7000 fans. La plus grosse progression est évidemment liée aux nouveaux marchés que sont Orlando et New York qui ont permis une progression de 13 % entre 2014 et 2015, tandis que la billetterie du Stade Saputo subissait elle une baisse.
Bref, Monsieur Saputo, il est clair que vous êtes en droit d’être déçu de la performance au guichet de votre club. Le marché montréalais est avant tout un marché où les gens consomment les autres sports en situation positive et surtout lorsque l’engouement est grand. Un staff 100 % montréalais, des vedettes qui parlent le français ( Piatti, Drogba, Ciman et Bernier) et surtout un peu moins de drame autour du club, souvent provoqué par un manque de transparence, est la solution gagnante pour un succès aux guichets. Ce n’est pas chose facile que de réunir toutes ces conditions, mais avant que les fans de sports soient convertis définitivement à la marque montréalaise, vous vous devez de continuer sur votre lancée. Si après cette saison, l’Impact ne figure pas encore parmi les meilleures équipes de la ligue au niveau des assistances, il sera temps de lancer la serviette, car moi aussi je ne comprendrai pas.