Rokhaya Diallo, militante et fondatrice des indivisibles, a fait le choix ô combien étonnant d’écrire une BD. Pari(s) d’amies est sortie ce printemps aux éditions Delcourt, illustrée par les dessins fins et légers de Kim Consigny.
Ce qu’on recherche avant tout en lisant une BD c’est l’évasion. Sachant que la BD était écrite par Rokhaya Diallo connu pour ses combats, anti racistes et féministes on pouvait avoir des a priori…
Rokhaya Diallo a su laisser place à Rokhaya pour accoucher de Cassandre, Aminata, Marianne, Claire, Min-Chau et Malika.
Les combats y sont présents mais en filigrane et faisant sens dans ces histoires individuelles.
Elle y décrit des femmes vivant en France, celles dont on parle peu dans les Arts mainstream ou représentées en tant que « filles d’immigrés– défavorisées -issues des minorités ethniques ».
Ce qui induit souvent que leurs uniques problèmes se résument au chômage, au voile et au grand frère.
Et à travers ces clichés sans identités, pour reprendre un certain rappeur, on perd en humanité, en individualité et en sentiments.
Dans Pari(s) d’amies, elles aiment comme Roméo et Juliette, font des choix comme Chimène et Rodrigue et se moquent comme n’importe quelle trentenaire de 2015.
Le vocabulaire est choisi, courant, pas toujours châtié mais vivant et sans guillemet, ce qui apporte beaucoup de fraîcheur.
Bien que Rokhaya Diallo ait parfois pris le lecteur par la main, avec quelques notes de bas de page, Pari(s) d’amies est un essai réussi.
Les personnages :
Cassandre, l’héroïne, métisse, s’est découvert une passion afro-centriste lors de son voyage aux Etats-Unis. La vie, et ses amies, l’aiguilleront vers un juste milieu. Elle oscille entre la volonté d’accomplir une carrière d’universitaire et créer une marque naturelle pour cheveux crépus.
Aminata, d’origine sénégalaise, en couple avec un homme blanc, veut respecter son cœur et les traditions de ses parents.
Min-Chau, d’origine Vietnamienne, gay et musicienne, cherche à vivre de sa musique.
Marianne, d’origine maghrébine est chargée de relations publiques à Paris.
Malika, la sœur jumelle de Marianne, voilée et espiègle, cherche un emploi dans la publicité.
Claire, française et blanche, sentimentale et passionnée enchaîne les chagrins d’amour.
Autour de ce joyeux monde, gravite famille, amoureux et secrets.
Dans Pari(s) d’amies, la ville-lumière devient ce kaléidoscope un peu plus riche que le New-York de Carrie Bradshaw.
À lire pour cet été et pour la vie !
Cet article a été rédigé par Faïda Boina
Twitter: Faida B.