Qu’en est-il de l’affaire Herman Wallace ?
C’est une des affaires qui remet le plus en cause le système pénitentiaire et judiciaire américain. Herman Wallace, 71 ans, est atteint d’un cancer du foie en phase terminale, diagnostiqué en juin dernier. Amnesty International réclame depuis plusieurs mois, voire plusieurs années sa libération, car les preuves de sa culpabilité ont été remises en question par différents tribunaux.
Inculpé pour un crime qu’il a toujours nié avoir commis, le vieil homme a passé plus de la moitié de sa vie (41 ans!) dans la prison d’Angola, en Louisiane, prison considérée comme l’une des plus sinistres des États-Unis. 73 km² encadrés de fils barbelés où l’on ne ressort que très rarement vivant (parmi les différents camps : une prison pour les 85 condamnés à mort, exécutés sur leur lieu de détention). La durée moyenne des sentences est de 88 ans et environ 75% des 5000 prisonniers sont noirs. La prison a d’ailleurs été surnommée par les détenus, the Last Slave Plantation, rapport à ses conditions de détention extrêmement sévères ; au travail obligatoire dans les champs de coton, de légumes ou de cannes à sucre, payé 4 centimes de l’heure, qui rappelle la triste existence des esclaves noirs de Louisiane avant la Guerre de Sécession ; enfin the Last Slave Plantation car il s’agit en fait d’une ancienne plantation de canne à sucre qui employait au XIXe siècle des esclaves principalement d’origine angolaise (d’où son nom).
Herman Wallace, Robert King -libéré en 2001- et Albert Woodfox, ont été surnommés les « Trois d’Angola », car à eux trois ils ont passé plus de 100 ans à l’isolement. D’abord condamnés pour un vol à main armée, les trois hommes vont être rapidement considérés comme une menace pour la prison d’Angola. En effet, forgés à l’idéologie des Black Panthers des années 70, ils luttent derrière les barreaux tout comme Angela Davis à la même époque contre toutes formes de discrimination, ils se battent pour préserver les droits des prisonniers censés être garantis par la Constitution même en prison, et pour donner des cours de sensibilisation politique.
C’est malheureusement leur engagement qui va les mener à leur perte : celui-ci les aurait fait accuser en 1972 du meurtre d’un des gardiens de la prison, Brent Miller. Accusation très difficilement justifiée, alors que de nombreuses pièces du dossier ont disparu et qu’il n’existe aucune preuve matérielle.
C’est donc avant tout pour des motifs humanitaires, qu’Amnesty International a lancé une pétition pour que les conditions de détention alarmantes et le « traitement cruel, inhumain et dégradant » d’Albert Woodfox et Herman Wallace cessent. Première victoire (aussi petite soit-elle) : l’organisation annonce sur son site le 18 juillet dernier, que Herman a été déplacé de sa cellule de deux mètres sur trois à « un dortoir de 10 codétenus et peut se déplacer sans menottes. »…
Mais Amnesty n’a pas encore fini d’interpeller le gouverneur de Louisiane, pour faire avancer la date de l’audience sur le cas Wallace, prévue en juin 2014, et pour que le septuagénaire puisse vivre ses derniers mois en liberté, auprès de ses proches quittés il y a …41 ans.
Sources :
⁃ www.amnesty.fr
⁃ http://www.lapresse.ca/international/dossiers/angola-la-prison/200904/07/01-844396-la-prison-dou-lon-ne-sort-pas-vivant-ou-presque.php
⁃ http://www.parismatch.com/Actu/International/Herman-Wallace-mourra-t-il-avant-d-obtenir-justice-522488