La 31e édition de la Coupe d’Afrique des Nations s’est conclue contre toute attente par le 5e sacre du Cameroun face à l’Égypte, adversaire tout aussi inattendue, sur le score final de 2-1.
Au sein d’une compétition marquée par la sortie des favoris tombés comme des mouches et la qualité douteuse des terrains; certains étant désignés comme de vrais « champs de patate », voici mon bilan de la CAN 2017 sous le thème bien connu de « l’essentiel, c’est les trois points ».
1-DE L’IMPORTANCE DE NE PAS RATER SON ENTRÉE
Certes, changer de sélectionneur à l’aube de la compétition n’aide en rien une équipe à se donner l’élan nécessaire pour franchir la phase de groupe. L’Algérie et le Gabon l’ont compris à leurs dépens. Il n’en demeure pas moins qu’avoir des problèmes d’embrayage en ouverture face à des adversaires dits prenables sur papier s’avère plus qu’un secret de polichinelle lorsqu’on parle de déception dans leur cas..
Car qu’ont en commun les Fennecs, les Panthères, mais également les Éléphants de la Côte d’Ivoire? Ces trois sélections, en ayant raté leur entrée face respectivement au Zimbabwe (2-2), au petit poucet qu’est la Guinée-Bissau, nouvelle recrue de cette CAN (1-1) et le « poil à gratter » togolais (0-0), ont été à l’arrivée éliminées en phase de groupe. Conclusion : bousiller son démarrage par du jeu brouillon ou poussif face à des adversaires sous-estimés finit toujours par vous rattraper en route lorsque l’opposition s’avère plus résolue et engagée.
2-UN ARBITRAGE CONSTANT ET COHÉRENT
Il n’est pas rare au sein d’une CAN, tout comme au sein d’autres compétitions continentales, que l’arbitrage soit sévèrement la cible de critiques virulentes. Mais cette fois, on peut dire sans équivoque que l’arbitrage a été de qualité au Gabon pendant la compétition. Bien sûr, il y a encore eu certaines décisions parfois contestables ou qui n’ont pas fait l’unanimité, mais rien qui fasse l’objet de scandales à faire les manchettes.
En fait, les officiels se sont montrés à la fois constants et cohérents dans la très grande majorité de leurs décisions. Quand peu de personnes dans les médias, les joueurs et les entraîneurs se plaignent au sujet de l’arbitrage, c’est un signe édifiant qu’il n’y avait pas grand-chose à lui reprocher.
La Confédération Africaine de Football (CAF) n’est cependant pas du même avis puisque dans son rapport, elle a affirmé que les arbitres n’ont pas été à la hauteur en ne signalant pas suffisamment les fautes ayant provoqué des blessures aux joueurs (11 sanctions sur 47 blessures causées par des fautes). Si l’on tient compte de la qualité inférieure des terrains comme circonstance atténuante, le constat sur la qualité de l’arbitrage demeure tout de même globalement positif.
3-DOMINER SON SUJET NE RIME PAS AVEC VICTOIRE
Affirmer que le collectif a surpassé le talent individuel des stars attendues et que le rôle des sélectionneurs, tant dans les choix tactiques que dans l’affirmation d’une identité de jeu conséquente et harmonieuse, a pris une plus grande importance dans cette CAN, c’est enfoncer des portes ouvertes.
Ce qui a davantage frappé en revanche, c’est que le style pragmatique axé sur une défense de fer, la puissance physique et un contre efficace; style qui a permis notamment au Portugal de triompher à l’Euro 2016, a fait des émules. Pour preuve : les deux sélections nationales finalistes de cette CAN pratiquaient ce style, avec des variantes bien entendu.
En effet, l’Égypte et le Cameroun se sont montrés avares en buts alloués avec 3 en 6 matchs. Les deux ont su faire le dos rond en acceptant de laisser l’adversaire les dominer au niveau de la possession du ballon, et par leur solidité physique, elles ont su plier sans jamais rompre tout en piégeant leurs opposants. Notons quand même l’extraordinaire performance du jeune gardien camerounais Fabrice Ondoa, littéralement porté par la grâce alors qu’il a su faire de nombreux arrêts clé durant le tournoi, notamment contre le Gabonais Didier Ndong dans les arrêts de jeu du dernier match de la phase de groupe.
Avec un total global de 66 buts marqués, on est loin de l’époque où l’on pouvait voir la plupart des sélections africaines à la CAN focaliser leur attention sur l’offensive (le record de 99 buts date de 2008). Même l’Égypte, longtemps réputée pour la qualité de son jeu de possession, a fait un virage de 180 degrés pour atteindre la finale de cette CAN 2017 avec seulement 5 buts marqués.
L’élimination de la République Démocratique du Congo et du Sénégal en quarts-de-finale, sélections nettement plus orientées vers l’attaque où elles ont dominé leur sujet la plupart du temps grâce à la qualité de leur jeu d’ensemble, vient clairement confirmer que dominer ne rime pas forcément avec victoire dans cette CAN 2017.
ADDENDUM : UN MEMBRE DE L’IMPACT PARMI LES CHAMPIONS
L’on ne saurait passer sous silence le fait que le défenseur latéral de l’Impact de Montréal Ambroise Oyongo, fasse partie de la sélection camerounaise championne de la CAN 2017. Nulle ne doute qu’avec la médaille au cou à son retour dans la métropole québécoise, Ambroise « Cœur de Lion » voudra partager cette fierté avec ses coéquipiers montréalais, voire à être une source d’inspiration pour l’Impact en vue de la saison MLS 2017 qui approche. Soulignons en passant que le sélectionneur du Cameroun, Hugo Broos, est belge, tout comme un général de la défense bien connu chez l’Impact.
L’entraîneur Mauro Biello n’a d’ailleurs pas tari d’éloges à l’endroit de son jeune défenseur lorsqu’il a été interrogé à ce sujet par les médias, tout comme le défenseur franco-sénégalais Hassoun Camara, qui est également le voisin de palier d’Oyongo.
Présent au Gabon pour couvrir la CAN 2017, le journaliste de Médias Maghreb-Canada, Karim Djebri, a eu l’occasion de prendre Ambroise Oyongo en photo avant la finale et après la victoire du Cameroun. On peut voir sur les deux photos un Oyongo tenant avec le sourire le drapeau québécois, partageant ainsi sa joie avec les partisans québécois de l’Impact via twitter.
Même si les sirènes de l’Europe le courtisent, on peut être persuadé qu’Ambroise va tout donner pour l’Impact tant qu’il restera à Montréal. Bien qu’il ne fasse pas partie de l’équipe-type de cette CAN 2017, il a connu un très bon tournoi.
L’ÉQUIPE-TYPE CAN 2017
Parlant de l’équipe-type, elle a officiellement été dévoilée lundi le 6 février dernier au lendemain de la finale par le staff technique de la CAF.
Voici sa composition :
-Gardien: Fabrice Ondoa (Cameroun).
-Défenseurs: Modou Kara Mbodji (Sénégal), Ahmed Hegazy (Egypte), Michael Ngadeu (Cameroun)
-Milieux de terrain: Charles Kaboré (Burkina Faso), Daniel Amartey (Ghana), Bertrand Traoré (Burkina Faso), Christian Atsu (Ghana), Mohamed Salah (Égypte).
-Attaquants: Christian Bassogog (Cameroun), Junior Kabananga (RD Congo).
-Remplaçants: Essam El Hadary (Egypte), Cheikhou Kouyaté (Sénégal), Prejuce Nakoulma (Burkina Faso), Aristide Bancé (Burkina Faso), Benjamin Moukandjo (Cameroun), Zezinho (Guinée Bissau), Mbark Boussoufa (Maroc).
–Trophée du fair-play: Égypte.
–Meilleur joueur : Christian Bassogog (Cameroun).
–Meilleur buteur : Junior Kabananga (RD Congo) avec 3 buts.
Cet article a été rédigé par Mathieu Lemée
Bio de Mathieu: Chroniqueur et journaliste foot pour football365.fr page Afrique et pour Go Foot Yourself Animateur du podcast via
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