La démocratie au Cameroun : un État adémocratique ? par Louis-Fréderic Moudourou

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La démocratie au Cameroun : un État « adémocratique » ?

Il convient tout d’abords d’expliciter les termes employés dans le titre, car en effet, avec votre permission j’use ici d’un néologisme afin de définir le régime politique du Cameroun. Il est nécessaire d’expliquer pourquoi avoir choisi le terme « adémocratique » et pas un autre.

S’il fallait donner une définition à ce terme nouveau, je dirais qu’un Régime est adémocratique lorsqu’il ignore tout, ou une partie des principes démocratique. J’ai été surpris de découvrir que d’autres avant moi ont utilisés ce terme, notamment Thierry Brugvin dans son ouvrage « Les mécanismes illégaux du pouvoir », ce dernier définit un régime adémocratique comme « relevant de la gouvernance légale, non transparente (occulte) par des acteurs non légitimes du fait de leur nature, car non indépendants économiquement, non élus démocratiquement, les décisions sont insuffisamment participatives, ne respectant pas l’Etat de droit (les lois), ne permettant pas l’égalité des conditions ».

En résumé, un Régime est adémocratique quand il est fondé sur une gouvernance légale, non transparente, par des acteurs non légitimes. Dans le but de qualifier précisément le régime en place au Cameroun, le juriste que je suis, soucieux du détail n’a été satisfait par aucune typologie qu’offre le Larousse. Certains définissent le régime actuel au Cameroun comme étant dictatorial ou tyrannique.

Le Cameroun n’est certainement pas un Etat démocratique au sens Occidental j’entends, mais le définir comme étant tyrannique reviendrait à dire qu’une personne seule et son entourage dirigeraient le pays à leur seul profit, et cette dimension politique produirait une persécution du peuple c’est à dire une répression sanguinaire de la population. Il ne pourrait être dictatorial, car ce régime se caractérise par la présence d’une ou plusieurs personnes auquel tout le monde serait complètement soumis par la peur et par l’assentiment.

Ecrit en période électorale au Cameroun, l’objectif de cet article est de partager mon point de vue sur la situation actuelle au Cameroun, et de faire comprendre à mes compatriotes quels sont les enjeux d’une prise de conscience collective.  La brièveté de cet article sera due au fait que j’aurais à cœur de m’abstenir de discours grandiloquent, je prendrais le soin de m’exprimer simplement, d’aller à l’essentiel pour que les esprits les plus simples saisissent la quintessence de mon propos.

Présentation Générale

Au fond, les gouvernants veulent gouverner, et le peuple veut vivre en dehors du joug de la domination. Il s’agit en clair de se poser la question de comment rendre la domination supportable. Les Hommes sont insatisfaits, Machiavel disait déjà que la nature à crée les Hommes de tel façon qu’ils peuvent tout désirer et ne peuvent pas tout obtenir, si bien que le désir est toujours supérieur au pouvoir d’acquérir, il en résulte le mécontentement de ce qu’on possède, et le peu de satisfaction de ce qu’on a.

Les gouvernants ont la tâche ardue de soulager ce mécontentement et de satisfaire autant que possible les Hommes qu’ils gouvernent. Si ce mécontentement perdure, les Hommes changeront alors de gouvernants, car en effet depuis toujours, les Hommes changent volontiers de maître croyant trouver mieux.

Empêcher l’Homme d’une quelconque manière de changer de maître revient à le privé de sa liberté. L’Histoire nous a appris qu’on ne peut priver l’Homme indéfiniment de liberté, La récente révolution Egyptienne à due faire sourire bon nombre d’Historiens car en effet l’une des plus anciennes révolutions doit sans doute être Moïse sortant le peuple juif du joug de Pharaon.

La Question que nous allons aborder est complexe, car il s’agit de comprendre comment un Homme, assis sur un trésor, meurt de faim. Vous l’aurez compris, l’Homme représente le Cameroun, le trésor le sol et le sous-sol du Cameroun. Cameroun, pays dont on ne finit pas d’épuiser les superlatifs : château d’eau d’Afrique, Afrique miniature, grenier de l’Afrique Centrale etc…

Cependant, avec toutes ces richesses, le Cameroun n’est rien d’autres que la 11ème plaie d’Egypte. Selon le rapport  des services du FMI sur les consultations de 2009, 40% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté c’est-à-dire avec moins de 2 dollars par jour, alors même que la dette du Cameroun a été annulée en 2006.

Troisième potentiel hydroélectrique du continent, le Cameroun connait un nombre incalculable de coupures de courant. Elles sont la résultante du matusalenisme  du réseau électrique qui date de plus de 30 ans. En effet, à  cette époque, le Cameroun comptait un peu plus de 10 millions d’habitants. Le réseau de cette époque était adapté à supporter le flux d’énergie circulant par ces câbles électriques pour alimenter un nombre de foyer précis. Or aujourd’hui, le Cameroun compte plus du double du nombre d’habitants, mais l’aménagement et le renouvellement du réseau électrique n’a pas suivi la démographie croissante. D’où il en résulte une incapacité du réseau actuelle à supporter le flux d’énergie nécessaire pour alimenter l’ensemble de la population en électricité. On ne peut donc reprocher à l’actuel fournisseur d’électricité de faire en moins de 10 ans ce qui aurait dû être fait par l’Etat au cours des 30 années précédentes.

Le Cameroun possède les routes les plus mauvaises d’Afrique et l’on y dénombre 1,2 km de chaussée goudronnée pour mille habitants, alors que ce taux est de 2,4km dans la sous-région. Pas étonnant que le coût du transport de la tonne au kilomètre y soit de 0,13 dollar, alors qu’il ne dépasse pas 0,005 dollars en Afrique Australe. « Le transport de marchandise entre Douala et N’Djamena coûte six fois plus cher qu’entre Shanghai et le port de Douala, il dure également deux fois plus longtemps : soixante jours contre trente » déplorait l’ancien président de la Banque de développement des Etats de l’Afrique Centrale, Anicet Georges Dologuélé.

Nous venons de faire état de manière non exhaustive des ressources et des lacunes dont souffre le Cameroun, on peut en conclure qu’il existe une réelle antinomie entre le potentiel humain, matériel, et intellectuel dont bénéficient le Cameroun et la place que ce pays occupe au sein de l’échiquier géopolitique mondial. La question qui nous vient instantanément à l’esprit est comment expliquer ce paradoxe ?

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE. LIRE LA SUITE ICI

Cet article a été rédigé par Louis-Fréderic Moudourou Etudiant à la Faculté de Droit de l’université Paris 1, Panthéon-Sorbonne.