
Le World Summit AI 2025 a pris ses quartiers les 15 et 16 avril au Palais des Congrès de Montréal. L’événement a rassemblé des milliers de participants autour d’un même enjeu : comment faire de l’intelligence artificielle un outil fiable, éthique et au service du bien commun. Chercheurs, entreprises, gouvernements, étudiants et citoyens ont convergé vers ce sommet mondial pour explorer les tendances les plus marquantes en IA.
L’intelligence artificielle s’y déployait dans tous les domaines : santé, éducation, finance, environnement, culture d’entreprise. On y a vu des prototypes, des plateformes, des études de terrain, mais surtout un bouillonnement d’idées. Dans cette effervescence, quatre thèmes ont retenu notre attention.

IA agentique : vers une collaboration homme-machine plus intelligente
Parmi les discussions majeures, le panel sur l’IA agentique posait une question centrale : « L’IA agentique va-t-elle révolutionner notre rapport à la technologie et à la résolution des problèmes complexes ? ». Ces nouvelles formes d’intelligence artificielle sont capables d’agir de façon autonome tout en interagissant avec les humains, comme de véritables coéquipiers numériques.
« L’objectif n’est pas de remplacer les gens, mais de les rendre plus productifs. »
Bruce Stamm, ancien directeur principal, Données et Intelligence artificielle chez Air Canada, a rappelé une vérité simple mais percutante : « L’objectif n’est pas de remplacer les gens, mais de les rendre plus productifs. » Dans un monde professionnel saturé, où l’épuisement guette, cette collaboration pourrait soulager les tâches routinières et redonner du sens au travail.
L’enjeu est clair : concevoir des systèmes qui comprennent les intentions humaines, qui agissent avec discernement et qui rendent des comptes. Mais cela pose aussi des questions délicates sur la prise de décision, la responsabilité, l’éthique et la transparence.
Open source vs systèmes fermés : quel futur pour l’IA citoyenne ?
Autre débat crucial : l’ouverture ou la fermeture des modèles d’IA. Faut-il privilégier les systèmes open source, plus collaboratifs, plus transparents, et souvent portés par des communautés ? Ou renforcer les modèles propriétaires, mieux encadrés mais moins accessibles, à l’image d’OpenAI ou Google ?
Ce choix n’est pas seulement technique. Il touche à la souveraineté numérique, à la démocratie technologique, et à la capacité de tous les acteurs, même les plus petits, à participer à l’évolution de l’intelligence artificielle. À travers cette tension, c’est une lutte pour le contrôle du savoir, des outils, et de la gouvernance qui se dessine.
IA et médecine personnalisée : des promesses à encadrer
La médecine de précision assistée par IA est un terrain de recherche en pleine expansion. Des experts ont présenté des projets basés sur le deep learning pour analyser des images médicales et prédire les issues possibles d’un traitement. Objectif : proposer un accompagnement plus adapté, au plus près des besoins individuels.
Mais ces technologies sont encore en phase de développement. Rien n’est déployé à grande échelle pour le moment. Il faut les tester, les encadrer, les valider rigoureusement. L’espoir est grand, mais la prudence reste de mise. L’IA ne remplacera pas les médecins, elle pourrait devenir un outil d’aide à la décision, à condition d’être maniée avec éthique.
Deep fakes, désinformation et mémoire trafiquée : l’alerte du FBI
Enfin, l’un des moments les plus marquants fut la conférence sur les dérives de l’IA, animée par Robert Petrosino, conseiller stratégique pour l’intelligence artificielle au FBI. Il a livré une statistique qui a glacé l’assemblée : « Les chatbots IA sont trois fois plus susceptibles d’implanter de faux souvenirs dans l’esprit d’un humain ayant vécu un événement qu’un autre humain. »

Ce constat soulève des enjeux majeurs de cybersécurité, de manipulation de l’opinion, et de perte de confiance publique. Face à la montée des deep fakes et des contenus truqués, des outils de détection émergent, mais la course est serrée entre ceux qui cherchent à protéger et ceux qui veulent exploiter.
Ce sommet aura confirmé une chose : l’intelligence artificielle n’est plus un concept lointain, elle est déjà en train de transformer nos vies. Mais il ne s’agit plus seulement d’innover, il faut désormais réfléchir, encadrer, réguler et responsabiliser. Parce qu’à travers ces machines, ce sont nos valeurs, nos choix de société et nos libertés qui sont en jeu.