En ces moments de conjonctures, également depuis des siècles, il ne se passe pas une journée, semaine et mois sans que dans nos familles et dans l’espace public le mot « violence » n’apparait pas au travers de différentes situations que nous pouvons rencontrer.
Selon Aristote, « l’homme est par nature un animal politique » et cette homme, c’est moi, vous, nous qui pouvons être derrière des institutions telle qu’elle soit. Le but de ma démarche est de me focaliser spécifiquement sur le plan politique de cette problématique qu’est celle de la violence.
Pourquoi ai-je pris ce prisme? Il est parti d’un constat très simple : De ce que je peux connaître à travers les écrits, les études, les différents débats, il n’y a jamais eu autant d’effervescences telles qu’elles soient (Positif ou négatif) sur la violence. Certains appellent ça « maladie de la cité » « échec
de la rationalité institutionnelle », « manifestation extrême de la décision politique » « dérive ravageuse d’événements imprévisibles », la violence a longtemps été l’autre de la politique. Si le pouvoir ne peut exister sans légitimité, la violence est son instrument INAVOUABLE.
Inversement, on s’en saisit pour renverser un ordre politique jugé souvent injuste et fonder un ordre nouveau.Ce construit relègue la violence à celle de l’exception. Toutefois elle semble aujourd’hui avoir laissé la place à une profusion de passages à l’acte qui ne sont plus étayés par un discours idéologique nettement articulé mais, au contraire, souvent au plus bas de la société pour n’acquérir, finalement,un sens politique qu’une fois portés par l’opinion sur la scène publique.
Normalisé dans l’histoire du 20ème siècle, bannie de nos sociétés pacifiées et exorcisée à travers le culte de la mémoire, la violence revient dans l’actualité de manière intempestive et troublante. Les frontières entre le domaine public et criminel s’effritent, tandis que peine à émerger ce qui serait un radicalisme insurrectionnel fondé sur des actions directes. Je fais référence par exemple aux jeunes de cité qui brulent et cassent des voitures des parents, qui souvent, sont ceux de leurs amis. Font-ils acte de désobéissance « civile » ? Les écoles, les voitures brulés pendant une émeute émaillent notre actualité sont-ils les indicateurs d’un mécontentement collectif ? Pour le politique la colère est une passion mal considérée, alors même que l’indignation connaît un regain d’intérêt et vient contredire l’idée d’une apathie des citoyens dans les pays occidentaux.
Pour se situer par rapport à la violence, la pensée politique a retenu pour l’essentiel plusieurs voies. Parmi elles, il y a celle qui consiste à concevoir la politique comme une solution à l’état de guerre. La paix est identifiée au bien commun, fin naturelle du pouvoir et dans le prolongement de l’aptitude naturelle de l’homme à vivre en société.
Violence de l’état, violence contre l’état à travers l’historicisation de la politique opéré par Machiavel, la violence est entendue comme atteinte à l’intégrité physique des personnes et comme destruction de biens qui intègre le champ de la conflictualité politique. La violence n’est ni assimilable à une déchéance du droit dans les faits, ni à réduction de la politique à une technique du pouvoir. C’est-à-dire une faille installée au cœur du politique qui est à la fois à l’origine de l’état, et étouffée, régulée, instrumentalisée par ce dernier. De ce fait cette conception instrumentale de la violence n’a plus cours aujourd’hui. La violence est omniprésente, dispersée, larvée et surtout insaisissable.
On peut donc assister à des effets de conjonction. D’une part elle semble dépolitisée, en ce sens que les catégories traditionnelles qui pensaient la violence en rapport avec l’état sont devenues inopérantes. C’est un magma fait d’interventions militaires ciblées, d’accès de fièvre émeutière, d’attentats de toutes natures, de tueries collectives, de faits divers sordides et ubuesques, de délits visibles, la violence est COEXTENSIVE à la SOCIETE, tandis que la politique tend à devenir synonyme de sécurité.
Si nous partons du postulat que la violence n’est plus au service du politique, recouverte par lui, comment préserver, dans sa complexité, la question de Machiavel nous rappelant à la fois que le politique ne peut exister sans violence et que l’excès de violence abolit le politique ? Les tumultes démocratiques et les structures institutionnelles peuvent-ils produire un espace où la violence prenne sens, non pas comme une déviance mais une pathologie ?
En sommes ce qui est alarmant et préoccupant, c’est précisément la violence sourde, qui embrase, sidère, au-delà des formes les plus saillantes de la violence politique que souvent le peuple demande et en redemande ; guerres, génocides, nettoyages ethniques, terrorisme, au-delà des phénomènes de violence sociale les plus souvent médiatisés, ces faits divers suscitant des émotions collectives et provoquant l’intervention de l’Etat. Délinquance, grande criminalité, violences dans des stades de football et d’autres sports ou encore dans des établissements scolaires.
Il s’agit d’interroger des manifestations de violence qui, précisément, ne sont pas encore saturées de sens politique. Des violences sporadiques, sans discours, parfois sans idéologie, voire sans conscience, qui mettent à mal le monopole de la violence légitime des Etats, affleurent en marge des mouvements organisés, forcent l’entrée de revendications privées dans l’espace public, font voler en éclats les cadres institutionnalisés du conflit et du DIALOGUE SOCIAL.
Cet article a été rédigé par Jean-Joseph Agoua du blog jeanjosephagoua
Bio de Jean-Joseph : Responsable du think tank Générations Horizons. Journaliste Pigiste pour le Bouquet Africa. Jeune homme dans la vingtaine en quête de vérités! Mes écrits n’engagent que ma personne.
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