Le tendre récit de mon intégration française (Part ouane)
Partie première : La vie derrière soi.
Je suis né un dimanche d’automne dans une maternité qui n’appartient plus qu’au passé, elle faisait face à une rue aujourd’hui envahie de grandes enseignes aux néons éternels. Fils de migrants, j’étais l’enfant de l’espoir, celui qui aura la chance de ne pas connaitre l’exil forcé, celui qui apprendra la langue du pays-hôte, qui ne se verra pas chassé de sa terre par la misère ou la folie des hommes devenus la main sanglante d’un dogme saugrenu, l’enfant qui partira dans la vie avec une réelle chance entre ses mains, pouvait-on imaginer plus fertile terreau que l’ancienne mère des colonies pour y planter la graine de la renaissance et de l’oubli ?
Mon enfance était une paisible sieste en berceau dans la cale d’un voilier en voyage de plaisance. Balloté par les flots, des couleurs et des formes floues s’agitaient devant moi mais je m’en foutais car des mains rassurantes m’entrainaient avec elles dans les profondeurs bleu clair des songes infantiles. Parfois le vacarme, un vacarme sourd causé par une agitation survendue heureusement étouffés par la sourdine de pavillons encore peu développés, et parfois le silence qui règne dans cette maison immense, pas un son, juste quelques souffles réguliers. Métronomiques. La paisible sensation d’être seul dans une pièce sombre, et contempler un théâtre d’ombre chinoises avec pour protagonistes des chèvres, des lions, des éléphants et des zèbres.
Je fermais les yeux, j’avais confiance en ce capitaine de bateau si familier…
Je suis à proprement parlé, de ceux que l’on appelle les enfants de la deuxième génération, je porte en moi les origines de mes parents, de mes ancêtres, et je porte sur moi l’héritage d’une lignée de commerçants itinérants qui avait le don de la prospection dans leurs veines. J’étais un de ces enfants de l’espoir, né dans la précipitation d’un bonheur si longtemps désiré.
Comment un enfant si serein pouvait incarner l’après de guerres fraternelles si sanglantes et déchirantes pour les hommes ? Cet enfant était immaculé, il devait le restait à tout prix.
Mais à l’époque, je m’en fichais je pionçais dans mon océan de quiétude.
Fin de la partie 1.