Voici un portait des quatre sélections qui s’affronteront dans le Groupe C.
Du 14 janvier au 5 février 2017, la 31e édition de la CAN 2017 , la plus importante compétition continentale au sein du Berceau de l’Humanité, battra son plein au Gabon en plus de fêter le 60e anniversaire de son existence.
Voici un portait des quatre sélections qui s’affronteront dans le Groupe C : le groupe de la mort.
CÔTE D’IVOIRE
Malgré qu’elle soit devenue une nation dominante du football africain depuis le milieu des années 2000, la Côte d’Ivoire a tardé à confirmer ce statut alors que la CAN lui échappait. En remportant enfin le titre en 2015 aux tirs au but, les Éléphants se sont libérés d’une tonne de pression, tellement que plusieurs vétérans membres de cette équipe championne, comme Yaya Touré (Manchester United), son frère Kolo (Celtic Glasgow) et le gardien Boubacar Barry Copa (KSC Lokeren), ont pris leur retraite internationale.
Le flambeau étant maintenant transmis à une nouvelle génération de jeunes joueurs, cette dernière aura donc moins la pression de devenir championne à tout prix et pourra au contraire se nourrir de la réussite de ses prédécesseurs afin d’aider la sélection ivoirienne à défendre son titre. Signe encourageant que cette transition est fluide: les Éléphants n’ont pas perdu un seul match contre un rival africain depuis leur sacre de 2015 (en fait depuis octobre 2014), en dépit d’une performance poussive en qualifications.
La Côte d’Ivoire a également retenu une grande leçon de cette conquête de la CAN 2015 : si l’offensive mène à la gloire, la défensive procure la victoire! C’est donc une solide base défensive qu’elle présentera à la CAN 2017, avec le jeune mais talentueux Éric Bailly (Manchester United) et Lamine Kone (Sunderland) dans la charnière centrale, avec l’appui de Jean-Michaël Seri au poste de milieu récupérateur qui connait toute une saison avec l’OGC Nice, et du réputé gardien Sylvain Gbohouo (TP Mazembe) pour défendre la cage.
En relance, la « Selephanto » pourra compter sur des latéraux capables d’appuyer les flancs avec Serge Aurier (PSG) et Adama Traoré (FC Bâle), de même que Nicolas Pépé (Angers SCO) à l’aile. Certes, la perte de Gervinho, sérieusement blessé, au poste de meneur de jeu pourrait causer des problèmes à l’attaque, mais Wilfried Zaha (Crystal Palace) semble prêt à prendre la relève. Il faudra surveiller également la jeune sensation de 20 ans d’Atalanta Bergame, Franck Kessié, qui fait la pluie et le beau temps en Série A, et Jonathan Kodjia (Aston Villa) qui a démontré de belles choses à la pointe de l’attaque.
En s’appuyant d’abord sur sa défense, la Côte d’Ivoire ne sera peut-être pas aussi spectaculaire que par le passé, mais autant par la rigueur au travail exigé par le sélectionneur Michel Dussuyer que par la richesse de l’effectif à toutes les positions, elle devrait au minimum passer au travers de son « groupe de la mort », voire être en mesure de conserver son titre de champion de la CAN.
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Après avoir terminé au pied du podium lors de la CAN 2015, remporté le Championnat d’Afrique des Nations 2016 et survolé les qualifications avec assez d’aisance, la RDC a bien l’intention de confirmer cette impressionnante progression en remportant cette CAN 2017. Cette récente montée en puissance des Léopards s’explique par cette harmonie entre des joueurs locaux et des binationaux évoluant en Europe, d’une part, et par une force de frappe foudroyante à l’attaque par sa vitesse et sa profondeur, d’autre part.
Il ne faut cependant pas non plus négliger l’excellent travail du sélectionneur Florent Ibenge. Ce dernier a su par son expérience créer une équipe motivée où tous les éléments sont au diapason grâce à une sage rotation de l’effectif. Ainsi, malgré la perte de Yannick Bolasie (Everton) comme détonateur offensif suite à une récente blessure au genou, Ibenge a le choix des armes pour pallier à son absence, surtout avec de grosses pointures comme Cédric Bakambu (Valence), Dieumerci Mbokani (Hull City) et d’autres options intéressantes comme Jonathan Bolingi (TP Mazembe). De plus, la décision du sélectionneur de faire tourner efficacement son effectif lui permet d’être imprévisible tactiquement et moins dépendant d’un onze-type, en plus de pouvoir faire des changements stratégiques pendant les matchs grâce à la profondeur de banc dont il dispose.
Qu’on ne se méprenne pas toutefois. Si la RDC aspire à remporter le titre, elle ne pourra pas compter que sur son talent offensif et devra trouver un moyen de cimenter une défense trop généreuse qui a du mal à ne pas encaisser, surtout face à une franche opposition qui a du répondant au sein de ce groupe de la mort. La marge d’erreur pour les Léopards est donc mince et aucun écart ne sera permis s’ils veulent obtenir leur premier sacre continental depuis 1974.
MAROC
Première nation à s’être qualifiée pour cette CAN 2017, le Maroc a clairement affiché ses ambitions de mettre la main sur le titre continental tant convoité pour la première fois depuis leur seule conquête en 1976. Et pour y arriver, la Fédération marocaine n’a embauché rien de moins qu’Hervé Renard à la tête de la sélection, lui qui a gagné la CAN 2012 avec la Zambie et la CAN 2015 avec la Côte d’Ivoire. Sera-t-il le premier sélectionneur à remporter trois CAN avec trois nations différentes? Jamais deux sans trois, dit-on!
Le niveau de difficulté de l’examen final s’est cependant accru avec les récents forfaits de Sofiane Boufal (Southampton), Younès Belhanda (OGC Nice), Oussama Tannane (AS Saint-Étienne) et Nordin Amrabat (Watford), tous blessés et qui avaient largement contribué aux récents succès des Lions de l’Atlas. Le charismatique sélectionneur devra donc trouver rapidement des solutions pour combler ce vide laissé en attaque par toutes ces absences.
En tant que maître des opérations commando connaissant bien le tournoi et qui ne recule jamais devant les défis, Hervé Renard pourra compter sur une formation apte à s’ajuster au jeu de l’adversaire, nantie d’une ligne arrière déjà bien préparée et menée par le capitaine Mehdi Benatia (Juventus Turin). En outre, la sélection marocaine possède des milieux de terrain polyvalents et habiles au plan technique comme Mbark Boussoufa (Al-Jazira), très expérimenté dans l’entrejeu comme relayeur, qui peuvent aider le collectif à trouver ses repères au plan offensif. Comptez également sur le savoir-faire de Renard pour proposer différents schémas tactiques afin « d’avoir les blancs » sur ses rivaux.
Bref, malgré le coup du sort qui privera les Lions de l’Atlas de plusieurs de ses atouts offensifs, ne pariez pas trop vite sur leur élimination hâtive avec « l’homme à la chemise blanche » à leur tête, car il sait mieux que personne comment mobiliser les troupes dans l’atteinte de l’objectif ultime.
TOGO
Depuis le début du nouveau millénaire, le Togo s’est montré comme étant l’une des nations les plus dysfonctionnelles en ce qui concerne la CAN. La sélection a oscillé effectivement de façon intermittente entre une qualification au tournoi continental pour ensuite échouer lors du tour préliminaire à l’édition suivante, et ainsi de suite. Depuis leur meilleure prestation à la CAN en 2013 après avoir battu l’Algérie et atteint les quarts-de-finale, la situation de la sélection togolaise a fortement régressé : primes non-payées, terrain d’entrainement de Kégué bien en deçà des standards minimaux de qualité, problèmes de logistiques dans le calendrier des matchs amicaux et des voyages. Les joueurs de la sélection, écœurés, ont été jusqu’à faire part de leur mécontentement à leur fédération dans une lettre ouverte en octobre 2015. C’est dans ce contexte négatif que le Togo se trouvait en fâcheuse posture lors des qualifications pour la CAN 2017.
C’est alors que contre toute attente, la fédération togolaise a embauché en avril 2016 le plus ancien et le plus expérimenté des sélectionneurs en Afrique : Claude Le Roy. Surnommé « le sorcier blanc », ce dernier a permis aux Éperviers d’obtenir leur billet final pour le Gabon dans le dernier droit et par le chas de l’aiguille. Pour y arriver, Le Roy a réussi notamment à convaincre deux vétérans exilés à revenir jouer en sélection : l’attaquant Emmanuel Adebayor et le gardien Kossi Agassa, et à imposer le respect envers ses joueurs et la fédération par son aura et sa grande connaissance du milieu du football africain.
Bien entendu, les chances des Togolais de se qualifier pour les quarts-de-finale sont infimes, face à trois poids lourds du continent. Agassa et Adebayor sont peut-être de retour, mais ils sont actuellement sans club et ne sont plus du tout jeunes (respectivement 38 et 32 ans), ce qui soulève la question de leur forme physique et de l’énergie qui leur reste dans le réservoir pour aider leurs coéquipiers. Pour les soutenir, Le Roy a délibérément choisi de recourir à l’expérience en faisant confiance à des vétérans comme Serge Akakpo en défense (Trabzonspor), Floyd Ayité (Fulham) au milieu et Serge Gakpé en attaque (Genoa). La créativité d’un milieu dans la force de l’âge, Mathieu Dossevi (Standard Liège), pourrait en revanche se révéler fort utile pour allumer quelques mèches vers l’avant.
Étant donné le manque de profondeur de l’effectif et le court laps de temps pour forger les bases du socle collectif, Le Roy va certainement se rabattre sur une formation tactiquement conservatrice qui cherchera à être opportuniste et à tirer parti d’un des points forts de la sélection togolaise: le jeu aérien, en particulier sur coups de pied arrêtés. C’est bien peu! Mais comme il faudra plus qu’un miracle pour que le Togo aille au-delà de la phase de groupe, il n’est pas vain de croire que le sorcier blanc trouvera la motivation et les idées qui feront des Éperviers les grains de sable pouvant gripper la mécanique bien huilée de leurs antagonistes, et ainsi influer sur le classement final de ce groupe de la mort.
Cet article a été rédigé par Mathieu Lemée
Bio de Mathieu: Chroniqueur et journaliste foot pour football365.fr page Afrique et pour Animateur du podcast via
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