Problématique de la Démocratie en Afrique par Hughes Kemajou

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Cela fait déjà quelque temps que j’ai envie d’écrire sur un sujet qui m’intéresse tout particulièrement concernant notre pays le Cameroun.

Grâce aux conseils judicieux de certaines personnes, j’ai donc décidé de me lancer. Ce sujet c’est la démocratie en Afrique et plus particulièrement au Cameroun. Bien entendu, il s’agit ici d’une simple réflexion d’un jeune camerounais soucieux de toutes les questions ayant trait à l’évolution de son pays et en aucun cas d’une démonstration implacable ayant valeur de vérité absolue.

Abraham Lincoln disait de la démocratie que c’est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Cette définition peut paraitre simpliste, car elle est loin des incantations qu’on entend souvent ici ou là, mais elle illustre parfaitement et résume de manière très simple ce que devrait être un système ou régime politique favorisant le développement économique et l’épanouissement personnel des Hommes. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle cette définition aura perduré dans le temps. Concernant donc cette définition, il y a, à mon sens deux principes essentiels pour qu’un régime soit qualifié de démocratique  sans entrer dans toute autre considération: le développement socio-économique et l’épanouissement des Hommes par le respect de leurs libertés fondamentales notamment. Pourtant, l’indicateur le plus souvent évoqué notamment en Afrique pour mesurer l’état d’avancement de la démocratie dans un pays reste l’organisation ou pas d’élections « libres et transparentes ».

Partons tout d’abord de ce dernier critère fréquemment utilisé pour en analyser la teneur. L’on constate que des pays tels que le Mali, le Bénin, le Ghana, le Sénégal (mis à part les incertitudes actuelles), voire même la Guinée plus récemment, ayant plus ou moins les mêmes caractéristiques socio-économiques que le Cameroun se distinguent de ce dernier par l’organisation régulière d’élections qualifiées de libres et transparentes par des observateurs. On peut alors se poser la question de savoir si cette vitalité démocratique apparente se traduit en réelles évolutions non pas au niveau des chiffres (car on entend souvent dire que l’Afrique à même en ce moment des taux de croissance supérieurs à l’Europe, ce qui n’est d’ailleurs pas toujours faux en valeur absolue), mais au niveau du ressenti pour un citoyen lambda comme l’on à coutume de dire. Par exemple l’indice de développement humain (IDH) semble être un outil qui au-delà des chiffres sur le taux de croissance permet de  mesurer les véritables évolutions de la société. C’est ainsi que par rapport à ces pays cités plus haut, malgré donc des élections organisées régulièrement et si l’on s’en tient à l’IDH par exemple, aucun spécialiste sérieux ne pourra démontrer une véritable (je dis bien véritable) différence socio-économique entre eux et un pays comme le Cameroun qui n’est pourtant pas connu pour avoir les élections les plus libres du continent, bien au contraire. Même si le cas du Ghana je le concède peut être discuté.

Ceci me pousse donc à faire une première conclusion : il semble évident que l’organisation d’élections libres et transparentes sur le continent autour de plusieurs partis politiques dans un pays ne constitue pas une garantie ou un gage de développement notable du dit pays. En effet, le niveau de développement très bas des pays africains appelle une planification sur 20, 30 voire 40 ans qui n’est pas compatibles avec une alternance trop régulière du pouvoir surtout si chaque nouveau président s’amuse à détricoter l’éventuel travail de son prédécesseur pour des raisons uniquement politiciennes, partisanes ou tout simplement par égo comme on peut le voir dans certains pays occidentaux plus avancés. Comprenons bien qu’ici le problème n’est pas tant l’organisation d’élections  ou le changement de personnage à la tête de l’état, mais la capacité aujourd’hui en 2012 qu’on ou pas la majorité des pays africains à concilier alternance politique crédible et développement économique.

Plusieurs exemples récents nous ramènent d’ailleurs à cette triste réalité. C’est ainsi qu’Abdoulaye Wade(Sénégal), Alpha Conde (Guinée), Yayi Boni (Bénin) et même dans une certaine mesure Laurent Gbagbo (Côte d’ivoire), grands opposants à une époque, qui ont chacun à leur arrivée au pouvoir incarné l’alternance et l’espoir d’un avenir meilleure dans leurs pays respectifs ont très vite déçus les attentes et ont même sombré pour certains dans l’ivresse du pouvoir. Dès lors, quelle crédibilité pouvons nous encore donner à des hommes ayant passé parfois des dizaines d’années dans l’opposition avec tout ce que cela comporte d’accumulation d’humiliations et de haine en Afrique et qui au final n’ont plus pour objectif que de profiter aussi des privilèges du pouvoir et parfois au passage de se venger de leurs anciens bourreaux.

Tout de même, je tiens à souligner le courage et le sacrifice donc font preuve ces hommes ou femmes  car le statut d’opposant en Afrique est loin d’être enviable. Mais ceci ne doit pas nous aveugler sur le fait que des opposants même au Cameroun appliquent dans leurs propres partis les mêmes méthodes qu’ils dénoncent à longueur de journée quand celles ci viennent du pouvoir (refus de laisser la place au plus jeunes, malversations financières, dérives autoritaires). Je pense donc qu’il faut en finir avec le mythe de l’ « opposant historique », concept inventé par les médias pour faire passer l’opposant nouvellement arrivé au pouvoir pour le sauveur de la nation. Qu’en est-il aujourd’hui de tous ces opposants historiques sur le continent ? Wade en était un en son temps, Gbagbo, Ouattara et même Alpha Conde qui semble prendre la même trajectoire que ses homologues.