Vendredi 4 mars, Kendrick Lamar a largué un nouvel album surprise. Retour sur un phénomène musical et politique.
Kendrick est un des seuls (avec Queen B) qui peut se permettre ce genre de surprise. En effet, il n’a pas annoncé son album, n’a pas utilisé de publicités et lui a à peine donné un nom : Untitled Unmastered, qui entre nous, n’en n’est pas vraiment un. C’est ainsi grâce à un simple tweet que la toile a pu se déchainer sur son nouvel album, aussi bon qu’engagé. Le rappeur préféré d’Obama a construit son album sur des sons minimalistes et jazzés, appuyés par de nombreuses harmonies vocales féminines. Il dure 32 minutes et est composé de 8 morceaux enregistrés entre 2013 et 2015. Chacun de leur titre correspond à leur date de passage en studio.
untitled unmastered. https://t.co/YlAszcK4e4
— Kendrick Lamar (@kendricklamar) 4 mars 2016
Nous tenons à préciser que cet article ne se concentre pas sur la critique musicale de son album. Kendrick Lamar est aujourd’hui un artiste reconnu pour la qualité auditive qu’il produit et à cette heure-ci, cet élément ne peut être contesté. De même, analyser des morceaux produits avec 2 ans d’écart (dont certains sont des simples freestyles ou des enregistrements d’émissions) mettrait uniquement en valeur l’évolution du style de Kendrick Lamar, ce qui n’est pas forcément une réflexion très constructive. Enfin, les gouts et les couleurs de se discutent pas. Ainsi, il sera question de se concentrer non pas sur l’album en lui-même mais plutôt sur sa portée politique.
En pleine période de primaires américaines, Kendrick Lamar partage avec son public des messages et idéaux forts en s’incrustant lui-même dans la vie politique de son pays. Premier sujet important abordé : la religion. Il invite son public à se méfier de l’hypocrisie des croyances et des athées. Il revendique la culture de la rue, authentique qui correspond aux débuts difficiles qu’il a passé à Compton, une ville près de Los Angeles. Il parle aussi publiquement de sa foi chrétienne, qu’il a peur de perdre à cause de conflits créés au sein des États-Unis.
untitled 03 | 05.28.2013.
Une vidéo publiée par Kendrick Lamar (@kendricklamar) le
A l’instar de Beyonce avec son titre Formation, Kendrick s’engage dans la lutte pour les droits des afro-américains qui sont des victimes privilégiées de la société américaine. Il tente ainsi dans un de ses morceaux de rentrer dans la tête d’un meurtrier, expliquant que cette violence non-justifiée pourrait lui faire perdre sa fidélité et sa conviction en la religion chrétienne. Il a déjà abordé ce sujet dans une performance plus que remarquée aux Grammys en mi-février, qui a fait réagir les réseaux sociaux tant par son message que sa réalisation. Ainsi, encore fois avec ce nouvel album, il dénonce un racisme ambiant aux États-Unis.
Le message principal qui ressort de cet album se trouve être le mal-être de Kendrick Lamar face à la célébrité et à sa place dans une société vivant une crise spirituelle majeure. L’engagement politique de ce dernier ne peut plus être douté. Ainsi, cet album peut être compris comme une échappatoire pour ses craintes et ses questions sur le présent et le futur de la société. Untitled Unmastered est disponible sur Itunes et Spotify et fera peut-être autant de bruit que l’excellent Pimp my Butterfly, son quatrième album qui a été récompensé il y a trois semaines aux Grammys.
Et pour couronner le tout, c’est Egypt, le fils d’Alicia Keys et de Swizz Beat, qui aurait produit le track n 7 de l’album.
Egypt truly produced untitled 7 on Kendrick Lamar’s album👏🏽 pic.twitter.com/xSocBPGC3q
— PROTONIX MUSIX (@ProtonixMusix) 6 mars 2016
Cet article a été rédigé par Salomé Grouard, étudiante à McGill University, passionnée du monde et de l’humain. Cherche à propager la culture et la bonne humeur par l’écriture et la photo.