Projecteur sur Oumarou Kanazoé, le roi du BTP « OK », c’est l’histoire d’un autodidacte orphelin analphabète, orphelin de père et fils unique de sa mère, devenu le patron le plus puissant du Burkina Faso.
Pour parler de Oumarou Kanazoé numéro un du BTP burkinabé, patron de la Chambre de commerce et d’industrie, aujourd’hui de 85 ans, Africa 24 Magazine a donné la parole à son meilleur ami Philippe Chandezon un promoteur immobilier et consul honoraire du Burkina Faso au Gabon.
Oumarou Kanazoé est venu me chercher à Paris, en 1975, en même temps qu’il venait remplacer sa Mercedes 280 SE au Salon de l’automobile. Installé dans un hôtel derrière l’église de la Madeleine, je me souviens qu’il n’avait qu’une hantise : trouver un réchaud chauffer la viande du Burkina qu’il avait apporté dans ses bagages, en cette période de ramadan.
J’étais ingénieur en travaux publics et je devais m’occuper de lancer ses activités dans ce secteur. Oumarou Kanazoé a commencé comme tisserand et vendait des bobines de tissu au Ghana, d’où il revenait avec des noix de Kola. Il voyageait à pied et m’a souvent raconté avoir passé des nuits sur les arbres, à cause des lions qui menaçaient !
Au milieu des années des 1970, il était déjà un gros transporteur national, avec un parc d’une centaine de véhicules. Il avait débuté cette activité avec 300 000 francs CFA, qui lui ont permis d’acheter un camion à crédit à Ouagadougou.
Il transportait du sable, du sable, du gravier, louait ses véhicules et faisait du transport de personnel en Côte d’Ivoire. J’ai travaillé pendant deux ans dans 10 m², avec un ventilateur, mais sans téléphone. J’ai essayé de recruter un comptable, mais il s’arrachait les cheveux…
Au départ, en 1975, il y avait un chef de chantier. L’année suivante, on en comptait 8, et deux ans après, 17 ! À 26 ans, j’avais 1000 employés. Nous avons dû casser les prix pour nous introduire dans un marché que trois entreprises françaises dominaient.
Encore aujourd’hui, Oumarou Kanazoé suit l’évolution de ses chantiers en personne. Ce n’est pas un homme qui court après l’argent. Je me souviens qu’il mangeait tous les soirs à même le sol avec ses employés. Il faut voir le nombre de personnes qui le sollicitent pour l’argent, ou qui viennent chercher du riz, le vendredi matin à son domicile.
Ses concitoyens le disent milliardaire, lui-même assure ne pas avoir le temps de calculer sa fortune. Son seul signe extérieur de richesse, c’est son hélicoptère. Et sa passion, c’est la mosquée de 6000 m² qu’il construit à Ouagadougou 2000, à ses frais.
Source : Africa 24