Quelles sont les 50 villes les moins racistes de France ?
Villeurbanne, Montreuil et Paris en bons élèves. Marseille, Aix-en-Provence et Versailles en lanternes rouges. Un baromètre publié ce mercredi, à quatre mois des élections municipales, dresse un bilan de l’action des grandes villes pour lutter contre le racisme.
Combien d’adjoints sont issus de la diversité? La mairie finance-t-elle des associations antiracistes? Prend-elle en compte le bilan des entreprises en la matière quand elle attribue des marchés publics?
Le think tank République et diversité et le Conseil représentatif des associations noires (Cran), tous deux présidés par Louis-Georges Tin, ont adressé aux 50 plus grandes villes de France un questionnaire pour évaluer leurs actions concrètes en matière de lutte contre le racisme.
En recoupant leurs réponses avec des visites de terrain, des recherches et des échanges avec les associations, un jury – composé de membres des deux organisations mais aussi du sociologue Eric Fassin et de l’historien François Durpaire – a attribué une note à chaque ville, sur une échelle de un à zéro puis un A, B, C… sur le modèle des agences de notation.
“Rien de concret” fait à Marseille
Résultat: les notes vont de 10 ou G (Marseille) à 79 ou A (Villeurbanne) avec une moyenne de 42,26. Dans cette ville de la banlieue lyonnaise, “ils sont bons partout parce qu’ils ont une approche extrêmement transversale avec des actions dans le domaine de la culture, du sport, de l’économie, de l’action sociale, etc.”, relève Louis-Georges Tin. “A l’inverse, Marseille est une ville multiculturelle et la mairie communique là-dessus mais ne fait rien de concret”, déplore-t-il.
Pour Adrien Rogissart, directeur de République et diversité, c’est d’ailleurs le problème de la lutte antiraciste: “on reste très souvent dans la posture morale, dans l’invocation des valeurs républicaines, mais concrètement, il n’y a pas grand-chose de fait en matière de politique publique”.
D’où l’importance de cet “audit” selon ses concepteurs, qui notent des progrès, dans de nombreuses municipalités, en matière de recrutement et de dispositifs antidiscrimination. “A l’inverse, les parents pauvres de la lutte contre le racisme sont l’éducation et la sécurité”, avec par exemple, peu de formation des agents de la police municipale à ces enjeux, selon eux.
Les villes de gauche tirent mieux leur épingle du jeu
Le baromètre a aussi une dimension politique, puisqu’il place en haut du palmarès dix villes dirigées par un maire de gauche (PS, EELV, PC) tandis que neuf sur les dix dernières sont à droite.
“Nous sommes suffisamment combatifs contre le gouvernement, qui ne fait rien de concret contre le racisme, pour qu’on ne remette pas en cause notre indépendance”, déclare M. Tin pour balayer toute accusation d’instrumentalisation.
Cette étude vise notamment à fournir des outils aux élus. A cet effet, un guide des bonnes pratiques devrait être présenté le 8 janvier lors d’un colloque à Paris.
D’ors et déjà, le Cran et République et diversité soulignent que, pour réussir en la matière, il faut un “plan d’action” porté par le maire lui-même, la nomination d’un adjoint en charge de la lutte contre les discriminations et un dialogue constructif avec les associations de terrain.