Mipster vient de la contraction des termes musulmans et Hipster. Les Mipsterz représenteraient une nouvelle génération de jeunes Américaines de confession musulmane puisant leurs influences culturelles dans les dernières tendances urbaines.
Selon l’article de Slate sur le sujet, le hipster est né avec le bebop, popularisé après-guerre, il est une échelle argotique de la «coolitude», l’adjectif «hip», libéré, s’opposant à «square», étriqué. Comme le rappelle le New York Magazine dans un long article rétrospectif, «[il] a été explicitement défini par le désir d’une avant-garde blanche de s’affranchir de sa couleur de peau, (…) et d’atteindre le savoir ‘cool’, l’énergie exotique, la luxure et la violence des Noirs américains.» Ces mecs avec le combo slim/chemise à carreaux/grosses lunettes ne font pas l’unanimité (Lire : Les hipsters : pourquoi les hait-on plus que la syphilis ?).
«Attends, ils nous détestent parce qu’on est musulmanes? Ou ils nous détestent parce qu’on est des hipsters?»
C’est ainsi qu’en fin novembre 2013 une vidéo intitulée « Somewhere in America » crée le buzz. On y voit des membres de cette communauté en train de faire du skate, des selfies (bah oui !) sous fond de Jay-Z. La vidéo affiche des femmes musulmanes qui portent le hijab, mais en même temps il montre une forme de fusion entre la culture musulmane et la société occidentale.
«Un(e) Mipster est quelqu’un au fait des dernières musiques, modes, mouvances artistiques, pensées critiques, nourritures, créativité, […]»,et qui en même temps «cherche l’inspiration dans la tradition islamique et les écritures divines […]», lit-on sur la page Facebook du mouvement.
Au premier abord, la diversité des femmes musulmanes présentée dans la vidéo est frappante. Ensuite la présence de Ibtihaj Muhammad, un membre de l’équipe d’escrime aux États-Unis est remarquable. Enfin, c’est la scénarisation de leur lifestyle qui interpelle. Esthétiquement, c’est vraiment hip, c’est léché, c’est osé et oui c’est cool. Mais cette image projetée dérange certains. Sana Saeed, l’éditrice du magazine The Islamic Monthly, parle d’une culture « islamofashionista » sans substance qui objectifie la femme musulmane. Elle cite les mots de Dr. Suad Abdul Khabeer :
« Quelque part en Amérique ? Quelque part en Amérique il y a une sœur musulmane dont le foulard est un peu glissant alors qu’elle s’endort sur son train en provenance de l’équipe du soir. Quelque part en Amérique une Niqabi est frustrée par un magasin de vêtements musulmans parce que le la taille « L » sur les jlbabs qu’ils vendent est du marketing mensonger. Quelque part en Amérique, une mère tente de calmer un bébé qui hurlait pendant qu’elle discute si le foulard sur sa tête est assez grand pour une séance d’allaitement impromptue. Quelque part en Amérique une femme musulmane glousse de joie après avoir trouvé la nuance parfaite de prune. Quelque part en Amérique une femme musulmane est heureuse que son style de foulard couvre les marques d’étranglement sur son cou. Partout en Amérique, le foulard de la femme musulmane n’est pas seulement un peu du sexe, du swag et de la consommation, il est également de la conviction et de la beauté, la défiance et de la lutte, des secrets et la honte. »
Skateboard et foulards, hijabs et talons hauts ? Les Mipsterz ont réalisé un grand écart qui ne vous laisse pas indifférent. Un des producteurs de la vidéo Sara Aghajanian affirmait ne pas s’attendre à dune telle critique et que ses intentions pour la vidéo étaient de signaler la diversité de la femme, en mettant en évidence un groupe de jeune femme musulmane dynamique en Amérique, les Mipsterz.
Alors qu’en pensez-vous ?
A #creative fusion of art, #fashion & hip-hop in #American-#Muslim culture. Bold. Cutting-Edge.#MIPSTERZ http://t.co/opsRIwgwtr
— ICJ Peace (@ICJpeace) 30 Novembre 2013