Je ne suis pas né dans la culture soccer ; je n’ai pas grandi avec un ballon au pied. Quand j’étais petit, j’avais des patins l’hiver et un gant de baseball l’été. J’ai commencé à m’intéresser au ballon rond trop grand, quelque part en 2008, quand nos petits Impact ont rencontré les grands Mexicains.
On n’était pas censé être là, mais on y était. Étape par étape, on grandissait. On a rempli le stade, pas le nôtre, notre grand frère à côté. On poussait, on marquait. On était Sebrango ! On était grand !
Et on a eu notre Santos Laguna. 10 petites minutes pour anéantir le grand mirage.
On se croyait si grand, on est redevenu tout petit.
On a fait table rase. On est reparti. Je suis revenu, question de voir où on était. On avait poussé. On était redevenu grand. On était Do Santos ! On a gagné le championnat !
Mais ce n’était plus suffisant. On voulait être plus grand. On voulait la grosse ligue ! Au revoir Do Santos, au revoir petits partisans du dimanche ; on a doublé, triplé les prix. On était grand après tout ! Mais encore si petit…
Je suivais l’Impact du coin de l’œil, j’allais voir quelques matchs. En 2013, on pensait avoir grandi. On pensait qu’avec un volcan suisse, nos grands Italiens allaient nous hisser ! On était Bernier ! On y a cru. Une demi-saison.
Le volcan s’est essoufflé. Nos espoirs aussi. On était encore petit…
En 2014, on a touché le fond du baril. Rien qui vaille. On rapetissait…
Jusqu’à ce jour d’octobre à Toronto.
On n’avait plus rien à gagner, sinon l’honneur et le désir d’éliminer nos rivaux. On est parti en plein milieu de la nuit. On est arrivé avant le soleil à Toronto. On a attendu.
On a gelé. Mais quand le match a commencé, on était grand ! 800 fans de l’Impact devant 800 agents de sécurité qui avaient peur de nous.
Je n’aurais jamais pensé qu’on pouvait autant susciter la crainte. On était un piège. On a montré au TFC qu’on se tenait debout, qu’on était grand ! On était Di Vaio jusqu’à la fin ! On les a éliminés. Ils étaient encore petits, on était beaucoup plus grand.
Je ne m’étais jamais autant senti ainsi. Je voulais faire partie de cette grande aventure. J’avais ma place pour la suite. Et quelle suite !
On a fait table rase sur 2014. On a reconstruit. On est retourné affronter les géants du Mexique. On s’est tenu debout. Ils nous ont mis un genou au sol, ils nous croyaient finis. On a explosé. On leur a fait un Pachuca. On était Porter. On s’est rendu jusqu’au bout.
On a rempli le grand Stade, on a été grand pendant une demi.
Mais finalement encore trop petit…
Mais notre désir de grandir lui n’était pas resté petit.
On n’a pas laissé Klopas finir l’été. On était Biello. On voulait inculquer une mentalité de grande. On lui a donné un outil. Un très grand. Didier…
Il était grand partout Drogba. Chez nous, il est devenu notre Didier. Il nous a transformés, il nous a transportés, il nous a marqués et marqué, et marqué encore. Il nous a donné une chance d’être grands. Mais il nous a manqué un petit quelque chose…
Et 2016… Et tous ces petits détails trop grands…
Et aujourd’hui… Et en ce grand jour de qualification aux séries…
Je me sens petit…
On n’est plus Sebrango, Do Santos, Di Vaio, ni Porter. On se demande encore pourquoi on est pas toujours Bernier, tellement qu’on ne sait plus si on est Biello.
Mais parce qu’on se pense trop grand pour Drogba…
On est encore si petit…
Cet article a été rédigé par Benoit Normand.
Bio Twitter de Benoit: Fan des Saputo d’or. Fier Papa de celle qui marquera le but de la victoire en 2035. Et si vous me manquez de respect, ma femme va s’occuper de vous…
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