Thomas Ngijol revient au cinéma avec “Fastlife”, son premier film sans Fabrice Eboué. L’occasion de parler humour avec l’un des piliers du stand up français.
Ce n’est pas autobiographique, mais il y a des trucs persos ici et là…”. Thomas Ngijol, Nike Free Orbit II SP aux pieds et sweat-shirt kaki, cherche les bons mots pour parler de Fastlife , son premier film “seul” (sans Fabrice Eboué) dans lequel il incarne un trentenaire mégalomane obnubilé par l’envie de briller : “C’est un peu l’histoire d’une époque, très vulgaire, où on a tendance à idolâtrer un mode de vie basé sur des choses éphémères. Sauf qu’à un moment, on doit choisir entre devenir un homme responsable ou continuer de vivre de fantasmes”.
La claque Case départ
Il ne faut pas gratter plus longtemps pour comprendre que le pitch est né après le carton surprise (1,8 millions d’entrées) de Case Départ, qui a propulsé le duo Ngijol/Eboué au rang de stars de la comédie française mais laissé quelques bleus au premier : “J’étais clairement dans une phase où j’aurais pu faire n’importe quoi. J’avais une nouvelle légitimité, j’aurais pu me la péter. C’est finalement la méchanceté des gens qui m’est revenue dans la gueule, et ça été assez violent. Je me suis retrouvé seul, alors j’ai pris du recul.”
Pendant de longs mois, l’humoriste a cogité dans son coin, s’est torturé l’esprit. Il s’est même interdit de monter sur scène, sa vraie passion : “Le One Man, c’est quelque chose que je prend très au sérieux, c’est pour ça que j’ai mis autant de temps avant de refaire un spectacle. Pour être bon sur scène, il faut que je sois bien dans ma tête. Et à cette période, j’aurais
été glauque. J’aurais fait de la redit’, des blagues sur Francois Hollande…”
Le retour sur scène
Aujourd’hui, il a retrouvé la flamme et prépare son come-back (prévu pour octobre 2014 au théâtre Déjazet), peu effrayé par la concurrence de plus en plus tenace : “Le Stand Up c’est comme le rap. On l’a démocratisé, donc il y en a plein qui viennent. Mais au final, ceux qui restent sont ceux qui ont du coffre, pas celui qui a fait deux trois freestyle sur Skyrock”. Il en profite au passage pour envoyer un gros tâcle à Louis CK, modèle des humoristes français, dont il ne capte absolument pas le génie : “Je l’ai vu l’autre fois à la télé le rouquemoute, il est glauque. Tout le monde me parle de lui, mais j’en ai rien à foutre. Moi je ne me compare à personne.” On s’attend logiquement à ce qu’il flingue la génération YouTube, mais il se montre étonnement bien plus soft : “Ca va avec l’époque. Tu ne peux pas en vouloir à des mecs d”avancer avec leur temps. Si pour faire du buzz il faut faire un truc avec Norman, c’est évidemment ridicule. Mais s’il me propose un truc marrant, pourquoi pas.”
https://www.youtube.com/watch?v=Xz5-MJRamLM
Scénic et Labrador
Au moment de notre entretien, Thomas Ngijol attendait son premier enfant (qu’il a eu avec l’actrice Karol Rocher) et nous confiait être enfin serein : “Ca fait un peu paroles de Père Noël quand tu n’as pas vécu ça, mais je suis à l’aube de toucher ma raison de vivre”. Prêt pour le Scénic et le Labrador? “Pas de grosse voiture en tout cas. Il y a deux jours, le loueur a cru me faire une bonne surprise en me filant une grosse Merco noire. Mais je ne serai jamais tranquille si je sais que la moitié des gens que je croise ne peuvent même pas s’offrir une jante”. Avant d’ajouter, hilare ” En plus j’adore conduire les fenêtre ouvertes, alors si tu me files une Merco, je passerai tout de suite pour un gros connard…”
Interview réalisé par Thibaud Michalet
Source: GQ.fr