Alors que l’on touche à la toute fin de la campagne 2014 de la MLS, ce serait se mettre la tête dans le sable que d’affirmer que l’année de notre club favori aura été un franc succès.
Or, subsistent quelques points – relevant des joueurs, de la gestion ou d’événements précis – qui permettent de mettre un tant soit peu de baume sur nos plaies de partisan. Exercice de positivisme 101 en cette fin de saison…
1- ” Ô Romero! Romero! Pourquoi es-tu Romero? ”
Si vous vous souvenez bien, la saison s’est mise en branle dans l’incertitude la plus totale et ce, dans plusieurs domaines. Un vétéran aguerri comme Mattéo Ferrari qui déclare tout haut aux journalistes que le club est moins fort que l’année précédente à pareille date, un nouvel entraîneur en apparence plutôt drabe appelé à remplacer un prédécesseur favori du public et le meilleur buteur suspendu pour les trois premières parties. Voilà plusieurs ingrédients pour la recette d’un beau bordel!
Un autre joueur que Di Vaio était suspendu au premier match de l’année : Andrès Romero. Celui qui était devenu le souffre-douleur par excellence des supporteurs en 2013 a, semble-t-il, subi le même traitement pendant l’hiver qu’il avait lui-même administré à Corey Ashe en séries 2013, c’est-à-dire un bon coup de pied au derrière.
L’argentin est devenu tout à coup plus impliqué défensivement et à la fois plus posé dans ses décisions et plus explosif dans la contre-attaque. Le résultat net : le milieu est devenu l’une des pierres angulaires de l’équipe et l’une des trop rares sources de satisfaction dans la première moitié de l’année, au point où il a été nommé joueur de l’année ici même sur Mount Royal Soccer par les ultras de la fameuse 127.
Ayant un peu ralenti depuis quelques matches, le retour de Mapp et l’arrivée de Piatti, nous pourrions en venir à croire que le vrai Andrès Romero est quelque part entre les deux ; pas aussi performant que celui du début de saison, mais loin d’être aussi mauvais que ce qu’il nous a montré à ses débuts au club.
2- Plus de joueurs ” locaux ” performants
Vrai, le recrutement a été tardif et relativement mince quand on démarre la saison se disant qu’une première participation aux séries n’était que le début d’un beau et long conte de fée pour le bleu-blanc-noir.
Tout aussi vrai, les ajouts de Heath Pearce et de Krysztof Krol auront été décevants et n’auront servi, au final, qu’à piquer des minutes que des Lefebvre, Ouimette, Tissot ou même Miller auraient pu se mettre sous la cravate, particulièrement en deuxième moitié où tout était déjà joué en championnat domestique.
Il faut par contre rendre à César ce qui appartient à César. Nous avons vertement critiqué le ” recrutement par copinage ” de Nick De Santis et réclamions que soient explorées d’autres avenues. Dans cette optique, les ajouts à l’effectif des États-Uniens Jack McInerney et Dilly Duka auront contribué à une offensive qui aurait été encore bien plus anémique sans leur apport.
Aussi, bien que Collen Warner semble s’en sortir plutôt bien à Toronto, l’acquisition d’Issey Nakajima-Farran aura aussi valu son pesant d’or. En fait, avec Romero, il aura aidé à nous faire oublier pendant un temps la cruelle absence de Justin Mapp. Voilà donc trois joueurs considérés comme locaux par la MLS et qui donnent à l’effectif à la fois qualité et profondeur.
3- Hernan qui?
Alors que la saison semblait déjà foutre le camp et les aspirations du club étaient revues à la baisse, le départ d’Hernan Bernardello pour le géant mexicain Cruz Azul venait couronner le tout et en a mis quelques uns en mode panique. En effet, bien qu’il ne se soit jamais complètement adapté au style de l’équipe et à celui de la MLS en général, sur le papier, l’effectif semblait, après son départ, bien mince devant la charnière centrale une fois que l’on avait cité le capitaine.
Bien heureusement pour nous, la suite des événements en ce qui a trait à cette portion précise du terrain aura été plus réjouissante. L’acquisition de Gorka Larrea est venue rassurer les troupes lorsque l’Espagnol se retrouvait en uniforme. Les sorties de zone sont devenues moins compliqués, plus fluides et son compagnon dans le ” 2 ” du 4-2-3-1, quel qu’il fut, a pu se concentrer davantage à apporter sa touche plutôt qu’à être constamment en mode récupération et ” réparation “.
Le jeune Callum Mallace a gagné en assurance et s’affirme maintenant comme l’un des joueurs les plus fiables et constants depuis une dizaine de parties. Si nous aurons un bon moment douter de la pertinence de sa présence dans l’organigramme, nous sommes aujourd’hui forcés d’avouer que le personnel technique avait effectivement eu raison en croyant avoir décelé un beau potentiel en lui. Je ne peux m’expliquer pour quelle raison il ne pourrait pas encore s’améliorer.
Quant à Jérémy Gagnon-Laparé, c’est en équipe nationale qu’il aura brillé avant même d’obtenir sa première minute en première équipe avec le maillot fleurdelisé. Une chose qu’aucun observateur ne peut rater à propos de lui : le gars est à peu près toujours en mouvement.
Que ce soit pour appuyer la contre-attaque à partir de son poste, travailler à couper les angles de passe les plus potentiellement dangereux ou pour ajouter une option de passe au coéquipier en possession, il cherche à chaque instant à s’impliquer au mieux, à apporter sa touche, à contribuer au collectif.
Bien qu’encore plus impressionnant comme milieu défensif, le Québécois s’est récemment très bien tiré d’affaire comme défenseur gauche. En fait, il y a même mieux fait que quelques joueurs formés en défense au départ. Une valeur sûre qui en prendra assurément beaucoup, de la valeur.
4- Un bon nacho à la sauce italienne
Quel feuilleton de fou aura été la venue d’Ignacio Piatti! Vient, vient pas, vient plus tard. S’il s’est mis les pieds dans les plats avec une déclaration douteuse à une radio argentine avant même son arrivée, il a ensuite prouvé que ses pieds n’ont rien qui cloche, bien au contraire. Sa présence a carrément mis le feu à l’offensive qui, éprise d’un regain de confiance, s’est mise à mieux fonctionner autant dans les individualités que dans le collectif.
Je crois sincèrement que ce cher Nacho est le joueur le plus doué techniquement de l’effectif. Avec notre ” finisseur ” au numéro 9, nous avons eu la chance d’assister à quelques constructions dignes des plus grands championnats de la planète.
Difficile de patienter jusqu’à la fin de l’hiver à venir pour voir ce qu’il pourra apporter dans la Ligue des champions CONCACAF. Chose certaine, s’il y a un bel impact, ça arrivera sans l’aide du renard de surfaces italien. La grande question : est-ce que ce sera avec Jack Mac ou avec une nouvelle acquisition à venir?
5- ” A bloody big fail ”
Toronto. Huit années. Zéro participation aux séries. Maintenant, regardez-vous dans un miroir…je savais! Vous êtes méchants, vous aussi!
Je vous épargnerai les calculs et les chiffres, vous les connaissez. Plus de 100 millions investis en un mercato, une masse salariale de plus de 15 millions dans une ligue où les dépenses sont scrupuleusement contrôlées. Tout ça pour tourner le dos à celui qui était considéré comme le dieu tout puissant du système économique de la ligue à son embauche puis foutre à la porte l’entraîneur alors que le club était toujours au troisième rang dans l’Est. Moche. Très très moche.
Mais bon! Demeurons sérieux, je ne me réjouis pas seulement des malheurs du TFC, mais surtout du fait que nous serons passés d’un club qui se cherche au point de perdre contre un représentant de seconde division au titre national dans la même année. Quand on parle de résilience.
Cette victoire a permis d’ensuite aller remporter notre groupe lors des phases de poule et d’avoir maintenant un tournoi extrêmement intéressant à anticiper en début de saison prochaine.
Satisfait? Non. Fier malgré tout? Sans l’ombre d’un doute.
Voici donc quelques fleurs. Le pot viendra peut-être dans un prochain article, qui sait…!
Cet article a été rédigé par Alain Soucy-Sergerie du blog Mount Royal Soccer.
Bio de Alain : Chroniqueur en herbe du site mountroyalsoccer.com portant sur l’Impact de Montréal de la MLS.
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