Parité & Diversité dans la haute fonction publique

1586
Pierre N'Gahane
Pierre N'Gahane

le CRAN et Banlieue citoyenne publient une enquête inédite intitulée «  Préfets et Ambassadeurs. Parité & Diversité dans la haute fonction publique ».

L’étude que publient en ce jour le CRAN et Banlieue citoyenne a pour but de mesurer la prise en compte de la parité et de la diversité au sein de la haute fonction publique française. L’étude a été menée sur les préfets et les ambassadeurs, lesquels représentent l’Etat au plus haut niveau, à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières.

Qu’en est-il aujourd’hui de la représentation des femmes et des minorités visibles dans ce domaine ? Selon les termes de l’article 13 de la Constitution, la nomination d’un préfet ou d’un ambassadeur est à la discrétion du Président de la République. Dès lors, il convient de se demander si les nominations faites par François Hollande témoignent d’un quelconque progrès par rapport à la situation qui prévalait à l’époque de Nicolas Sarkozy.

Au jour d’aujourd’hui, pour ce qui est des ambassadeurs, les femmes représentent 13,17 % de l’effectif, et les personnes issues de la diversité constituent 2,39 % de l’ensemble. Quant aux préfets, ils sont 3,96% à être issus de la diversité, et seuls 13,49 % d’entre eux sont de sexe féminin.

« Quand on regarde dans le détail, a indiqué Louis-Georges Tin, président du CRAN, les nominations effectuées par François Hollande n’ont pas fondamentalement modifié la donne héritée de Nicolas Sarkozy. La haute fonction publique est et demeure un monde d’hommes blancs. Avec Hollande, il n’y a pas eu de vraie rupture. Le changement attendra. » Pour Thiaba Bruni, présidente de Banlieue citoyenne et porte-parole du CRAN, « ces résultats sont d’autant plus décevants que lors de la présidentielle, François Hollande avait fait ses meilleurs scores dans l’Outre-mer et en Seine Saint-Denis, et ensuite seulement en Corrèze. »

Le CRAN rappelle qu’en février 2012, l’Assemblée nationale a voté une loi qui instaure progressivement un quota de 40 % de femmes parmi les hauts fonctionnaires nommés chaque année. Il est clair qu’on est très loin du compte. Par ailleurs, il n’y a aucune loi votée en France en faveur de la diversité. Dans ce domaine, on pourra donc continuer à discriminer sans problème.

Thiaba Bruni a évoqué les engagements qu’avait pris François Hollande en matière de lutte contre le racisme pendant la campagne : retirer le mot race dans la constitution, mettre en place le vote des résidents non communautaires, mettre en œuvre les attestations de contrôle. « Six mois après son élection, François Hollande avait déjà trahi tous ses engagements dans ce domaine. Ce mépris de la diversité aura des conséquences lourdes lors des prochaines échéances », a averti la porte-parole du CRAN.

« Dans ces conditions, nous en appelons au président de la République, a déclaré Louis-Georges Tin. Puisque les nominations des préfets et des ambassadeurs sont de son fait, nous entendons lui demander quelles sont ses intentions en la matière. Par ailleurs, au-delà de la haute fonction publique, il est temps que François Hollande prenne au sérieux la question des discriminations, que subissent des millions de Français et de Françaises au quotidien. Les mesurettes jusqu’ici mises en place ne sauraient faire illusion », a conclu le président du CRAN.