Lui : pour une heure, tu prends combien?
Un artiste : 15.000
Un autre artiste : 150.000
Pour une heure.
Soixante minutes de transe et de sudation, soixante interminables mesures qui donnent aux coeurs le rythme qu’aucune peur ne procure, au corps les spasmes qu’aucune étreinte ne permet.
Soixante minutes de sonorités populaires ou pas, de juxtaposition habile ou pas de mots empruntés tantôt à la rue, tantôt à l’école. Soixante minutes si identiques et pourtant si différentes, d’un artiste à l’autre.
A la question “à qui la faute?”, je me tiens à la place de l’artiste et crie sans gêne “je plaide coupable, votre honneur”.
Oui, coupable je suis de ne demander pour mon art que le montant de la valeur que je lui donne, coupable de m’insurger par la suite d’être celui qu’on enfourne, le dindon grassouillet d’une farce que j’ai moi-même choisie.
700, 800, 900, 1000F! Augmentez le prix… on va toujours payer!
Transe à la passe, femmes à la pelle, pelles à la louche. Rien ne va plus. Et tourne la roue de la chance. Faites vos jeux et annoncez vos cartes!
Chaque joueur, maître de son succès, joue de regards, de mots et d’artifices divers pour feindre le succès arrivé à sa porte la veille. C’est à celui qui convaincra mieux que les autres de la valeur de son oeuvre.
Des trottoirs de nos rues mal éclairées aux sonorités reptiliennes aux galeries d’art, des salles d’entretien d’embauche aux salles de spectacle, qui fixe le prix de l’art, en vérité si ce n’est celui qui se prétend artiste?
Pense-y, artisan d’une création stérile, élève-toi et sois la voix de ton salut, car les amateurs d’art ne paieront le juste prix que pour l’art, et pas l’artisanat.
Voilà.
Cet article a été rédigé par Patrick Epee
Bio de Patrick: Publicitaire iconoclaste et poète de la rue, je suis un artisan de l’image, celle que l’on présente de son masque et observateur de la société, nue.
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