Depuis quelques semaines, l’actualité du ballon rond est riche. Affaire Benzema, Platini, Ligue 1 ultra dominée par le PSG, on a largement de quoi s’occuper. Cependant, une nouvelle tendance est en train doucement mais sûrement de se dessiner. On parle ici de la fameuse “valse des entraîneurs”. Chaque année, bon nombre de coachs ne poursuivent pas leur mission à cause d’un limogeage mais également suite à une démission. Si ce phénomène n’est pas nouveau, il convient pourtant de différencier les différents cas de figure. Durant des années, le coach faisait office de référent technique. Désormais, on parle davantage de guide mental plutôt que de maître tactique. Et elle se situe ici la différence. Auparavant, en cas de mauvais résultats, les jours du coach étaient comptés. A l’heure actuelle, au delà des résultats, c’est la notion de maîtrise du vestiaire qui est exigée par les présidents de club pour maintenir la confiance aux tacticiens. Un changement positif ou néfaste ? Les réponses varient selon les cas…
1 José Mourinho
Il se savait sur la sellette depuis plusieurs semaines. Malgré une qualification pour les 8èmes de finale de la Ligue des Champions, le portugais n’a pas pu résister à la terrible série qui a amené Chelsea à la 15ème place du championnat. N’ayant plus la mainmise sur l’ensemble de son vestiaire, la situation devenait inextricable. Pourtant, avec un salaire record supérieur à 10 millions d’euros par an, sic, et une durée de contrat avoisinant les 4 ans, Roman Abramovitch n’a pas hésité pour renvoyer son coach. Le russe n’a jamais fait dans l’amitié gratuite avec ses coachs. Il l’a encore prouvé. En nommant Guus Hiddink au poste de manager général, il a tenté un pari. Cette décision sera-t-elle positive pour les Blues ? Rien n’est moins sur; car quel entraîneur a récupéré Chelsea ? Le génial sélectionneur de la Corée du Sud en 2002 ou le papy fatigué qui a jeté l’éponge avec la sélection Oranje il y a six mois ? Et pour le portugais ? Année sabbatique ou nouveau défi à relever immédiatement ?
2 Pep Guardiola
La nouvelle revenait avec plus ou moins d’insistance dans les journaux allemands: Pep Guardiola n’allait pas poursuivre sa mission à la tête du club bavarois. L’objectif initial du catalan était de faire passer le géant allemand dans une catégorie supérieure. Certes, le Bayern Munich fait partie du Top 3 européen. Mais il y figurait aussi avant son arrivée. Des dissensions sur le mercato ainsi que des divergences de points de vue sur la situation sportive du club faisaient dire au catalan de ne pas rempiler. Si le timing peut surprendre, la manière avec laquelle le club et le technicien se sont séparés montre que cette décision fait suite à une réflexion poussée et non impulsive. On pourra parler ici de fin d’aventure conclue avec classe. Pour le bilan définitif ? Attendons la fin de saison…
3 Carlo Ancelotti
Directement lié au cas de Guardiola, le technicien italien Carlo Ancelotti est un cas différent. Sans club depuis son licenciement du Real Madrid l’été dernier, il avait précisé avoir besoin de prendre une année sabbatique pour se régénérer. Lorsque la possibilité de prendre la suite du coach au Bayern Munich est arrivée, il n’a pas hésité très longtemps. Avec son pedigree et son expérience, il apparaît comme le successeur idéal. Pourtant, la tâche ne sera pas aisée. Soumis au fonctionnement d’un grand club, il devra très vite recueillir l’adhésion du vestiaire afin de pouvoir faire passer ses idées. Il sait faire cela mieux que quiconque, mais avec Rummenigge, Sammer, Beckenbauer, c’est une toute autre paire de manches.
4 Rolland Courbis
Le plus médiatique de tous les coachs de Ligue 1 a décidé de rendre son tablier. Fatigué, usé, ulcéré, le technicien méridional a jeté l’éponge avant la fin de l’année 2015. Si les méthodes de ce dernier peuvent être discutées, il convient de préciser que “Coach Courbis” a hérité d’une situation sportive peu enviable il y a deux ans. Grace à son travail, Montpellier s’est maintenu deux ans de suite sans pression particulière avec notamment une jolie septième place l’an dernier. Malheureusement,rien n’a été fait pour développer le club. Les départs de Cabella, Stambouli, Barrios, El Kaoutari et Mounier n’ont pas été compensés. Ajoutez à cela, une remise en cause perpétuelle de Loulou Nicollin sur les méthodes et résultats du coach, vous obtenez donc une démission en bonne et due forme. On est juste étonné que cette rupture n’ait pas été consommée plus tôt…
5 Brendan Rodgers
Etre coach de Liverpool durant plus de deux saisons consécutives est un job intense. Dauphin de Manchester City pour sa première saison sur le banc des Reds, le technicien nord-irlandais a étonné positivement pour ses débuts. En revanche, sa seconde saison a ressemblé à un immense gâchis. Terminer 6eme avec plus de 30 points de retard sur Chelsea est un sacré échec. Malgré ce contexte, Rodgers a été conforté par ses présidents en fin d’exercice. Il aura fallu moins de trois mois pour qu’il ne soit débarqué. Recrutement raté, système de jeu prévisible et surtout des joueurs en conflit avec le coach, tels ont été les ingrédients principaux du limogeage de Rodgers. En nommant Jurgen Klopp à sa place, les Reds tentent un joli pari. Gagnant ? Perdant ? Aux joueurs de répondre…
6 Hubert Fournier
Sur la sellette depuis plusieurs mois, le cas d’Hubert Fournier est intéressant. Le timing et la méthode interpelle. Depuis que le poste de son technicien a été remis en cause par les médias et les supporters, Jean-Michel Aulas a fait le maximum pour dédramatiser la situation sportive. Si pendant plusieurs semaines, l’effet paratonnerre fonctionnait, il a fallu vite se rendre à l’évidence, le groupe ne suivait plus du tout Coach Fournier. Prisonnier de sa réputation de président qui ne sacrifie aucun entraîneur en cours de saison, JMA a brisé la série un 24 décembre au soir. Drôle de manière pour briser la tradition… En tout cas, la place a été donnée à l’ancien de la maison, Bruno Genesio, afin qu’il remotive le vestiaire. Tiens, tiens, encore une fois un vestiaire divisé… Avec une nuance à signaler, la qualité de l’effectif pose grandement question. Le néo coach saura-t-il remettre les têtes en ordre de marche ? Rien n’est moins sur…
7 Hervé Renard
Tout le monde se souvient de sa nomination et du vent de fraîcheur qu’il était censé déverser sur la Ligue 1. Plus de trois mois plus tard, le beau gosse s’en est allé, sans avoir changé quoique ce soit dans la saison lilloise. La méthode et la mayonnaise n’ont pas pris. Si les consignes tactiques pouvaient être discutables, le fameux vestiaire n’était pas en décalage avec Renard. Mieux, certains cadres ont sincèrement déploré le départ précipité du coach en assumant la responsabilité conjointe de cet échec. Simplement, les résultats ne suivaient pas, et la relégation avait pris un aspect concret avec la 18eme place du mois de novembre. Dans ces cas là, impossible pour le président de ne pas tenter le fameux choc psychologique. Pour l’effet, il faut croiser les doigts car rien indique obligatoirement que la situation s’améliore
D’autres plus ou moins grands coachs sont sur la sellette. Un Rudi Garcia à l’AS Roma ou un Louis Van Gaal à Manchester United ou un Rafa Benitez au Real Madrid peuvent trembler. Et pourtant ces coachs ont une expérience colossale et une connaissance du ballon rond bien au dessus de la moyenne. Il y a quelques jours, dans un entretien accordé à France Football, Laurent Blanc a expliqué que pour lui, un grand manager doit avant tout être capable de maîtriser les égos. A la lecture des différents cas précédents, on est obligé de lui donner raison. Le football et ses codes changent. Pour le plus grand plaisir des médias. En revanche, pour les amateurs de projet à long terme, l’avenir est sombre. Les joueurs ont pris le pas sur les entraîneurs. Effet de mode éphémère ou nouvelle tendance durable ? C’est aux présidents de faire changer les mentalités car c’est eux qui rémunèrent les joueurs. Ont-ils réellement envie de faire évoluer les choses ? On en doute…