« La Voix Lactée» d’Oxmo Puccino n’est pas le 8e album de la carrière du poète, c’est avant tout la nouvelle œuvre d’un artiste désormais quarantenaire qui ne cesse de se remettre en question.
Après avoir sorti en 2012 «Roi sans carrosse», c’est un voyage interstellaire que nous propose Oxmo Puccino avec ce nouvel opus, «La Voix Lactée» sorti ce mois de novembre.
Avec ce nouvel album, Oxmo Puccino nous emmène en voyage. Pas n’importe lequel : une odyssée vers le genre de voie lactée qu’on ne trouve sur aucune carte. L’échappée est belle, mais plus encore, vivifiante. Cette épopée interstellaire se fait sans vaisseau, mais au galop, sur un pur-sang de la lignée des mentors (À cheval sûr). Il nous fait toucher l’horizon pour mieux nous laisser rebondir dans la «Slow Life», celle où l’on peut prendre un jacuzzi bouillonnant, parfumé aux plaisirs nostalgiques de l’égrégore d’une nuit d’été «1998», ou bien flâner sur la galaxie des Potos où il fait toujours bon de s’aimer pour mieux se retrouver.
Le calme est vite rompu par une étoile filante, celle de la célébrité côté cour (Star & Célébrité) qui nous amène à pénétrer l’atmosphère de la «Doux or Die» : planète gazeuse peuplée par des esprits farceurs Voodoo qui nous mettent en transe, et nous font sortir de nous-mêmes pour nous laisser rentrer dans le corps d’un artiste adulé par ses fans. La suite du voyage est relaxante pour nos dos fatigués, mais il faut toutefois se méfier de quelques trous noirs, car Oxmo l’Alchimiste sait toujours faire jaillir la lumière des zones les plus sombres de l’âme humaine (Gravir ce monde).
Impérativement positif, il nous invite à vivre chaque moment dans leur importance (Une chance). Tour à tour conteur, rappeur ou chanteur, l’icône du rap français n’a rien perdu de son flow et de sa verve. Il nous émeut en évoquant la monoparentalité où quand « les femmes sont blessées, les hommes saignent » (Un Week-end sur deux). Il nous amuse en nous rappelant ces anniversaires surprises anxiogènes que nous n’avions pas demandés (Surprise Birthday) puis nous interroge sur la vraie nature du bonheur dans lequel on se projette (Ton Rêve).
RÉSULTAT : «La Voix Lactée» transcende l’urbain pour rayonner, en mode universel. Coréalisée avec Renaud Letang (Feist, Alain Souchon, Gonzales…), ils font rentrer ensemble le hip-hop français dans le 3ème millénaire. Un album entièrement conçu à deux. «Toutes les basses ont été jouées par Oxmo qui a également pris en charge l’aspect programmation. Les guitares et les claviers, nous les avons joués alternativement l’un et l’autre » raconte R. Letang.
Un album qui est déjà en précommande sur iTunes et qui témoigne de la délicatesse, la radicalité et la puissance émotionnelle du Black Jacques Brel.